Logo
Une source «lausannoise» dans le Jorat
Thierrens, 7 septembre 2019. Visite des sources d'eau. © Michel Duperrex

Une source «lausannoise» dans le Jorat

12 septembre 2019 | Edition N°2580

Thierrens – Une balade a permis découvrir des points d’eau plus ou moins locaux, samedi.

La source de la Proveyse, possession de la Ville de Lausanne, présentée par Claudio Vernacchio, responsable du réseau Jorat. © Michel Duperrex

Il y avait foule, samedi dernier, pour découvrir les sources de Thierrens. À tel point qu’il a fallu séparer en deux groupes la quarantaine de curieux qui s’étaient donné rendez-vous devant la grande salle du village. Un record pour l’association Bois des Brigands, qui organise une visite de ce type chaque année.

L’idée? Découvrir plusieurs points d’eau de la localité, guidé par des professionnels. Au milieu d’un champ, Didier Vienet accueillait les curieux pour visiter la source souterraine de la Proveyse. Mais que faisait le chef de division du Service de l’eau de Lausanne dans le Jorat? «Au début du siècle, la zone dans laquelle se trouve la source appartenait à un privé, explique Marcel Vulliens, membre du comité de Bois des Brigands et ancien municipal thierranais. Ce dernier souhaitait la céder à une condition: que la commune installe une fontaine en échange.»

Une situation absurde

Thierrens n’ayant alors pas besoin d’une source supplémentaire, le village refuse le marché. «Lausanne, en revanche, cherchait à s’approvisionner en eau, précise Didier Vienet. En 1911, la Ville a racheté la source.» Ce qui a donné lieu à une situation absurdes, Thierrens achetant à Lausanne de l’eau… qui coule sous ses propres terres.

Pour pénétrer dans la source «lausannoise» de la Proveyse, il vaut mieux ne pas être claustrophobe, le plafond de la galerie s’élevant à seulement 1m80. Et gare à ne pas trébucher en arpentant l’étroite passerelle, sous peine de se mouiller les chevilles dans les quelques centimètres d’eau qui traversent les 180 mètres de la galerie. L’or bleu, qui est directement filtré par la roche, s’écoule dans la station en contrebas. D’où elle est envoyée en direction du réservoir de l’Orme, à Morrens, qui alimente le réseau lausannois. «Les 30 mètres de dénivelé suffisent à transporter l’eau de façon gravitaire, sans utiliser de pompe», indique Didier Vienet.

Du lac de Neuchâtel au Léman

Autre particularité de la station, sa canalisation en provenance de la Menthue. «Après une grave sécheresse en 1989, un conduit a été posé entre notre station et celle de l’association de la Menthue, relate le chef du Service de l’eau de Lausanne. Puis la décision a été prise de pérenniser cette liaison, la seule qui relie directement le lac de Neuchâtel au Léman.» Un conduit qui, au regard de son petit diamètre, reste surtout symbolique.

Les visiteurs ont aussi pu parcourir un étang alimenté par un ancien ruisseau, le Pessounet. L’occasion de profiter de sa faune et de sa flore, entre libellules et nénuphars.

Dernière activité, la visite de la station de pompage de la source de la Perallaz, aux mains de la commune de Montanaire, dans laquelle se trouve actuellement Thierrens. Rénovée en 1987 pour une valeur de 280 000 francs, le bassin de 50m3 est lui aussi directement alimenté par la roche. Mais pour assurer les besoins en eau de la nouvelle commune, un immense réservoir va être construit à Saint-Cierge, entre 2021 et 2023. Au total, deux millions de litres d’eau pourront y être stockés. De quoi être sûr de ne plus avoir besoin de s’approvisionner chez les voisins lausannois.

Massimo Greco