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Une journée de formation avec les «pilotes sans volant»

10 avril 2013

Rallye – Reportage embarqué avec les futurs copilotes formés par l’Association suisse des navigateurs. 

Road Book en main, Jonas Schneider, l’apprenti copilote de La Région, est parvenu à guider tant bien que mal Aurélie Bonny sur le parcours préparé par l’ASN.

«Gauche à fond! 100 ciel sur gauche six! 100 ciel, 100 aux arbres équerre gauche! 70 gauche quatre, 50 équerre gauche sur droite cinq pour long gauche cinq ferme!» Les virages défilent à une vitesse impressionnante, alors que le copilote énumère ses notes au pilote qui les traduit en coups de volant et changements de vitesse. L’arrivée de la spéciale est là, le contrôle horaire va suivre, avant que le road book ne dirige l’équipage vers la fin de l’étape et la remise du carnet de contrôle.

Charabia? Non, rallye! Un sport qui ne se résume pas à foncer du point A au point B, mais bien un sport complexe d’orientation et d’équipe. Une complexité dont le spectateur lambda, sur le bord d’une route lors du Rallye du Valais, ne se rendra pas compte, et qui rend presque indispensable la journée de cours de copilote dispensée par l’Association Suisse des Navigateurs (ASN) à Gollion le mois dernier.

Haut et Bas-Valaisans, Jurassien ou Vaudois, le chant des accents trahit vite les origines des vingt participants. A l’image de Célien Gigandet, futur pilote des Franches-Montagnes, venu perfectionner ses connaissances et, si possible, trouver un copilote. «Je suis passionné de rallye depuis que je suis petit et j’espère pouvoir me lancer cette saison pour deux ou trois courses.» Le budget est bloqué sur un compte, mais son équipage n’est pas encore au complet. «J’espère trouver bientôt quelqu’un, sinon je repousserai d’une année», souligne celui qui se rendra à la fin du mois à Hockenheim, en Allemagne, pour y passer sa licence.

Un succès stable

Organisé depuis une vingtaine d’années, ce cours presque unique en Europe rencontre un succès constant. «Nous avons entre vingt et quarante participants chaque année», affirme Cédric Moulin, responsable du cours. «Si on compte 35 participants par année sur 20 ans, cela fait tout de même 700 personnes formées, se réjouit la présidente de l’ASN, Christiane Bonny. Environ la moitié vient par simple curiosité, et il arrive qu’on en croise sur un circuit par la suite.»

Terminologie, licence, règlement, type d’épreuve, tout a été passé en revue par la matinée de théorie. Quelques heures peut-être difficiles à avaler pour ceux ayant depuis longtemps quitté les bancs d’études, mais qui démontrait, pour un pigiste néophyte, la complexité de la tâche, bien loin de l’idée de simple GPS humain que l’on pourrait s’en faire. Pilotes ou copilotes, les intervenants, tous expérimentés, semblaient par ailleurs moins être là pour expliquer une théorie que pour transmettre une passion.

Dans le vif du sujet

Pour digérer les vingt-cinq pages de théorie, rien de mieux que les exemples. Une rencontre avec les champions suisses 2011 Laurent Reuche et Jean Deriaz, suivie par une demi-heure de vidéos de caméras embarquées, achevait de mettre l’eau à la bouche des amateurs de vitesse, et surtout d’éclairer les vraies conditions de course.

En milieu d’après-midi, le moment attendu arrive enfin: la mise en pratique, avec un pilote. Le mien est plutôt une pilote, Aurélie Bonny, jeune femme avec déjà une dizaine de courses comme «navigo» à son actif, dont sa première à 16 ans, comme ouvreuse. «Toute ma famille est dans le rallye», confirme la fille de la présidente.

Elle me fait monter dans sa Renault Clio Sport 2 litres, signe évident d’un attrait pour les sports mécaniques. Et même avec des voitures de série, sans moteurs gonflés, sangles ou casque, on se prend au jeu et on dicte les directions, on arrive aux points de contrôle aux minutes prévues et on se prend à rêver d’une route fermée afin de pouvoir enchaîner les virages et faire monter l’adrénaline… Qui sait, peut-être une fois?

 

Jonas Schneider