Roland Brouze a consacré sa vie entière au service de sa commune. Et dans tous les domaines, que ce soit professionnel, associatif, politique et même philanthropique.
Texte et photo: Jean-François Reymond
À Vallorbe, qui ne connaît pas Roland Brouze ? C’est impossible… Sur tous les plans, il a marqué sa présence dans la Cité du fer. Il a nourri la population avec sa boulangerie, il a su s’impliquer dans la politique communale en passant par le Conseil communal puis à la Municipalité. Et à sa retraite, il a encore pris le temps de réaliser un magnifique livre abondamment illustré Vallorbe d’hier à aujourd’hui.
Commençons par le début
Roland Brouze est né en 1949 à Vallorbe mais est d’origine valaisanne de Port Valais (Le Bouveret). «Je peux dire que j’ai tout fait à Vallorbe. Ma scolarité, mon apprentissage en boulangerie. Par contre, je me suis marié en Italie avec une Italienne et nous avons eu deux enfants, un garçon et une fille, sans avoir eu le bonheur d’avoir des petits-enfants. Je me sens bien ici et j’ai tout de suite eu envie de m’impliquer dans la vie active de cette sympathique bourgade » , explique-t-il avec modestie.
Parcours professionnel
Ainsi qu’il aime à le plaisanter lui-même, «J’ai voulu choisir une profession pour être dans le pétrin ! » Et cela n’a pas manqué… Les difficultés, il les pétrit et s’améliore constamment dans sa profession de boulanger-pâtissier. Après son apprentissage à Vallorbe, dès 1964, il s’en va poursuivre sa carrière à Berne (années 1970). Il profite d’être dans la capitale de la Suisse pour se familiariser avec la vie politique et il parcourt souvent les couloirs du Palais fédéral. «J’aimais bien croiser des hommes politiques du moment tels que Roger Bonvin, Nello Celio ou Pierre Graber, conseillers fédéraux. Mais, évidemment, je n’osais pas leur parler. Mais mon intérêt pour la politique est sans doute venu de là ! », commente-t-il.
Revenu à Vallorbe, il n’hésite pas, ensuite en 1985, à reprendre une boulangerie à son compte, par ailleurs concurrente directe de son ex-patron. Mais cela s’est bien passé. Il est même devenu ami et collègue de son fils Christophe Schwerzmann à la Municipalité. Roland Brouze a donc exploité son commerce durant trente ans jusqu’en 2015. Boulanger à l’ancienne, il n’a jamais hésité à travailler de nuit pour faire ses longues fermentations. «J’ai dû bien suivre l’évolution du métier mais la qualité a payé, si l’on ose dire ainsi. Je suis devenu chevalier du Bon Pain en 1991 puis membre d’honneur de cette confrérie (Pain d’Or) » , note-t-il.
Parcours politique
Pour notre boulanger, brasser la pâte politique a toujours été son truc… Il a été élu au Conseil communal en 1981 portant la bannière du Parti libéral. Au sein du législatif vallorbier, il est très actif, siégeant dans de multiples commissions et devient président à deux reprises, en 1988 et en 2002. En 2011, il préside la fusion locale des partis libéral et radical pour en faire le PLR. Cette année-là, il décide de se retirer du Conseil, après trentaine d’années d’activité « pour laisser la place à des forces plus jeunes » , dira-t-il.
Mais ce ne sera pas fini. Après la remise de son commerce, il entre à la Municipalité en 2016 pour encore servir la commune jusqu’en 2021. Soit 40 ans de dévouement pour Vallorbe ! « Pendant tout ce temps, j’ai pu observer l’évolution de la vie locale, l’augmentation et le brassage de sa population avec 4000 habitants. J’ai vu aussi passer quatre syndics différents. Vallorbe a donc changé… En conclusion, je dirais que ce n’était pas mieux avant mais différent ! »
Parcours philanthropique
Voilà encore un aspect moins connu de Roland Brouze. Il devient membre, un peu par hasard, du cercle local de la Société philanthropique suisse Union en 1988. C’est une société dont le but et de faire du bien et aider son prochain. Mais très vite, sa personnalité est repérée et il entre au comité central suisse et en deviendra le président durant trois ans.
Et, malgré une retraite bien méritée, notre homme ne s’arrête pas. Il collectionne, il écrit, se passionne pour le passé vallorbier. Et il a de quoi… Dès 1970, il a rassemblé une collection de plus de 1500 documents anciens dont plusieurs centaines de cartes postales ou de photos anciennes illustrant Vallorbe et sa région. Pour en faire profiter le public, il décide de publier un livre richement illustré en 2022 sous le titre Vallorbe d’hier à aujourd’hui.
Il sélectionne alors 83 documents représentant la richesse patrimoniale et historique vallorbière et demande à Dominique Favre, photographe et garde forestier retraité, de prendre des photos actuelles des lieux des vues anciennes pour en illustrer l’évolution du paysage construit et naturel de cette haute vallée de l’Orbe. «Cette parution a été une belle aventure de ma retraite. Je me suis passionné en faisant cela et je laisse un document important sur Vallorbe pour les générations futures » , dit-il avec une humilité qui l’honore.