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Une pointure de l’électro aux Numerik Games

1 septembre 2016 | Edition N°1819

Yverdon-les-Bains – DJ de renommée internationale, Luca Torre, de son vrai nom Samuel Severino, sera l’une des têtes d’affiche musicales du festival dédié aux arts numériques. Rencontre avec l’enfant de la région.

L’Intemporel Café : un lieu plein de souvenirs, d’ivresse notamment, pour l’Yverdonnois de 35 ans. ©Simon Gabioud

L’Intemporel Café : un lieu plein de souvenirs, d’ivresse notamment, pour l’Yverdonnois de 35 ans.

Samuel Severino, vous vous produisez régulièrement dans les plus grands clubs de Berlin, la Mecque de la musique électronique. Demain, vous mixerez aux caves du Château, chez vous, à Yverdon-les-Bains. Un retour aux sources ?

Oui, on peut dire ça. Ça fait toujours du bien de retrouver sa famille et ses potes, ceux qui m’ont soutenu, dès mes débuts. Ceux qui sont, aussi, les plus fiers de ce que je suis devenu. Je me réjouis donc de retrouver des lieux et des personnes que j’apprécie.

 

Vous avez quitté la quiétude du Nord vaudois pour les folles nuits berlinoises. Quel regard portez-vous sur la Cité thermale, douze ans après l’avoir quittée ?

C’est bizarre. A chaque fois que je passe à la rue de la Plaine, je me croirais dans South Park (il rit). J’ai l’impression de retrouver les choses à leur place, que tout s’est figé. Il ne faut pas oublier qu’il y a vingt ans, Yverdon et Montreux étaient les deux villes phares pour faire la fête. Les gens venaient de partout en Suisse romande. Aujourd’hui, la réalité c’est que les jeunes n’ont plus envie de venir ici. C’est dommage, car le potentiel est là.

 

Justement, que manque-t- il à cette ville pour qu’elle se détache de son image de «vieillotte»?

Il n’y a pas de secret : il faut changer les mentalités. Il faut également mettre en place une politique différente dans les clubs : tout ce qui peut être parasite doit être écarté. C’est ça qui va être très dur. Il faudrait aussi trouver un endroit cool, en périphérie de la ville, en Chamard par exemple. Et là, on peut éventuellement parler de renouveau. Au moment où Lausanne et Genève serrent les vis, notamment au niveau des horaires, il y un créneau pour Yverdon. Même si ça relève un peu du rêve.

 

Des festivals comme Numerik Games peuvent-il, justement, contribuer à faire bouger les choses ?

Oui, je pense. Avant de partir, j’organisais déjà des soirées aux caves du Château. C’est ce genre d’événements qui enlèveront à Yverdon cette image de ville dortoir. Je souhaite que Numerik Games participe au renouveau de la ville. Je le veux sincèrement, car je suis fier de mes origines.

 

Votre patte musicale est très «underground», largement imprégnée de ce qu’on trouve à Berlin. N’y a-t-il pas un trop grand décalage entre votre musique et ce que les gens ont l’habitude d’écouter ici ?

Mais c’est très différent de tout ce qu’on peut trouver partout dans le monde ! Il n’y a rien qui ressemble à Berlin. Il y a de la longueur et de l’ennivrance dans la manière de faire la fête là-bas. Les soirées durent 12 heures, 24 heures, voire plus. Donc, c’est clair, je vais devoir faire quelques ajustements par rapport à ce que je fais d’habitude. Il faut savoir être dans le compromis, mais toujours en gardant sa «patte».

 

Vous semblez être très à l’aise et passionné par votre métier…

C’est clair, il faut être passionné. Lorsque je suis parti à Berlin, il y a douze ans, c’était un délire que j’avais avec ma copine. Ce n’était pas pour refaire ma vie en tant que Dj. Bien sûr, il y avait des magasins de disques dans lesquels j’aimais me perdre, mais je n’ai pas directement été plongé dans le monde de la nuit. Ce n’est qu’ensuite que j’ai eu l’occasion de mixer dans des clubs prestigieux et que j’ai été rattrapé par ma passion.

 

Une passion qui ne se limite pourtant pas qu’au monde de la nuit…

Non. J’ai fait une formation d’ingénieur du son. Je travaille pour l’industrie cinématographique, notamment pour l’habillage sonore de documentaires. Bref, j’essaie de toucher à pas mal de choses. Mais c’est clair, de la passion, il en faut. C’est essentiel.

Luca Torre se produira aux côtés de Dandy Jack (GE) et Extrastunden (BE), demain soir tard, de minuit à 6h, dans la cave du Château d’Yverdon.

De la clé à molette aux platines, d’Yverdon-les-Bains à Berlin

1981 naissance à Lausanne. Il passe son enfance dans la Cité thermale, un lieu plein d’inspirations et de souvenirs.

1998 il termine son apprentissage de mécanicien sur poids lourds, un métier qu’il n’exercera pas.

2004 départ pour Berlin, un projet de longue date : nouvelle langue, nouvelle vie. D’abord pour des études de musicothérapie.

2006 Sa passion le rattrape, il débute comme DJ résidant au Club Der Club Der Visionnäre, haut-lieu de la vie nocturne berlinoise.

2016 il crée son label Clock’Art, exclusivement sur vinyles

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Simon Gabioud