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Vingt années électriques

27 novembre 2014

L’Amalgame organise un festival aujourd’hui, demain et samedi pour fêter ses 20 ans. L’occasion d’un petit retour en arrière.

The Swans, déchaînés sur scène le 26 mars 2013. © Régis Matthey

The Swans, déchaînés sur scène le 26 mars 2013.

Cela fait vingt ans que L’Amalgame anime les nuits des amateurs de musique de la région et d’au-delà. Vingt ans de concerts mémorables, de soirées endiablées, vingt ans électriques, forcément faits de hauts et de bas. Vingt ans que l’équipe actuellement à la tête de la salle a décidé de fêter à l’occasion d’un festival qui se déroulera d’aujourd’hui à samedi. Avant eux, nombreux sont ceux qui ont mis leur grain de sel à une histoire qui a débuté, au crépuscule des années huitante, quand une bande de mordus de musique a décidé de se mettre en quête d’un lieu où vivre sa passion à fond. Pierre-Henri Meystre, 52 ans aujourd’hui, en était, et il s’en souvient comme si c’était hier.

La pétition

«Je suis originaire de Thierrens et j’étais déjà passionné de musique quand je suis venu m’installer à Yverdon. Je me rappelle d’avoir signé une pétition, en 1989, que les membres du groupe ASB ont lancé pour obtenir une scène alternative et des locaux. Dans l’enchaînement, l’association GAME (pour Groupement des amis de la musique électrique, ndlr) est née. Nous avons organisé des concerts à L’Echandole, au boulodrome, ainsi que quelques éditions d’un festival qui s’appelait Rock-les-Bains.»

Le test

«En 1992, la Commune nous a proposé d’occuper provisoirement, pour quatre mois, des locaux situés à Saint-Roch, dans les anciennes usines Hermès. J’y ai d’ailleurs joué mon dernier concert avec mon propre groupe. Il n’y avait jamais eu de scène ici et le succès a été immédiat. La salle était souvent pleine, même si nous n’avions pas d’équipement particulier. On peut se dire que cela constituait une sorte de test: la Commune voulait voir si nous étions sérieux.»

Le nom

«En 1994, nous avons pu nous installer à l’avenue des Sports 5. La Commune nous a soutenus, par le biais d’une subvention à hauteur du loyer qu’on devait payer. Il a fallu trouver un nom. Nous avons eu une centaine de propositions, formulées par les membres. Parmi les «finalistes», je me rappelle qu’il y avait aussi l’Ayers Rock. Mais finalement, nous avons opté pour L’Amalgame, qui exprimait bien le fait que nous voulions programmer des groupes de styles divers.»

L’inauguration

«Nous avons programmé le groupe de funk nyonnais Citric Froots pour l’inauguration. C’était complet, on refusait des gens. Il y avait un certain soulagement de voir qu’il y avait du monde, mais on ne réalisait pas encore… On avait la tête dans le guidon.»

Les premiers mois

«L’engouement était fort. Les quatre week-ends suivants, c’était plein. Je m’en rendais bien compte en annonçant les concerts, sur scène. Et puis, au bout d’un mois, lors du concert d’un groupe de rock suisse-allemand, il ne devait y avoir que trente personnes. On est un peu redescendus sur terre et, à partir de là, certaines soirées ont très bien marché et d’autres moins, assez naturellement.»

La philosophie

«L’idée, c’était de fidéliser le public, avec la volonté d’offrir une scène aux groupes de la région. Moi, je m’occupais des finances et je devais parfois freiner un peu les envies. Il était hors de question de mettre la salle en péril pour une tête d’affiche au cachet trop élevé. Par contre, on a parfois partagé les risques en montant des coproductions, ce qui nous a permis d’accueillir des artistes plus chers.»

Le bilan

«Pour gérer une salle comme celle-ci, il faut être une équipe de copains soudée, vraiment passionnée, car cela demande beaucoup d’investissement. Il ne faut pas compter ses heures. Moi, j’ai quitté le comité en 1997, par manque de temps, mais j’ai toujours essayé de rester proche des comités successifs. Aujourd’hui encore, je vais à L’Amalgame deux ou trois fois par année pour des concerts.»

 

Au coup de coeur

Trois questions à Damien Frei, programmateur de L’Amalgame.

Comment avez-vous imaginé la programmation du festival anniversaire?

Au coup de coeur. On ne voulait pas de grosses têtes d’affiche, comme dans la plupart des festivals, mais des groupes dont on apprécie les performances live. Je me suis donc basé sur ce que j’avais pu voir, en Suisse ou à l’étranger, ces derniers temps.

Quels seront les particularités de chaque soirée?

J’ai essayé d’avoir une cohérence propre à chaque jour. Jeudi, le programme s’articule autour de la musique classique. Vendredi, c’est une progression de la pop-folk à de l’electro qui tabasse bien et, samedi, c’est un certain esprit festif, fantastique.

Votre premier souvenir lié à L’Amalgame?

Je devais avoir 15 ou 16 ans, c’était une soirée reggae. Il y avait encore ces chaises-transats orange et on pouvait fumer dans la salle. C’était ma première sortie en salle de concert, je crois, et j’ai trouvé ça chouette.

Lionel Pittet