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Une marée verte envahit les rives du lac
Les algues prolifèrent sur les rives du lac. Si le Canton se veut rassurant, les gérants de camping évoquent un phénomène unique.

Une marée verte envahit les rives du lac

5 août 2016 | Edition N°1800

Yvonand – Une invasion d’algues rend impraticables certaines plages du lac de Neuchâtel. Dans la région, celle du camping de la Menthue est particulièrement touchée. Campeurs et gérants déplorent l’ampleur du phénomène.

Les algues prolifèrent sur les rives du lac. Si le Canton se veut rassurant, les gérants de camping évoquent un phénomène unique. ©Carole Alkabes

Les algues prolifèrent sur les rives du lac. Si le Canton se veut rassurant, les gérants de camping évoquent un phénomène unique.

La plage de sable fin du camping de la Menthue n’a, habituellement, pas grand-chose à envier aux criques méditerranéennes. Habituellement seulement puisque, depuis quelques jours, une étrange marée verte déferle sur les rives de la région, forçant baigneurs et campeurs à rebrousser chemin au moment de se jeter à l’eau.

«Ça fait 42 ans que je viens chaque année à la Menthue ; je n’ai jamais vu une chose pareille», témoigne un habitué des lieux. Agenouillé au bord de l’eau, pointant les algues du doigt, il peste : «Un tapis vert gluant se forme sur les cailloux.

Sous l’effet du soleil et de la chaleur, il remonte à la surface et forme des amas d’algues.» Comme pour chercher le coupable des yeux, le campeur balaie l’horizon, avant de poser son regard sur un tapis d’algue flottant une cinquantaine de mètres au large de l’embouchure de la Menthue : «Avant, des bateaux se rapprochaient de la plage. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus venir sereinement.»

Algues raclées à la main

Employé et saisonniers ont uni leurs forces pour nettoyer les bords de plage. ©DR

Employé et saisonniers ont uni leurs forces pour nettoyer les bords de plage.

Au vu de la prolifération croissante de «bancs» d’algues flottant sur la rive, un employé du camping, aidé par des campeurs volontaires, a sorti de l’eau les amas de végétaux à l’aide de râteaux. Avant que la Commune ne vienne les évacuer mardi.

Si la prolifération d’algues sur les rives sud du lac de Neuchâtel est une manifestation naturelle et connue chaque été des habitants de la région, le phénomène semble s’accentuer, en particulier aux abords du camping de la Menthue. «C’est une situation qui m’inquiète, lâche Bernard Krieger, président de l’Association des intérêts d’Yvonand, en charge de la gestion du camping. Il y a bientôt plus de vase que de sable. Normal, donc, que les algues prolifèrent !» Pointant du doigt l’ensablement croissant à l’embouchure de la Menthue -une volonté stratégique de la Direction générale de l’environnement-, Bernard Krieger peine à comprendre : «A cause de la digue, le sable n’est plus charié jusque vers la plage, c’est dommage. Ce n’est pas n’importe quel endroit. On parle de la plus grande grève naturelle de sable en Suisse.»

Plusieurs facteurs

De nouveaux amas d’algues se sont à nouveau formés ces derniers jours. ©Carole Alkabes

De nouveaux amas d’algues se sont à nouveau formés ces derniers jours.

Du côté de la Direction générale de l’environnement du canton de Vaud, on attribue ce phénomène à plusieurs conditions particulières et spécifiques à la portion sud du lac de Neuchâtel : «Les eaux peu profondes, sous l’effet de forte chaleurs, chauffent et favorisent le développement de la végétation», souligne Catherine Strehler-Perrin. Si l’argument d’une pollution du sol en amont de l’embouchure de la Menthue paraît peu probable, la station d’épuration d’Yvonand pourrait, en revanche, expliquer le développement des algues. «Mais ça ne reste que des suppositions », tempère-t-elle.

Serge Vallon, membre du Sauvetage des Iris, à Yverdon
«Pas un problème d’aujourd’hui»

Une faucardeuse a fauché les algues au milieu du port, la semaine passée. ©Carole Alkabes

Une faucardeuse a fauché les algues au milieu du port, la semaine passée.

Du côté de la Cité thermale, si on déplore le phénomène, on prend les choses avec davantage de philosophie. «Depuis que je suis gamin, j’ai toujours connu cela. Ce n’est pas nouveau», témoigne Serge Vallon, vice-président du comité de la Société de sauvetage des Iris. Pourtant, un regard rapide sur le port des Iris suffit pour avoir un aperçu de la masse importante d’algues qui entoure les bateaux amarrés dans le port. «Ça pose surtout des problèmes pour les petits moteurs. Les algues s’enroulent autour de l’hélice et empêchent le bateau de fonctionner correctement», poursuit-il. Quid de la faucardeuse, responsable de faucher les algues envahissantes ? «Il faut être patient, elle ne nous appartient pas. Elle est louée par différents ports de la région, qui connaissent le même problème», conclut Serge Vallon.

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Simon Gabioud