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Un Yverdonnois qui a conquis Paris

15 août 2018 | Edition N°2310

Yverdon-les-Bains – Vincent Prezioso a quitté la Cité thermale pour la Ville Lumière en 2000. Très rapidement, le pianiste a connu un vif succès qui lui a permis de multiplier les projets musicaux sur les scènes françaises et suisses.

«Il est magnifique ce piano. Tu sais combien il coûte? 250 000 francs! C’est presque le prix d’une maison.» La réaction de Vincent Prezioso en découvrant le majestueux instrument au Temple d’Yverdon-les-Bains rappelle celle des amateurs de belles voitures lorsqu’ils ont l’occasion de voir une Ferrari.

A 54 ans, le pianiste a gardé le même enthousiasme qu’il avait à ses 20 ans, quand il faisait vibrer les scènes nord-vaudoises avec les groupes Wanted ou Seagull. «J’avais commencé par jouer de la guitare, mais une place de claviériste s’est libérée et je me suis lancé», se remémore celui qui a passé une grande partie de sa jeunesse – il est né à La Chaux-de-Fonds (NE) – dans la Cité thermale. Un choix gagnant puisqu’il lui a permis de devenir compositeur, directeur musical et arrangeur quelques années plus tard, et surtout de faire une entrée triomphale sur la scène musicale parisienne dès son arrivée dans la capitale française.

Un Molière du meilleur spectacle musical

«Je n’avais prévu de rester que deux mois, affirme le musicien qui s’est établi à Paris en 2000. Il y a une énorme concurrence là-bas. Ma chance a été de commencer par le succès de Frou-Frou-les-bains.» Le spectacle musical écrit par Patrick Haudecœur et mis en scène par Jacques Décombe a, en effet, totalisé plus de 1000 représentations et a permis à Vincent Prezioso, qui en a composé la musique, de décrocher un Molière en 2002.

Cette consécration l’a amené à collaborer avec plusieurs personnalités françaises, dont le réalisateur Jean-Marie Poiré, l’ancien directeur de la rédaction de L’Express Christophe Barbier et même indirectement avec Luc Besson, pour qui il a composé Donde estas papà, la chanson phare du film Trois enterrements de Tommy Lee Jones, sorti en 2005. «Mais la plus belle rencontre que j’ai faite est celle avec Marthe Keller (lire encadré dans notre version papier): c’est une femme et une artiste exceptionnelle.» 

Défi constant

En dix-huit ans, Vincent Prezioso a connu des musiciens qui ont vécu une véritable traversée du désert après leur premier succès. «Environ 300 spectacles sont joués chaque jour à Paris et il y a beaucoup de monde qui galère.» Le secret pour une carrière artistique réussie? «Je n’ai jamais arrêté de bosser, le fait d’exercer plusieurs métiers à la fois m’a bien aidé.»

Bien qu’il réside depuis plusieurs années dans l’Hexagone, le pianiste d’origine italienne revient souvent de l’autre côté de la frontière pour rendre visite à sa famille et pour des tournées. «La grande force de la Suisse romande par rapport à la France, c’est que l’on peut jouer presque tout ce que l’on veut, même s’il n’y a que trois spectateurs dans la salle.»

Alors, à quand une représentation dans le Nord vaudois? «J’adore la région, mais je n’ai pas d’idée pour l’instant, sourit Vincent Prezioso. Je me concentre sur deux gros projets prévus en France pour bientôt.» 

Gianluca Agosta