Sensible à l’efficience énergétique, un propriétaire fait d’une maison traditionnelle un immeuble certifié.
Convertir une maison familiale traditionnelle aux normes Minergie, c’est possible! Un propriétaire d’Yvonand, Pierre Breguet, vient d’en faire la démonstration. Il faut dire que cet enseignant, professeur au gymnase, est passionné par l’efficience énergétique et qu’il a décidé, dans la mesure de ses moyens, d’épouser la cause du programme Energie 2050 de la Confédération.
S’agissant d’une maison familiale construite en 1993, soit il y a moins de trente ans, la question de l’opportunité d’investir dans une adaptation aux normes Minergie pouvait logiquement se poser. Mais pour ce propriétaire, sensible aux questions environnementales, la réponse était bien évidemment positive. D’autant plus qu’à l’époque où il enseignait à l’école d’ingénieurs, l’un de ses collègues, Philippe Dind, était un pionnier en la matière. Ce dernier, alors qu’il était syndic, a fait d’Essertines-sur-Yverdon l’une des premières communes de cette taille à investir dans l’énergie solaire.
Avant de se lancer dans l’opération, Pierre Breguet s’est renseigné, a cherché à trouver les meilleures solutions. Et partant d’un Certificat CECB, qui détermine, sur la base de critères reconnus, la classification de l’immeuble du point de vue énergétique – en l’occurrence D, soit au 4e rang sur 7 –, il a pris les mesures, et réalisé les investissements nécessaires, pour parvenir aux classes A-B.
En 1993, l’immeuble a été doté de fenêtres avec triple vitrage isolant, et, déjà – c’est rare pour l’époque – d’une pompe à chaleur de fabrication artisanale, alimentant le chauffage au sol. Pour la production d’eau chaude, 5 m2 de panneaux solaires avaient été installés sur le toit.
En 2009, 28m2 de panneaux solaires photovoltaïques ont été placés sur le toit de la dépendance. Ils ont été remplacés en 2016 par des éléments plus performants, la production annuelle passant alors de 4800 à 6500 Kwh. Le propriétaire relève au passage qu’il a acquis, en 2018, une voiture électrique dont la consommation se situe à 2500 Kwh pour 18 000 km par année.
Pour mener à bien son ambitieux projet, Pierre Breguet a opté pour la proximité. En effet, il a trouvé chez un voisin, Antonio Raphaël Miranda (Espace Rénovation) le partenaire idéal. Et de souligner au passage que les travaux ont été principalement réalisés avec des acteurs du cercle régional.
Les deux partenaires se sont ainsi donné rendez-vous en 2019 à Habitat et Jardin pour choisir les matériaux, dans une optique d’efficience énergétique optimale. Ainsi, trois façades ont bénéficié de 14 cm de laine de verre recyclé, et la principale d’une couche d’aérogel de 6 cm. Ces deux produits très performants ont exigé de l’entreprise de rénovation une adaptation des méthodes de travail.
Au grenier, 26 cm de laine de bois ont été placés sous la toiture. Et aux endroits où l’isolation n’est pas possible, par exemple les piliers porteurs en béton, une peinture hautement performante (Thermoshield) a été appliquée.
Pour le chauffage et l’eau chaude, une cuve multi-énergies de 800 litres d’eau a été installée. Elle est chauffée par les panneaux solaires thermiques et la pompe à chaleur, et elle assure la fourniture de l’eau chaude sanitaire, la chaleur pour le chauffage au sol, et la chaleur pour un jacuzzi. Il faut encore préciser que 50 m2 de nouveaux panneaux photovoltaïques (9600 Kwh par an) ont été posés sur la toiture de la villa, de même qu’une ventilation pour l’aération de la maison.
C’est à ce prix – quelque 130 000 francs hors subventions pour le propriétaire – que cette maison a conquis l’étiquette Minergie. La villa et sa dépendance sont à énergie positive, mais pas autonomes, et injectent quelque 5500 Kwh dans le réseau électrique public.
Un partenariat actif
Le dialogue entre le client et l’entrepreneur est capital
La réussite d’une opération de rénovation, respectivement d’adaptation aux normes énergétiques récentes, dépend beaucoup de la qualité du dialogue entre les partenaires. Dans le cas particulier, la passion de Pierre Breguet, professeur de mathématiques passionné par les problèmes d’énergie, a sans doute contribué à faciliter le dialogue avec le jeune entrepreneur qui, rappelons-le, se trouve être son voisin.
«Lors de notre déplacement commun au salon Habitat et Jardin, à Lausanne Beaulieu, on a pu examiner le matériel ensemble. J’ai trouvé la démarche incroyable», relate le jeune entrepreneur.
Ce dernier a beaucoup appris avec ce chantier: «L’aérogel appliqué sur la façade sud est un produit nouveau qui exigeait une autre approche. Cela se présente sous la forme de plaques de feutrine, faites d’un matériel naturel, un peu poisseux. On a dû apprendre la technique. Après ça, le sagex c’est le Moyen Age!»
Au terme des travaux, Pierre Breguet est fier d’avoir obtenu la certification Minergie: «Les calculs ont montré qu’on pouvait y arriver et l’investissement – 130 000 francs pour tout ce qui concerne l’énergie –en vaut la peine!»
