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«Venir ici, c’est une sorte de pèlerinage»

5 mars 2018 | Edition N°2198

Yverdon-les-Bains – Grichka Bogdanoff a visité l’exposition «Je suis ton père» à la Maison d’Ailleurs. Rencontre aux frontières du réel.

Grichka Bogdanoff a assisté, sans son frère jumeau Igor, à une visite guidée à la Maison d’Ailleurs, samedi. © Carole Alkabes

Quel lieu visiter lorsqu’on est passionné par la science-fiction? Le Musée de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires bien sûr! Et ce n’est certainement pas Grichka Bogdanoff, l’ex-animateur de l’émission de vulgarisation scientifique Temps X, sur TF1, dans les années 1980, qui dira le contraire.

Grichka Bogdanoff, comment se fait-il que vous visitiez la Maison d’Ailleurs?

Je m’apprête à donner une conférence demain (ndlr: dimanche) au festival Aventiclap, à Avenches. La Maison d’Ailleurs symbolise tout ce qu’Igor et moi vivons en termes de science-fiction et d’éléments de science. C’est une sorte de pèlerinage pour nous.

C’est-à-dire?

Il se trouve qu’en 1980, nous avons filmé la Maison d’Ailleurs – qui n’était pas à cet endroit – dans le cadre de Temps X. Je me souviens que nous avons parcouru des couloirs absolument invraisemblables en compagnie de Pierre Versins (ndlr: le premier conservateur du musée) et découvert des objets qui nous avaient enchantés. Le fait d’être ici aujourd’hui (ndlr: samedi) représente pour nous une arche temporelle.

Vous dites «nous», mais votre jumeau Igor n’est pas présent… C’est comme s’il était là?

Nous avons visité la première Maison d’Ailleurs en 1980 et nous avons partagé les mêmes investissements culturels et conceptuels. En dehors de ça, il y a de toute évidence une connexion qui, sans être palpable par la présence, l’est par des canaux immédiats. Ce que je ressens, je vais le partager de manière quasiment immédiate avec lui. C’est comme s’il avait traversé la même exposition. En ce moment, il donne une conférence dans le sud-est de la France, c’est pour cela qu’il n’a pas pu assister à la visite guidée.

Est-ce que son absence est liée à sa comparution mardi devant le Tribunal correctionnel de Paris pour «violation de domicile» à l’encontre de son ex-compagne Julie Jardon? 

Je pense que cette séance judiciaire va être conclue de manière très favorable, dans la mesure où le conflit entre lui et son ex-amie s’est totalement dissipé et qu’ils ont retrouvé une entente profonde et très cordiale. Il va y avoir certainement une séance de conciliation et Igor a de grandes chances de ne pas être convoqué par le tribunal.

Est-ce que vous êtes revenu, depuis votre visite de 1980, à d’autres occasions dans la Cité thermale?

Malheureusement pas. Par contre, je suis allé à plusieurs reprises au CERN, à Genève, et je reviens régulièrement en Suisse.

Vous avez visité la Maison d’Ailleurs avec le directeur Marc Atallah. Qu’en avez-vous pensé?

On retrouve un écho entre le musée et notre volonté de vulgariser la science-fiction, c’est certain. Dans tout grand musée, il y a un rêve totalisateur et celui-ci possède des collections complètes. Tous les pulp magazines (ndlr: de science-fiction) du monde sont ici, tels que Weird Tales, Amazing Stories, Astounding Stories. Marc a su créer des connexions entre des univers littéraires et artistiques qui ne sont pas faciles à joindre. Etre ailleurs, c’est être universel.

Et quel est votre avis sur l’univers de Star Wars, mis en lumière dans l’exposition «Je suis ton père»?

Il se trouve que nous avons assisté au tournage de L’Empire contre-attaque de George Lucas. A l’époque, nous réalisions une émission sur cette saga pour Temps X.  Nous avons eu l’occasion de rencontrer Harrison Ford et Carrie Fisher. Le réalisateur trouvait que nous avions une aura extraterrestre à tel point qu’il nous a proposé de jouer dans Le Retour du Jedi. Avec Igor, on a failli jouer dans Star Wars.

Et pourquoi avez-vous refusé?

Nous avions signé un contrat avec TF1 et la direction a refusé de nous accorder six mois pour le tournage. Avec Temps X, nous faisions 70% de parts de marché et nous bénéficiions d’une audience très puissante.

Avez-vous des regrets?

C’est rien de le dire, mais le lien est resté très étroit. Grâce à l’amitié de George Lucas, nous avons pu intégrer des personnages de La Guerre des étoiles dans notre émission. Et, en mai, on s’apprête à relancer Temps X, qui sera diffusé à la fois sur YouTube et sur TV5 Monde sous la forme d’un magazine. On réunira aussi des éléments de la saga.

Quelle est la clé de votre succès depuis toutes ces années?

C’est davantage une question de contenu que de contenant. Cela tient un peu à nos personnes bien sûr, mais le caractère universel de notre propos a joué un rôle essentiel. Avec Igor, nous traversons les époques parce que notre regard est porté vers l’avenir. Cela nous différencie des autres animateurs, parce que nous sommes hors du cadre. A nous deux, nous avons créé une poésie transgressive et nous nous sommes spécialisés dans la recherche de la théorie de l’univers avant le big-bang. Ce qui nous a valu énormément de critiques de la part de la communauté scientifique enfermée dans ses laboratoires.

Valérie Beauverd