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Une trentaine d’employés sur la sellette

24 février 2014

Bacab S.A., à Sainte-Croix, pourrait voir sa production délocalisée en Allemagne. Ce projet, regretté par la direction, entraînerait 32 licenciements.

Mario Colpa, directeur de Bartec Bacab à Sainte-Croix.

Mario Colpa, directeur de Bartec Bacab à Sainte-Croix.

Une nouvelle des plus inquiétantes est tombée, vendredi, avant l’ouverture des festivités du Carnaval, à Sainte-Croix. L’entreprise Bartec Bacab, fondée dans la commune en 1994, a annoncé à ses 40 employés que la maison mère Bartec Top Holding Gmbh envisage de restructurer l’entreprise. Ce projet devrait entraîner le licenciement de 32 collaborateurs.

«Les employés sont sous le choc, c’est une nouvelle très difficile», confie avec inquiétude le responsable d’exploitation Jean-Luc Thérisod.

Quant au directeur de Bacab S.A., Mario Colpa, il se dit inquiet, mais ne veut pas céder à la panique. «Nous sommes, jusqu’à la mi-mars, dans une période de consultation avec les travailleurs. Rien n’est définitif pour le moment, il s’agit bien d’une intention et non pas d’une décision. » Ce dernier, ingénieur de profession, qui a rejoint l’entreprise en 1995 en tant que chef de projet, doit désormais établir un plan social qui atténuera les conséquences négatives pour les collaborateurs concernés. Il invite également ses employés à s’organiser et à faire des propositions qui seront analysées et qui permettront, peut-être, de modifier les intentions de la maison mère.

La direction de Bartec Top Holding Gmbh envisage de délocaliser la production des câbles chauffants du Balcon du Jura pour recentrer ses activités à Gotteszell, en Allemagne. Bien que l’entreprise sainte-crix resterait propriétaire de la fabrication des câbles, la totalité de la production se ferait en Bavière. Il ne demeurerait plus que la vente et la commercialisation des produits, ainsi que les achats de matières première en Suisse.

Une explication rationnelle

«Ce projet n’est pas lié à la situation économique, mais est purement rationnel, explique, avec regret, Mario Colpa. La maison mère veut tout centraliser dans la communauté européenne, où se trouvent la plupart de nos clients. Les coûts liés aux transports et aux formalités douanières pourraient être réduits, tout en diminuant les risques sur le taux de change. De plus, Bartec dispose de ses propres locaux à Gotteszell, alors que nous sommes locataires à Sainte- Croix, l’intention est de regrouper les stocks dans la zone euro.»

Malgré les bonnes années, et la croissance que l’entreprise a vécues depuis 1994, «il y a une certaine tendance désavantageuse pour le site à Sainte-Croix depuis 2009, déplore le directeur local. Le groupe avait déjà délocalisé l’une de nos deux lignes de production en Chine». Quant aux résultats des récentes votations, ils n’arrangent pas la situation de l’entreprise qui compte deux tiers d’employés frontaliers. «Les éventuels quotas n’ont pas de conséquences claires sur le projet de la maison mère. Nous sommes dans l’incertitude et l’incertitude est un poison pour l’économie puisque les actionnaires auront tendance à limiter les investissements. L’acceptation de l’initiative contre l’immigration de masse n’est pas le principal motif de cette éventuelle restructuration, mais elle pourrait influencer la décision finale en notre défaveur», conclut Mario Colpa.

Quant à Franklin Thévenaz, syndic de Sainte-Croix, qui a également appris le projet de restructuration de Bacab S.A. Vendredi, il constate «que cela serait une perte d’emplois regrettable, et assure que la Municipalité discutera avec l’entreprise, puis avec le Canton, pour tenter de trouver une solution».

 

 

Croire en une solution

Elvis Kenjar

Elvis Kenjar

«J’avais un mauvais pressentiment, il y avait des bruits de couloir, explique Elvis Kenjar, employé chez Bacab S.A. Depuis 4 ans. On va se soutenir et je pense qu’il sera possible de trouver une solution.»

 

 

Gaspar Rodriguez

Gaspar Rodriguez

Conséquences du «oui» «Qu’est-ce qu’on peut y faire ? Pour moi, ce projet est lié aux dernières votations, ce sont les mesures qui ont été promises ! Ce n’est pas logique de délocaliser une production qui fait du bénéfice», déplore Gaspar Rodriguez.

 

Jean Jilliot

Jean Jilliot

Des employés abattus «Tout le monde est abattu par cette surprenante annonce», fait remarquer Jean Jilliot, qui travaille dans l’entreprise depuis trois ans et demi. «Il faut être lucide, mais tant qu’on travaille ici, il y a de l’espoir.»

 

 

 

 

 

Muriel Aubert