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Unia inquiète de l’intervention de la police

15 février 2018 | Edition N°2186

Police Nord vaudois a délogé mardi dernier le piquet de grève des électriciens. Le syndicat Unia dénonce une attaque contre le droit de grève.

Le conflit qui oppose l’entreprise Electricité 2020 et ses ex-ouvriers grévistes, soutenus par le syndicat Unia, prend de l’ampleur. Le syndicat a dénoncé hier une «double attaque contre le droit de grève»: de la part de l’entreprise, qui a licencié avec effet immédiat les quatre travailleurs en grève, et de la part de la police, qui a enjoint le syndicat et les grévistes de quitter le chantier qu’ils occupaient à Yverdon-les-Bains, puis la voie publique où ils s’étaient déplacés.

Pour les autorités communales, la grève s’apparente à une manifestation publique non autorisée. «C’est un fait nouveau et troublant», s’inquiète Lionel Roche, responsable du secteur Artisanat à Unia. Le syndicat a envoyé illico une lettre à la Municipalité d’Yverdon, lui demandant d’expliquer cette interdiction jugée «disproportionnée» contre les neuf personnes, syndicalistes et grévistes, délogées.

«Lorsque la police m’a appelé, j’ai dit qu’ils ne pouvaient pas rester. Le syndicat avait monté une tente qui empiétait sur le domaine public. Du moment où le passage est gêné, que ce soit pour la circulation, les vélos ou les piétons, nous intervenons», explique la municipale de la police Valérie Jaggi Wepf, en précisant que le syndicat était déjà en train de plier bagages.

Ouvriers et syndicalistes avaient manifesté, mardi dernier, à Yverdon-les-Bains. ©Isidore Raposo

Ouvriers et syndicalistes avaient manifesté, mardi dernier, à Yverdon-les-Bains. ©Isidore Raposo

Le piquet de grève tenu lundi et mardi matin s’est déroulé dans une ambiance tendue. Lundi, le syndicaliste Laurent Tettamanti a porté plainte après avoir été agressé par un représentant du propriétaire de l’immeuble en chantier d’Yverdon. Mardi, les syndicalistes ont bloqué l’accès aux deux ouvriers de l’entreprise Electricité 2020 qui n’étaient pas en grève. La police a escorté les travailleurs sur leur lieu de travail.

Pour rappel, les ouvriers réclament 85 000 francs d’arriérés de salaire, de frais de repas et de déplacement. Une convention avait été signée avec le patron Andrea Barrile après une journée de grève de six employés le 29 janvier. Une première tranche de 30 000 francs devait être payée le 7 février. Mais les travailleurs n’en ont reçu que la moitié. «Le patron a signé cette convention sous la menace d’une nouvelle grève mais il n’a pas eu le temps de vérifier si le montant était correct», défend Alexandre Reil, avocat de l’entreprise. Une tentative de conciliation vendredi dernier n’a pas abouti.

Les ouvriers licenciés, eux, sont confiants. Ils se sont sentis «manipulés» par leur employeur et pensent retrouver un emploi facilement dans le secteur. Leur dossier sera amené devant les prud’hommes, comme celui d’un ancien collègue, actuellement en instruction. D’autres ex-travailleurs suivront la même démarche, selon le syndicat.

Sophie Dupont / Le Courrier

Rédaction