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Yverdon a son dernier des Mohicans

31 décembre 2013

Dans la Cité thermale, le disque a encore son royaume. Grâce à Toni Fortunato, qui a su résister à l’effondrement du marché dû au téléchargement.

Un disque de la jeune Suissesse Sophie Hunger à la main, Toni Fortunato pose devant les rayons dédiés à la musique française. Internet oblige, les magasins comme le sien sont une espèce en voie de disparition.

Un disque de la jeune Suissesse Sophie Hunger à la main, Toni Fortunato pose devant les rayons dédiés à la musique française. Internet oblige, les magasins comme le sien sont une espèce en voie de disparition.

Sans doute avez-vous déjà franchi au moins une fois la porte de Transfer Music, le magasin de disques de la rue du Casino, à Yverdon-les-Bains. Derrière son comptoir, «Toni» vous saluera et s’enquerra de savoir ce que vous désirez ou il vous laissera déambuler et faire votre choix dans les rayons de CD et de DVD. Sa force : le conseil et l’art de trouver ce que le client cherche depuis un certain temps et désire ardemment. Entre le 1er étage et le sous-sol, tous les genres de musiques et de films se côtoient, savamment rangés par catégorie et par nom d’artiste et chanteur.

Cela va faire bientôt trente ans que Toni Fortunato a repris ce commerce, qui portait autrefois le nom de Pop 2000, et qui est passé par toutes les modes, du vinyle au CD et des cassettes vidéos au DVD ou au Blu-ray. Et quand le téléchargement s’est tout d’un coup imposé ces dernières années, dans un secteur bouleversé par la concurrence sur Internet et le numérique, son petit royaume a bien résisté. Au moment même où des grands magasins d’ici et d’ailleurs rétrécissaient leur secteur de vente dans ce domaine ou le supprimaient tout simplement.

Le retour du vinyle

«Aujourd’hui, on clique beaucoup, c’est vrai, déclare Toni Fortunato, que certains surnomment le dernier des Mohicans. Pourtant, avec un CD ou un vinyle, on a des beaux objets dans la main, qui plus est avec les photos des artistes qu’on aime ou des illustrations en rapport avec leurs chansons. Heureusement, ma clientèle s’est maintenue. De nouveaux clients sont venus s’ajouter aux plus fidèles. Mais beaucoup ont quand même viré vers le téléchargement. Pendant qu’on en parle, le vinyle est en train de faire un retour en force et ils sont de nouveau nombreux ceux qui aiment le son 45 ou 33 tours, moins grippé que dans les années soixante».

Phénomène Stromae

À Transfer Music, la pop music tient toujours le haut du pavé avec la chanson française, qui s’est refait une santé ces dernières années grâce à de nombreux jeunes artistes de talent. «Tiens, Stromae nous a fait tout seul notre mois en novembre», poursuit Toni Fortunato. Qui relève encore que «sa clientèle vient de toute la Suisse romande depuis qu’il n’y a quasiment plus de magasin comme le sien. Il y en a pas mal qui viennent une fois par mois et qui peuvent acheter entre 5 et 8 CD. En fin d’année, les éditions spéciales ont eu beaucoup de succès ». En tout cas, les disques continuent de tourner à la rue du Casino.

Roger Juillerat