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Valentin Pilet mène la charge
© Carole Alkabes

Valentin Pilet mène la charge

27 décembre 2018 | Edition N°2403

Le Concisois, qui dispute sa deuxième saison – la première complète – en D2 suédoise, a trouvé un rôle taillé pour lui et ses atouts physiques. A 21 ans, le défenseur à vocation défensive a su saisir la seconde chance dont il a bénéficié avec les Pantern de Malmö, une ville où il se sent très bien.

Le destin d’un hockeyeur se joue à peu de choses. Parti en Suède durant l’été 2017 avec son premier contrat pro en poche, Valentin Pilet en a immédiatement fait l’expérience, lui qui est passé d’IK Pantern au HC Sion en quelques heures, avant de retourner patiner en Allsvenskan – la deuxième division suédoise – pour la fin du championnat. Un rebondissement qui lui a permis de prolonger son aventure scandinave d’une année. Et le voilà tout bonnement comblé dans le deuxième club (par l’importance) de Malmö.

A ce jour, le Concisois de 21 ans a été aligné lors de l’ensemble des 29 matches disputés lors de l’exercice en cours. En moyenne, il est envoyé sur la glace durant environ 13’30 par rencontre, un chiffre qui fluctue en fonction du résultat et, par conséquent, des besoins offensifs ou défensifs. Surtout, avec 22 charges à son actif, Valentin Pilet domine largement cette statistique au sein de son équipe. «Mon profil de défenseur physique est assez unique en Suède, où le jeu est plus technique et basé sur le patinage. Les joueurs ont un peu tous une certaine classe, alors que moi j’essaie d’apporter de l’agressivité, de mettre beaucoup de pression», glisse-t-il, ravi de pouvoir exploiter son gabarit (1m90 pour 95 kg).

Les choses n’ont pourtant pas toujours été aussi fluides qu’elles ne le sont en ce moment. L’été 2017, après une bonne préparation et notamment la participation à la Coupe des Bains yverdonnoise avec son nouveau club, il n’a pas patiné lors des premières rondes du championnat. «Au bout de quelque temps, à la mi-septembre, le coach d’alors m’a fait savoir que je n’entrais plus dans ses plans. Il me l’a annoncé le matin et, le soir-même, j’étais dans l’avion pour la Suisse.» Son agent lui avait déniché une place à Sion, leader de Mysports League (troisième division). Le lendemain, il jouait déjà avec le club sédunois. «Même si j’ai été agréablement surpris par le niveau de jeu en Valais, ce départ de Suède, du jour au lendemain, m’a donné un coup au moral, se souvient l’ex-capitaine des juniors élite de Lausanne. J’ai alors beaucoup réfléchi à la suite à donner à ma carrière. J’ai notamment envisagé de m’inscrire à l’université.»

Retour en grâce

C’était compter sans les nombreux changements intervenus entre-temps aux Pantern, avec la nomination d’un nouvel entraîneur, le Canadien Joby Messier, qu’il avait croisé brièvement à Sion et qui, surtout, était prêt à le réintégrer dans l’effectif malmogien. Ce qui s’est produit en janvier. «Compte tenu des circonstances de mon départ, j’ai beaucoup hésité à y retourner. Puis, le hockey pratiqué en Allsvenskan est d’excellent niveau (ndlr: les spécialistes le considèrent entre la National League et la Swiss League) et je me suis dit que cela valait la peine de retenter le coup. Par ailleurs, la Suède est un pays qui est en avance sur le développement des jeunes hockeyeurs. Au final, on peut dire que j’ai eu de la chance.» Valentin Pilet n’a donc pas hésité à prolonger son bail lorsque l’option s’est présentée.

Victime d’un accident, Joby Messier a abandonné son poste à l’intersaison, et un jeune technicien du cru a repris les rênes des Pantern. «Quand tu es dans les bons papiers de l’entraîneur, un tel changement est un peu stressant. Mais tout s’est très bien passé. Le headcoach et son assistant, qui s’occupe plus spécifiquement des défenseurs, font un super travail. La communication est excellente. Ils expliquent leurs choix, discutent facilement, et cela donne confiance, assure Valentin Pilet. J’ai le sentiment d’avoir énormément appris avec eux, surtout des petits détails qu’on ne m’avait jamais expliqués et qui font une différence énorme. Je prends beaucoup de plaisir.»

Même si, pour l’heure, l’IK Pantern figure en bas de classement, il demeure toujours dans la course pour une place en playoffs. «L’équipe est vraiment jeune (ndlr: avec une moyenne d’environ 23 ans, l’effectif est le moins âgé de la ligue), et on le ressent quand même», reconnaît Valentin Pilet qui, comme la plupart de ses coéquipiers, est là pour apprendre.

 

 

Le cocon suédois

Ne lui tenez pas un trop long discours en suédois, il ne maîtrise encore pas totalement la langue. «J’ai pris des leçons durant un moment, mais on manquait trop de cours à cause de nos obligations. On a dû les abandonner», regrette Valentin Pilet, qui ne s’en sort tout de même pas si mal pour les interactions du quotidien.

Logé dans un appartement qu’il partage avec l’Italien Ruben Rampazzo – ancien joueur de Davos, Olten, Thurgovie et Viège –, le Concisois apprécie la vie à Malmö, où il se dit heureux. «On est vraiment une bande d’amis au sein de l’équipe. On mange ensemble à midi, après l’entraînement, et on pratique souvent des activités à plusieurs durant notre temps libre. La ville est très belle, il y a toujours quelque chose à faire. En plus, Copenhague est tout près, et on s’y rend aussi de temps en temps.»

Un autre Suisse a rejoint l’équipe juste avant la pause de Noël: Makai Holdener vient de quitter Fribourg-Gottéron, rejoignant un entraîneur qu’il a déjà côtoyé durant un premier passage en Scandinavie. Valentin Pilet, lui, retrouve un copain. «Makai et moi avons évolué ensemble en minis top à Lausanne. C’est un super pote, avec qui je fais la préparation d’été.»

Ce qui change principalement de la Suisse, ce sont les déplacements, parfois en avion, le plus souvent sur la route. «Le trajet le plus court dure environ deux heures et demie, le plus long, c’est douze à treize heures de car, relève le défenseur. On s’y habitue, mais c’est tout de même fatigant.»

L’équipe a joué dans une patinoire provisoire le temps que l’arène habituelle, en rénovation, soit prête. Cela devrait être bon courant janvier et les Panthères retrouveront ainsi leur antre, dans laquelle elles espèrent améliorer leurs résultats à domicile, pas franchement concluants jusqu’ici. De quoi véritablement retrouver la «maison», un endroit où Valentin Pilet se verrait bien encore patiner la saison prochaine.

Manuel Gremion