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Vuarrens en force à Nanjing

4 septembre 2014

Jeux olympiques de la jeunesse – Deux habitants du village ont passé trois semaines en Chine : Guillaume Dutoit a participé à la compétition de plongeon, tandis qu’Alain Heiniger était engagé comme arbitre assistant lors du tournoi de football. Ils racontent cet événement inoubliable, avant de prendre la route des Mondiaux ou du Stade de France.

Guillaume Dutoit a passé pas mal de temps avec Vivian Barth, de Küttigen, en Argovie, l’autre plongeuse suisse sélectionnée pour les JOJ.

Guillaume Dutoit a passé pas mal de temps avec Vivian Barth, de Küttigen, en Argovie, l’autre plongeuse suisse sélectionnée pour les JOJ.

Ils habitent à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, à Vuarrens, et ils auraient pu se croiser, ces dernières semaines, à quelque 9000 kilomètres de chez eux. Le jeune plongeur Guillaume Dutoit et l’arbitre assistant Alain Heiniger étaient tous les deux à Nanjing, en Chine, pour les Jeux olympiques de la jeunesse… mais ils ignoraient tout de leur présence respective. «Vraiment, il y avait un autre habitant de Vuarrens là-bas ? Le monde est petit», rigole le premier. «J’ai été voir plein de sports, note le second. Si j’avais su, j’aurais été suivre le plongeon.» C’est donc chacun de leur côté qu’ils ont vécu leur première grande compétition. Avec, pour l’un comme pour l’autre, des souvenirs inoubliables à la clé.

 

La sélection

Le trio suisse (de gauche à droite, Remy Zgraggen, Sacha Amhof et Alain Heiniger) accompagné d’un collègue représentant de la Confédération africaine de football.

Le trio suisse (de gauche à droite, Remy Zgraggen, Sacha Amhof et Alain Heiniger) accompagné d’un collègue représentant de la Confédération africaine de football.

Animé par un rêve olympique depuis de nombreuses années, Guillaume Dutoit, 18 ans, a décroché son ticket pour la Chine en se classant neuvième d’un concours qualificatif à Guadalajara, au Mexique. «Moi, j’ai simplement été convoqué par la Fifa», note Alain Heiniger. Les raisons qui président à la nomination de tel ou tel arbitre demeurent toujours assez opaques, tout juste sait-il qu’un trio de chaque continent était, en l’occurrence, appelé à officier aux Jeux olympiques de la jeunesse. Alors, pourquoi lui ? «Peut-être que le fait que je suis jeune a joué un rôle», essaie l’assistant de 28 ans.

 

La compétition

Les trio arbitral a profité de son temps libre pour visiter temples et musées. Mais Alain Heiniger l’assure : ce ne sont pas des vacances qu’il a passées à Nanjing. L’expérience était intense.

Les trio arbitral a profité de son temps libre pour visiter temples et musées. Mais Alain Heiniger l’assure : ce ne sont pas des vacances qu’il a passées à Nanjing. L’expérience était intense.

Les deux habitants de Vuarrens ont fait fort en terres chinoises. Guillaume Dutoit n’hésite pas à parler de la meilleure compétition de sa vie, même s’il a terminé au neuvième rang final. «Après les qualifications, j’étais quatrième, raconte-t- il. En finale, mes quatre premiers plongeons ont été exceptionnels… malheureusement, j’ai raté le dernier.» Sans ce petit couac, il aurait terminé «entre la troisième et la cinquième place», selon lui. Le podium était donc dans la ligne de mire du jeune homme, qui, avant son départ, avançait que le top 5 était complètement hors de portée. Sentiment mitigé, donc, entre la satisfaction d’avoir été si brillant jusqu’à son dernier plongeon et la frustration de ne pas avoir fini le travail. Le trio d’Alain Heiniger, lui, a eu l’honneur de diriger la finale du tournoi, remportée par le Pérou contre la Corée du Sud, après n’avoir sifflé qu’une seule rencontre du tournoi, entre le Cap-Vert et le Vanuatu. «Quelle surprise ! On ne s’attendait pas à un pareil honneur», souligne-t- il. Il faut croire que la première prestation des Suisses avait séduit les responsables, même si, là encore, ils ne savent rien des raisons précises qui les ont amené au match que tous les arbitres présents rêvaient d’obtenir. Le niveau de jeu ? «Techniquement, il était très bon, mais physiquement et sur le plan de la vitesse, on voyait qu’il s’agissait de jeunes», raconte celui qui compte une cinquantaine de matches de Super League à son actif.

 

La vie sur place

Les deux plongeurs suisses en mode shopping, en ville.

Les deux plongeurs suisses en mode shopping, en ville.

Guillaume Dutoit a beaucoup apprécié l’ambiance du village olympique, favorable à de multiples rencontres. «Chaque athlète avait une clé USB qui lui permettait d’échanger son contact avec les autres», explique-t-il. Au sein de la délégation suisse, l’entente était également excellente.

Alain Heiniger, lui, a vécu un peu à l’écart. «Comme c’est de coutume dans ce genre de rendez-vous, tous les arbitres vivaient ensemble, dans un hôtel», note-t-il. Au programme : des cours, des entraînements sportifs, mais aussi de nombreux matches visionnés en commun, «afin d’apprendre des erreurs de tout le monde». Les instructeurs dépêchés à Nanjing par la Fifa étaient les mêmes qu’à la Coupe du monde au Brésil.

 

Les souvenirs marquants

Le théâtre des performances sportives de Guillaume Dutoit. Il y a disputé, selon lui, la meilleure compétition de sa vie.

Le théâtre des performances sportives de Guillaume Dutoit. Il y a disputé, selon lui, la meilleure compétition de sa vie.

Quand il s’agit de raconter la Chine, Alain Heiniger en évoque «l’immensité», à tous les points de vue, tandis que Guillaume Dutoit met l’accent sur l’engouement de la population. «Tout le monde nous arrêtait dans la rue. Alors qu’on faisait du shopping, j’ai réussi à négocier des prix à la baisse en acceptant de poser sur une photo avec la commerçante », s’amuse-t-il. Mais les deux régionaux ont aussi été marqués par la pollution. Sous le smog chinois, «le beau ciel bleu de la Suisse» leur a manqué. Qu’ils se rassurent : ils n’en auraient guère profité ici non plus…

 

La suite

Pas de repos pour les braves. A peine rentrés de Chine, les deux habitants de Vuarrens sont à nouveau sur le départ. Tandis que Guillaume Dutoit prendra part aux Mondiaux juniors, en Russie, Alain Heiniger fait partie du trio qui dirigera, ce soir, le match amical entre la France et l’Espagne, au Stade de France. «Il y aura du monde et ce sera diffusé en direct sur TF1, donc il y aura une certaine pression, reconnaît- il. Après, les règles sont les mêmes, c’est du foot.» Ne reste plus qu’à savoir s’ils auront l’opportunité de se retrouver, en 2016, à quelque 9000 kilomètres de chez eux, à Rio.

Toutes les photos ont été mises à disposition par Guillaume Dutoit et Alain Heiniger.

Lionel Pittet