Logo

Vendanges précoces et millésime prometteur

8 septembre 2017 | Edition N°2077

Nord vaudois – Les premiers coups de sécateurs devraient être donnés à la mi-septembre, avec dix jours d’avance. Les quantités seront moindres, mais la qualité devrait être là.

Le viticulteur Jacques Bloesch, de Bonvillars, fait une mesure du degré Oeschle sur du chasselas, entouré de son employé Gilberto Vicente (à g.) et de son fils Léonard. ©Michel Duperrex

Le viticulteur Jacques Bloesch, de Bonvillars, fait une mesure du degré Oeschle sur du chasselas, entouré de son employé Gilberto Vicente (à g.) et de son fils Léonard.

Avec le gel au printemps et la canicule durant l’été, le vignoble nord-vaudois a traversé une année riche en émotions climatiques. Qu’à cela ne tienne, les conditions météorologiques favorables de ces dernières semaines ont tracé une voie royale pour un millésime 2017 qui, à défaut de tutoyer les records de quantité, pourrait tirer son épingle du jeu qualitativement.

Le beau temps annoncé ces prochains jours a de quoi réjouir les vignerons de la région, dont le raisin mûrit à vue d’œil. «Avec une météo relativement sèche et pas trop chaude pour la saison, les choses devraient sérieusement s’accélérer ces prochains jours.» Patrick Keller, directeur de la Cave des 13 Coteaux, la Société coopérative d’Arnex-sur-Orbe, se félicite : les fameux cent jours entre la floraison et la récolte du raisin devraient être plus ou moins tenus. «Mais il faut rester vigilant, précise le vigneron. Cela reste un fruit. Alors même si, pour le moment, on a globalement été épargnés par les intempéries et les maladies, rien n’est encore joué tant que les vignes ne seront pas totalement délestées de leur raisin.»

Même constat du côté des viticulteurs réunis sous l’Appellation Bonvillars, où la prudence reste de mise, même si l’on se veut résolument optimistes. «Par rapport à l’année 2016, on devrait avoir une quinzaine de jours d’avance sur le calendrier. On avait débuté les vendanges le 5 octobre. Cette année, il y a des chances que tout soit en-bas à cette date», détaille Jacques Bloesch, du Domaine La Boulaz, à Bonvillars.

 

Quotas souvent pas atteints

 

Reynald Gass, de Mathod, débutera les vendanges d’ici deux ou trois semaines. ©Michel Duperrex

Reynald Gass, de Mathod, débutera les vendanges d’ici deux ou trois semaines.

Seule ombre au tableau, le nombre de bouteilles du millésime 2017 ne devrait pas atteindre un chiffre record. La faute au gel printanier et à la grèle, qui ont mis à mal certaines vignes. «C’est plutôt du côté de Fiez que le gel a fait le plus de dégâts. Me concernant, la grêle a davantage été un fléau, détruisant, par endroit, 30 à 40% des grappes, confie Boris Apothéloz, viticulteur établi à Onnens. Une chose est sûre : je n’aurai pas besoin de couper pour rester dans les quotas !»

Reste la question de la qualité du millésime. Vu la précocité de la maturation et le taux de sucre naturel élevé -déjà 70 degrés Oechsle à ce jour pour le chasselas-, l’année 2017 pourrait bien faire date. «J’ai envie de vous dire oui, mais après vous allez dire qu’on dit ça chaque année, rigole Jacques Bloesch. Les analyses sont là pour nous donner une indication. Mais, au bout du compte, c’est le palais qui nous permet de donner le départ des vendanges. Goûter le raisin sur la vigne, c’est l’ABC du métier.»

 

D’abord le blanc, puis le rouge, vraiment ?

 

Dans la région de Bonvillars, le pinot noir est en pleine phase de maturation. ©Michel Duperrex

Dans la région de Bonvillars, le pinot noir est en pleine phase de maturation.

Généralement, les cépages blancs, spécialités en tête, sont les premiers à être vendangés. Puis vient le tour des rouges, gamay et pinot principalement. Mais tous les vignerons ne suivent pas la tendance, et préfèrent se fier à leur expérience. «J’ai débuté hier avec la méthode champenoise (ndlr : l’élaboration d’un vin effervescent), détaille Jacques Bloesch. J’enchaînerai avec le gewurztraminer, puis les rouges. Enfin, je terminerai avec le chasselas. J’aime laisser le temps au raisin de se développer. Comme une rose, le raisin doit avoir le temps de s’épanouir pleinement.

 

Pas d’inquiétude quant à la mouche suzukii

 

La drosophile suzukii, plus connue sous le nom de mouche suzukii, est dans le viseur des professionnels de la vigne depuis 2011, lorsqu’elle a été détectée pour la première fois dans le pays. Très virulente par la suite, il semblerait que, depuis maintenant deux ans, elle ait décidé de laisser un peu tranquille les viticulteurs nord-vaudois, puisque la vigne n’a que peu souffert de maladie.

«Elle est présente, mais en petite quantité. Sa population n’a pas atteint de seuil critique, nous ne sommes donc pas plus inquiets que ça pour l’instant», note Patrick Keller, des Côtes de l’Orbe. Même son de cloche chez son «voisin» de Bonvillars, Jacques Bloesch :

«En soi, sa présence est toujours un souci pour nous mais, pour le moment, on est bons. Et même s’il y avait une attaque, j’ai ce qu’il me faut pour protéger ma vigne. Et c’est bio !» Il faut dire que, parmi les mesures prises par les vignerons pour lutter contre la présence de l’insecte, le fait de couper les feuilles près des grappes a largement fait ses preuves. «La mouche n’aime ni la chaleur ni le soleil. Elle va moins se poser sur les raisins qui ne sont pas ombragés, confie, pour sa part, Boris Apothéloz, d’Onnens. Et puis, il faut dire que les fortes chaleurs de cet été nous ont donné un coup de pouce !»

Simon Gabioud