Une histoire de résilience
14 mai 2025 | Textes: J.-Ph. Pressl-Wenger | Photos: Gabriel LadoEdition N°3943
La Commune a reçu deux œuvres d’art lundi soir. Une sculpture en granit d’André Reymond et un tableau du peintre Georges Perusset.
Il suffit parfois d’une promenade pour que les événements se précipitent et donnent vie à une histoire. Celle de l’œuvre que le sculpteur André Reymond a offerte à la Commune de Montagny-près-Yverdon s’ancre parfaitement dans ces concours de circonstances qui, parfois, font naître les récits les plus touchants.
Les cicatrices d’or
La pince d’écrevisse remise lundi a été sculptée il y a environ sept ans dans un bloc erratique de granit. Durant une nuit, alors qu’elle était stockée à l’extérieur de l’atelier d’André Reymond, elle a été brisée en trois morceaux. «J’ai alors pensé à cet art japonais, le Kintsugi, dans lequel on répare les objets en soulignant ses cassures avec de la poudre d’or», a détaillé l’artiste. Né au XVe siècle au Japon, le Kintsugi est une méthode de restauration qui redonne de l’importance à l’histoire des objets, et aux accidents qu’ils ont subis en acceptant leurs défauts et leurs aspérités. «Le parallèle avec les gens est intéressant, a ajouté André Reymond. Dans notre société, on veut souvent faire bonne impression en cachant parfois nos fêlures, nos défauts. Finalement, les exposer devient pratiquement un acte de résilience.»
Promenade providentielle
En juin 2023, une habitante de la commune promène ses chiens dans la campagne environnante. En passant près de l’atelier d’André Reymond, elle remarque la sculpture en forme de pince d’écrevisse, fait le lien avec sa commune et en fait part à l’artiste. Il n’en fallait pas plus pour que le mouvement, qui a connu son épilogue lundi, soit lancé.
«Cette inauguration parachève parfaitement la mise à disposition de cette nouvelle place de jeux communale, a conclu le syndic Frédéric Rohner, comblé. On avait déjà une pince sur cette structure, qui était alors une fontaine. Cette œuvre-là est bien plus intéressante que ce que nous avions auparavant.»

Le sculpteur André Reymond.
Le génie ou la folie
Installé à Essert-sous-Champvent, sur l’ancienne route entre Yverdon-les-Bains et Sainte-Croix, André Reymond rappelle que le lien qu’un artiste crée avec son public demeure déterminant. «Soit on y parvient, et on peut être considéré comme un génie parfois, ou alors on se recroqueville et on peut basculer vers la folie, image celui qui a fait don de son œuvre, lundi soir. A ce titre, le lien entre la sculpture et la commune n’est devenu clair qu’au moment où une promeneuse a remarqué la similitude avec les armoiries de Montagny-près-Yverdon.»

Cécile Vittoz remet l’œuvre au syndic Frédéric Rohner, entourés des municipaux Eric Stoll (à g.) et Pierre-Alain Lunardi (à dr.)
Une toile pour la Maison de Commune
Une autre œuvre d’art a également été remise à la Commune de Montagny-près-Yverdon, lundi soir. Il s’agit d’un tableau du peintre Georges Perusset, ancien habitant de la commune, très attaché à celle-ci. Le tableau représente le lieu-dit Le Château. Georges Perusset, aujourd’hui décédé, avait beaucoup peint et s’était également distingué en travaillant beaucoup la céramique. Sa nièce Cécile Vittoz était présente pour remettre la peinture au syndic Frédéric Rohner, lundi. «Il n’intéresse pas mes enfants, a déclaré la nièce du peintre, et je n’ai pas la place de l’installer dans mon logement. C’était donc une évidence qu’il serait bien mieux ici, visible pour les habitants de Montagny-près-Yverdon, plutôt que stocké dans une cave.» Après des remerciements appuyés, le syndic Frédéric Rohner a invité les participants à un apéritif, tout en expliquant que la toile trouvera bonne place sur les murs de la Maison de Commune.