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Une histoire d’amour et de labeur

20 mars 2018 | Edition N°2209

Bonvillars – La Cave fête son 75e anniversaire aujourd’hui. Pétrie d’énergie, sa directrice Sylvie Mayland revient sur les origines de la coopérative pour laquelle elle s’investit sans compter.

Depuis onze ans, Sylvie Mayland met son énergie au service de la Cave des viticulteurs de Bonvillars © Michel Duperrex

Elle vit «à 300 à l’heure», comme elle le concède elle-même. Son petit-fils ne s’y est d’ailleurs pas trompé, lui qui lui répète sans cesse: «Mamy, tu fais toujours vite.» Sylvie Mayland est un concentré d’énergie. Quand elle parle de la Cave des viticulteurs de Bonvillars (CVB), qu’elle dirige depuis onze ans, les mots fusent dans sa bouche. Difficile de l’arrêter.

Mais aujourd’hui, date anniversaire des 75 ans de la Cave, elle prend le temps. Celui d’évoquer les vignerons qui ont donné naissance au lieu, le 20 mars 1943, en se regroupant en coopérative. Et de rendre hommage à ces passionnés qui, avant elle, ont contribué à forger l’âme du lieu. «Si je suis là, c’est parce qu’il y a une histoire à raconter. On ne peut pas créer quelque chose de costaud si rien n’existe», confie-t-elle.

Son «histoire d’amour avec la Cave» remonte à 1996, bien avant qu’elle ne prenne les rênes de la société. A l’époque, Sylvie Mayland était une jeune typographe à la recherche d’un travail. Et elle a commencé à faire des dégustations pour la CVB dans les comptoirs et dans les magasins. «De là, j’ai commencé à aimer le vin», se souvient-elle.

En 2001, elle a pris un nouveau virage professionnel en devenant manager des ventes pour la Suisse romande de la Cave Schenk, à Rolle. Durant six ans, elle a vécu à toute allure, jonglant entre un assortiment de 1800 produits, son rôle de maman et une formation en cours d’emploi qui lui a permis de décrocher un diplôme fédéral de cheffe de vente.

Retour aux sources

Son papier en poche, elle est revenue à ses premières amours et à Bonvillars en qualité de directrice, en 2007. A l’époque, la Cave sortait d’une grosse restructuration financière. «Elle aurait pu partir en faillite mais ça n’a pas été le cas, car les vignerons avaient accepté de ne pas être payés durant deux ans.» Les premières années n’ont pas été faciles mais Sylvie Mayland a pu s’appuyer sur la solidarité et sur la foi en l’avenir qui a toujours animé le lieu.

Face à cette boule d’énergie, les producteurs ont d’abord été «un peu surpris», se rappelle-t-elle. «Aujourd’hui, beaucoup sont devenus des amis.» La directrice peut compter sur la cinquantaine de producteurs actifs, descendants des fondateurs de la coopérative, et sur la «solide équipe» de quatorze personnes qui travaille à ses côtés, dont l’œnologue Olivier Robert.

Mais elle sait aussi que rien n’est jamais acquis. «Après chaque grosse récolte, je suis en souci: il faut payer les vignerons et le personnel.» Si elle ne fait plus de nuits blanches, elle reste vigilante: «Avec l’accord des vignerons, on produit volontairement moins que les quotas. Pour assurer la qualité et pour produire seulement ce que l’on peut vendre.»  Grâce aux efforts de chacun, la Cave propose une gamme de quarante crus qui ont du «caractère: on ne suit pas tellement la mode des vins doucereux. Nos chasselas sont secs. Ici, on laisse la nature faire», commente-t-elle. Une philosophie  qui porte ses fruits puisque les récompenses sont souvent au rendez-vous.

Hyperactive, Sylvie Mayland s’arrête rarement. Et quand elle décroche, c’est pour chausser ses skis, enfourcher son vélo ou parcourir un bout du chemin de Compostelle avec son compagnon. Car si la Cave lui prend presque tout son temps, elle sait aussi qu’elle s’arrêtera un jour pour prendre sa retraite. «J’aimerais bien pouvoir profiter de ma vie à moi», glisse-t-elle, évoquant ses envies de voyages. Mais l’aventure de la Cave, elle, continuera: «Avant moi, il y avait déjà 65 ans de travail», souligne la directrice avec humilité.

Une année pour célébrer et se souvenir

Ils s’appellent Cousin, Corthésy, Duvoisin ou Jaquier. Depuis 75 ans, ils sont l’identité de la Cave des viticulteurs de Bonvillars,  faite d’histoires de famille. En 1943, leurs ancêtres ont fondé le lieu. «A l’époque, ils vendaient leur raisin aux marchands qui passaient, raconte Sylvie Mayland. Comme ils le faisaient séparément, les prix étaient bas. Ils ont alors décidé de se regrouper en coopérative.» Le 20 mars 1943, l’association était née. Cinq ans plus tard, le premier bâtiment sortait de terre, suivi du deuxième en 1983. Quant à la dernière construction, elle date de 2014.

Depuis plus de septante ans, la Cave des viticulteurs de Bonvillars ne cesse de se repenser et de se moderniser pour offrir des produits de qualité. Son histoire sera retracée dans un livre à paraître en septembre. Et durant cette année anniversaire, plusieurs animations sont prévues dont une tournée des capites (20 avril), des portes ouvertes (du 18 au 20 mai) et une soirée gourmande avec accord mets-vins (15 novembre). Une camionnette équipée pour la dégustation sillonnera également la région et le pays.

Programme complet sur www.cavedebonvillars.ch

 

Caroline Gebhard