Une passion monumentale
31 janvier 2025 | Texte et photos: Jean-François ReymondEdition N°3882
Michel Gaudard, ancien syndic de Romainmôtier, a consacré l’essentiel de son existence à mieux faire connaître et promouvoir la célèbre abbatiale clunisienne.
Quand on réside à Romainmôtier, dans une maison dont le balcon offre une vue plongeante sur l’abbatiale, on ne peut que tomber amoureux de ce lieu historique entouré d’un paysage paisible, au bord du Nozon. C’est ce qui est arrivé à Michel Gaudard et à sa famille, installés ici depuis 1970. Cet ancien typographe, actif dans des imprimeries lausannoises, bascule dans l’enseignement à la suite d’un cours de vocation tardive, mis sur pied au vu de la pénurie d’enseignants dans l’école publique. Une voie normale pour lui, puisque son épouse est déjà dans l’enseignement. Et en 1969, un poste se libère à Romainmôtier. Habitant alors à Echallens, Michel Gaudard effectue des déplacements, jusqu’à la location d’un appartement en 1970. Puis une maison emblématique du bourg est à vendre. En 1987, c’est l’achat et les rénovations indispensables qui vont avec.
Depuis ce moment-là, Michel Gaudard est intimement lié à la destinée de Romainmôtier. Très vite, avec son épouse Rösly, ils s’impliquent dans la vie locale et la chose publique. Pour elle, ce seront des responsabilités au sein de la Société de développement et de l’Assciation touristique, ainsi que dans le domaine social. Lui se tournera vers la politique, tout en continuant une carrière d’officier de milice, pour finir avec le grade de lieutenant-colonel. Il devient secrétaire communal et membre du Conseil général, avant d’accéder à la Municipalité, puis à la syndicature.
La Commune de Romainmôtier décernera à Michel et Rösly Gaudard la bourgeoisie d’honneur pour leur engagement en 2023.
En l’occurrence, Michel Gaudard est syndic quand l’Etat de Vaud lance, à la fin des années nonante, la deuxième restauration profonde de l’abbatiale. Il est passionné par ces travaux, qui lui font découvrir la face cachée de ce monument. C’est un coup de cœur pour celui qui a toujours eu une passion pour les bâtiments moyenâgeux, depuis l’époque où, jeune, il crapahutait avec des amis en France à la découverte des églises romanes.
Ambassadeur clunisien
C’est aussi à ce moment-là que les premiers contacts avec la Fédération européenne des sites clunisiens ont lieu. Il fait adhérer Romainmôtier à cet organisme et s’active beaucoup à rechercher et répertorier d’autres lieux clunisiens en Suisse, qui sont au nombre de treize. Il devient même président de cette association européenne de 2004 à 2014. «Cette incursion dans l’esprit clunisien a changé ma vie. Je m’y suis engagé par passion et presque à mi-temps! Cela m’a fait aussi voyager dans toute l’Europe. J’ai toujours voulu faire évoluer cette fédération en essayant constamment d’apporter du nouveau. J’ai aussi participé à la fondation de l’Association des sites clunisiens suisses, en 2023. Maintenant, je suis devenu président d’honneur de la fédération mais je continue à travailler pour eux», explique-t-il.
Infatigable et en bonne santé, Michel Gaudard ne pense même pas au mot «retraite». «Habiter un lieu chargé d’histoire et de spiritualité apporte indéniablement une certaine qualité de vie. Notamment la sérénité et le dévouement», relève-t-il modestement.