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Yann Zimmer à la conquête de l’Amérique du Nascar

20 mars 2014

Automobilisme – Engagé en Nascar Whelen Euro Series, antichambre européenne de la grand-messe américaine du sport automobile, l’Yverdonnois de naissance rêve de s’imposer aux Etats-Unis et de participer au prestigieux Daytona 500.

Troisième au terme d’une saison 2013 spectaculaire, Yann Zimmer a notamment remporté l’étape de Monza, en Italie, et établi le record de top 5, au volant de sa Chevrolet (médaillon). Des performances qui lui ont valu le titre de rookie of the year.

Troisième au terme d’une saison 2013 spectaculaire, Yann Zimmer a notamment remporté l’étape de Monza, en Italie, et établi le record de top 5, au volant de sa Chevrolet (médaillon). Des performances qui lui ont valu le titre de rookie of the year.

Lorsqu’on demande à Yann Zimmer quel modèle sportif l’a inspiré tout au long de sa jeune carrière, la réponse fuse. A l’image de sa conduite sur circuit, pas le temps de s’attarder inutilement sur une prise de décision. L’esprit vif, le ton posé et réfléchi, le jeune homme de 23 ans laisse transparaître une maturité qui trahit sa volonté ferme de réussir.

«Jo Siffert a toujours été l’un de mes modèles, lâche-t-il. Non seulement de par sa réussite sportive, mais surtout de par son histoire qui en fait, à mon sens, un mythe. Parti de rien, il en a bavé pour réussir, cumulant son travail de garagiste à celui de pilote amateur pendant les week-ends. J’admire également la passion et le grand coeur d’Ayrton Senna et le charisme de Dale Earnhardt, en Nascar.»

L’exil comme seule issue

Partir de rien, l’histoire de Siffert pourrait être transposée à celle de la grande majorité des pilotes suisses, toute proportion gardée. En effet, aucun circuit de course n’étant construit dans le pays, la seule option reste l’exil à l’étranger. Une épreuve souvent compliquée, tant financièrement qu’humainement, mais qui n’a jamais fait peur à Yann Zimmer : «A l’âge de 15 ans, je suis parti pour Le Mans, en France, dans le cadre d’un sport-études unique au monde dans le domaine de l’auto. Ce n’était pas un sacrifice pour moi, mais juste la possibilité de poursuivre mon rêve.» En France, il a ainsi pu passer son bac et piloter ses premières monoplaces. Un projet irréalisable sans l’aide financière de l’école et de la région du Mans : «Sans ça, je n’aurais jamais pu imaginer poursuivre dans l’automobile.»

S’ensuit une progression fulgurante. Vice-champion d’Europe de Formule 4 en 2009, 3e puis 2e du championnat Formule Renault 2.0 Alps en 2010 et 2011, la porte de la Formule Renault 3.5, dernier échelon avant la Formule 1, s’ouvre à lui l’année suivante, avant que le principal sponsor ne se rétracte au dernier moment. «C’est à ce moment là que j’ai découvert, un peu par hasard, les courses européennes de Nascar», se souvient le natif d’Yverdon-les-Bains. Invité par un organisateur, il s’y essaie pour le fun. «Lors des premiers essais, sur le seul circuit en ovale qui existe en Europe, je me suis dit : qu’est-ce que je fous là, à tourner en rond !, plaisante-t-il. Une fois en course, tout a changé. Le pilotage est très fin, il faut trouver les bonnes trajectoires en s’aidant de l’incurvation de la piste, trouver les bonnes ouvertures, se frayer un chemin, être attentif à ce qu’il se déroule devant, mais aussi derrière la voiture pour éviter les accrochages. Bref, il se passe toujours quelque chose, c’est un truc de dingue !»

La Nascar, une grande famille

Très populaire aux Etats-Unis, avec quelques 200 000 spectateurs lors des courses importantes et plus de 11 millions de téléspectateurs lors du dernier Daytona 500, le championnat Nascar reste pourtant peu connu pour le quidam européen. Originaire du sud-ouest du pays de l’Oncle Sam, cette compétition découle d’une culture automobile complètement différente de celle de la Formule 1. Une atmosphère qui correspond mieux au caractère de Yann Zimmer. «Là-bas, tout est fait pour que les inégalités entre voitures soient diminuées, afin de permettre un meilleur spectacle sur la piste», précise- t-il. Une approche différente de l’événement sportif. En effet, le prix des places y est abordable. Les pilotes sont présentés au public. Le spectateur peut facilement s’approcher de son pilote favori avant les courses, il peut également assister à la préparation des voitures. «Des choses inimaginables en Formule 1, s’enthousiasme le Nord-Vaudois, installé à Cortaillod. La Nascar est une grande famille.»

Une famille qu’il compte bien intégrer le plus rapidement possible. Mais le chemin vers la Sprint Cup (ndlr, catégorie Nascar la plus élevée) est encore long et semé d’embûches. «No pain, no gain, s’amuse-t-il. Mon but est de participer, dès 2015, à quelques courses des séries régionales, aux Etats-Unis.» La suite ? Une participation au Daytona 500, l’épreuve la plus populaire ? «Cela serait extraordinaire, assure-t-il. De plus, la Nascar veut s’ouvrir à l’Europe et cherche un jeune pilote étranger qui ait une histoire à raconter. Pourquoi pas moi ? Je veux être le premier Suisse et le premier Yverdonnois en Nascar !» En attendant la gloire, Yann Zimmer s’active actuellement entre la Suisse et Paris pour terminer son master en management qu’il mène, difficilement, en parallèle de sa carrière de pilote.

Benjamin Fernandez