Logo
Une toxicomane d’une rare violence
La victime a été retrouvée sur le parking des Rives © Carole Alkabes

Une toxicomane d’une rare violence

26 mars 2019 | Edition N°2464

Une jeune femme de 23 ans comparaissait hier devant la Cour correctionnelle, pour lésions corporelles graves, notamment. Sa vie n’a été que misère sur fond de stupéfiants.

Elle aurait pu être une jolie jeune fille, avec de beaux cheveux très noirs, des yeux bruns et un visage plaisant. Mais c’est une femme au teint blafard et au regard éteint qui avance vers la salle d’audience du Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, entourée de deux gendarmes. La jeune fille que nous appellerons Sylviane, a l’air tranquille et parle doucement. Mais elle peut être d’une violence inouïe. Fille de parents polytoxicomanes, sa vie n’a été que frustration, misère, drogue et rue. Les faits dont elle doit répondre cette fois-ci sont graves: tentatives de lésions corporelles graves, vol, dommages à la propriété, injure, violence ou menace contre les autorités.

Les choses se corsent toujours lorsque quelqu’un se met en travers de son chemin ou parle de sa mère. Entre le 4 juillet 2017, date de sa dernière condamnation, et le 9 mai 2018, date de son incarcération, Sylviane a consommé régulièrement du crack, de la cocaïne et de la marijuana, sans oublier des quantités massives d’alcool, de champignons hallucinogènes et de médicaments.

Le 26 avril 2018, vers 11 heures, Sylviane était hospitalisée au Centre de psychiatrie du Nord vaudois. Agressive et menaçante envers le personnel, elle hurlait dans les couloirs et injuriait tout le monde. Au vu de son comportement, la décision a été prise de l’expulser de l’établissement pour douze heures. à peine dehors, elle croise une connaissance. Pensant que celle-ci est en conversation téléphonique avec sa  mère, elle devient folle de rage. Elle lui tire les cheveux, la projette au sol, puis lui assène des coups de pied au visage et s’en va. De retour au centre de psychiatrie vers 4 heures du matin, elle s’enorgueillit devant le médecin de garde d’avoir étranglé à mort une patiente qui venait de quitter l’établissement. Inquiets, les thérapeutes effectuent quelques contrôles, et constatent que ce qu’elle disait était vrai, sauf que sa victime n’était pas décédée. Celle-ci, aussi polytoxicomane, ne garde aucun souvenir de ce qu’il s’est passé. La malheureuse s’est réveillée aux soins intensifs avec une commotion cérébrale et de multiples hématomes, ecchymoses, dermabrasions. Elle souffre encore aujourd’hui d’agoraphobie et d’amnésie. Elle est stressée et angoissée en permanence.

Le contexte particulier dans lequel cette jeune Française a vécu, a poussé le procureur à renoncer à requérir l’expulsion du territoire. Il a requis une peine ferme de quinze mois de prison et demandé la révocation de ses sursis. Cette peine sera suspendue au profit d’un traitement institutionnel de manière à éviter le très grand risque de récidive. Jugement dans le courant de la semaine.

 

Que s’est-il passé au parc des Rives?

Les quatre agents qui ont découvert la victime sur le parking des Rives du lac, à Yverdon-les-Bains, inconsciente et gisant dans son sang, se sont rendus à l’hôpital afin de rencontrer Sylviane. Celle-ci, excédée par la tournure prise par les évènements, a tenté de s’en prendre à une patiente qui se trouvait dans le couloir et a menacé un médecin. Le personnel soignant n’a eu d’autre choix que de se réfugier dans un bureau. La police a alors aidé les thérapeutes à la placer en chambre de soins intensifs et se sont tous fait insulter, l’accusée allant même jusqu’à cracher à la figure d’un gendarme parce qu’elle n’obtenait pas les médicaments qu’elle convoitait.

Devant la Cour, Sylviane a pu expliquer le déroulement des faits. La prévenue a rencontré sa victime en ville. Elle pleurait car elle venait de se faire avoir sur une transaction portant sur de la drogue. Attristée, Sylviane l’a emmenée avec elle et lui a offert de la cocaïne. Au cours de la soirée, Sylviane lui a proposé de prendre encore des calmants avec du scotch. Son amie étant fatiguée, elle est allée dans la voiture de copains avec lesquels les deux filles étaient arrivées. Ne voyant pas son amie revenir, Sylviane s’est rendue à deux reprises sur le parking des Rives du lac. Mais la seconde fois, elle se serait fait recevoir avec des insultes portant sur sa mère. Sylviane voit alors rouge. Et sort sans ménagement son amie de la voiture, avant de la rouer de coups de poing et de pied à la figure. Elle lui aurait également volé son sac et toutes ses affaires, ce dont Sylviane ne se souvient pas. Puis, la prévenue serait repartie échanger le butin contre de la drogue, laissant son amie gisant dans son sang sous le regard indifférent de leurs copains.

Dominique Suter