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Une soif de services décuplée par le confinement
Yverdon, 12 mai 2020. Restaurant de l'Hôtel de Ville, la brigade de cuisine en plein travail. © Michel Duperrex

Une soif de services décuplée par le confinement

13 mai 2020 | Edition N°2731

Yverdon-les-Bains – Privés d’ouverture depuis deux mois par le coronavirus, les nouveaux patrons du restaurant de l’Hôtel de Ville ont enfin pu satisfaire les papilles de leurs hôtes, hier soir.

Un air de renaissance plane depuis le début de la semaine sur le centre-ville yverdonnois. En dépit du mauvais temps, les visages esquissent de grands sourires et de nombreux habitants se saluent, heureux de pouvoir enfin déguster un café dans leur bistrot préféré ou de profiter de nouveau du marché, qui reprenait hier matin du côté de la promenade Auguste-Fallet.

Non loin des stands de légumes et de charcuterie, une autre institution se mettait en marche. Ou plutôt se remettait en marche, puisque celle-ci avait dû renoncer in extremis à ouvrir au moment des premières grandes mesures contre la pandémie. Mais après deux mois d’attente, le restaurant de l’Hôtel de Ville a finalement accueilli ses premiers clients, hier soir. Pour le plus grand bonheur de ses deux patrons, Séverin Gerber et Grégory Wyss, que nous avons rencontrés quelques heures avant le premier service. «Nous sommes très impatients de débuter. Après deux mois de chômage, notre équipe est ultra motivée», affirmait Séverin Gerber. «Et on sent que les clients aussi ont hâte de venir», ajoutait Grégory Wyss. Preuve en est, le restaurant affiche déjà complet tous les soirs jusqu’à la fin de la semaine.

Impact financier «minime»

Hier, peu avant midi, il étaient déjà quatre à s’affairer dans les cuisines. Pendant que certains préparaient des desserts, d’autres hachaient des légumes, tout en essayant de garder une distance entre eux. «Nous veillons aussi à désinfecter encore plus que d’habitude, affirme Grégory Wyss. Mais nous n’avons pas reçu de mesures particulières pour la cuisine.» Au contraire de la salle qui a été limitée à trente-deux places, contre une cinquantaine en temps normal. Quatre tables ont ainsi été retirées.

Malgré cela, le stop dû au coronavirus ne devrait pas trop peser sur les finances de l’établissement. «La possibilité d’inscrire notre brigade au chômage partiel et le renoncement au bail commercial de la part de la Ville ont été une énorme chance pour nous. Grâce à la Confédération et à la Municipalité, l’impact de cette crise devrait être minime.»


«Courage… tout va bien aller»

L’euphorie est mesurée. Comme si le Covid-19 avait inoculé chez tous une certaine sagesse. Nous sommes lundi et Elisabeth Basset, présidente de la section Jura Nord vaudois de GastroVaud jusqu’à fin juin, se donne quelques heures avant de retrouver ses habitudes au Csarda, à Yverdon-les-Bains. «Le lundi, c’est jour de fermeture pour nous, sourit-elle. On a ouvert ces trois dernières semaines pour de la vente à l’emporter et là, on va se diriger gentiment vers la normalité en veillant au respect des distances. On verra comment ça va se passer et on attend surtout le beau. Il y a des chances qu’on ne ferme pas cet été.»

Jamais Elisabeth Basset ne jette la pierre aux autorités. «Ce virus, c’est la faute à personne. La santé des gens prime et chaque restaurateur pouvait vendre à l’emporter. Mais heureusement qu’ils ont levé les conditions de traçage fixées à l’origine pour la réouverture. Et qu’il nous reste les RHT comme coup de pouce durant un moment si tout le personnel ne peut pas revenir.»

Dominique Bovet, de l’Auberge de la Couronne à Fiez, qui lui succédera à la tête de la section le 1er juillet, n’a aussi ouvert qu’hier et profitera également d’une terrasse pour accueillir un maximum de monde malgré les normes de distance. «On est prêts et confiants pour ces jours de reprise, sans s’attendre à un monde fou. Nous tournons le dos à une expérience de vente à l’emporter qui a remporté un joli succès. Une belle expérience!» Et son message à tous les restaurateurs qu’il représente? «Je leur dis courage, ma foi il faut repartir, et tout va bien aller.» • P. W.

Massimo Greco