Ultra-trail – Hugues Jeanrenaud a pris part, le mois dernier, à la 31e édition du Marathon des Sables. Une épreuve qui laissera à l’Yverdonnois un souvenir impérissable.
Depuis 2013 et sa participation à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, le Sainte-Crix d’adoption alterne les plaisirs en s’alignant sur une épreuve du World Tour chaque saison. Hugues Jeanrenaud a ainsi couru la Diagonale des Fous (Ile de la Réunion) en 2014 et l’Utra-Trail de Madère en 2015. En 2017, il rêve de prendre part à trois courses du calendrier mondial. Son principal objectif sera le Tor des Géants, dans le Val d’Aoste. Une course de 330 km et 24 000 m de dénivelé. Un nouveau défi que l’enseignant spécialisé tentera -s’il est tiré au sort- de relever en se fixant ses trois objectifs habituels: «Premièrement arriver au bout. Deuxièmement tout donner, être satisfait de ma prestation. Troisièmement avoir du plaisir», pose-t-il.
En cette année 2016, Hugues Jeanrenaud a ainsi vécu une nouvelle expérience, une aventure inoubliable: «Chaque course est différente. Même si on retrouve un parcours connu, l’ambiance, la météo, les participants font qu’une course a son histoire. Au Marathon des Sables, on vit en fait deux aventures en une. Il y a la course à proprement dit et il y a la vie sur le bivouac. L’organisation fournit la tente; nous étions cinq dans la mienne et heureusement tout s’est bien passé entre nous. Car de la qualité du bivouac, dépend une partie de la course». Confort minimal, promiscuité, odeurs, ronflements… L’aventure humaine prend tout son sens dans le désert marocain où «tout est amplifié, résume l’Yverdonnois, on vit dans une micro-société». Un particularisme que le Nord-Vaudois a apprécié. «La course à pied, c’est un sport individuel qu’on pratique en groupe. C’est tellement humain! Personnellement, j’aime les rencontres brèves mais intenses, j’ai été servi!»
Au fil des étapes, des souffrances et des sacrifices, une routine de survie s’installe: «L’organisation nous distribue l’eau et les pastilles de sel pour la réhydratation. Pour le reste, chacun se débrouille avec ce qu’il a emmené avec lui. D’où l’importance d’un sac à délester du superflux, mais à organiser scrupuleusement «au gramme près». Nourriture lyofilisée, sac de couchage, guêtres, crème NOK, jus de citron pour les compresses, rechanges minimaux et les impondérables: le roadbook, un aspivenin et une boussole.
«Le matériel, c’est 50% de la préparation. Le poids du sac revêt une importance capitale. Dans les dunes, on s’enfonce, on progresse par petits pas. Je m’étais préparé en courant dans la neige. C’était une bonne chose, mais en fait, j’aurais dû plus entraîner la marche. Parce que dans le désert, on marche plus que l’on court», précise un Hugues Jeanrenaud qui a enquillé 100 à 150 km par semaine avant de s’envoler pour le Maroc.
La tête dans les étoiles
Durant cet ultra-trail, l’habitant du Château de Sainte-Croix a apprécié la diversité du désert. «Il y a neuf sortes de sable et le paysage varie quand même pas mal. On passe du plat aux dunes, aux djebells, aux rochers ou à l’herbe à chameau. Et la nuit, la quantité et la netteté des étoiles sont vraiment prenantes. On est en mode contemplatif. Et tout est galvanisé par le manque de lucidé inhérent à l’effort».
Des pieds martyrisés et couverts d’ampoules, des souliers une pointure et demi plus grands que normalement à apprivoiser tant bien que mal -les pieds gonflent avec la chaleur- une alimentation différente, un sommeil léger et contrarié mais surtout des distances de dingues (257 km au total) à parcourir sous le cagnard et avec du sable partout, partout, partout… Mais qu’a donc Hugues Jeanrenaud à expier dans le désert? «Rien. C’est ma philosophie de vie. J’aime aller au bout de moi-même, apprendre à me connaître. J’aime découvrir les endroits, les gens, les paysages, les mentalités et j’en profite pour apporter un peu de visibilité sur la lutte contre la sclérose en plaques avec mon t-shirt. Un combat contre soi-même et pour les autres, en somme.