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Yverdon-les-Bains, dernier arrêt avant le Saint-Gothard

20 mai 2016 | Edition N°1746

Yverdon-les-Bains – Les locomotives qui emprunteront le tunnel de base en Suisse centrale transitent par les ateliers des CFF, où elles sont équipées d’un système anti-incendie.

Onze des treize locomotives qui emprunteront prochainement le tunnel du Gothard ont été stockées, inspectées et équipées dans cette grande halle aérée des Ateliers industriels. © Simon Gabioud

Onze des treize locomotives qui emprunteront prochainement le tunnel du Gothard ont été stockées, inspectées et équipées dans cette grande halle aérée des Ateliers industriels.

Des effluves d’huile et de peinture s’échappent des hangars. A l’intérieur, dans une atmosphère assourdissante et singulière, c’est l’effervescence. Comme dans une fourmilière, vêtu d’un gilet orange, chacun des 500 ouvriers s’active, avec un rôle bien précis. Au fond du bâtiment, dans une vaste halle, trônent deux motrices grandes lignes RE460, les célèbres locomotives rouges de la flotte CFF. C’est ici, aux Ateliers industriels d’Yverdon-les-Bains, qu’elles ont droit à leur bain de jouvence et qu’elles sont équipées d’un système anti-incendie de pointe; un passage obligé avant de s’aventurer plus de 2000 mètres sous la roche du massif du Saint-Gothard, sur les rails du plus grand tunnel du monde.

Michel Sauteur, chef de projet aux Ateliers CFF, devant des locomotives © Simon Gabioud

Michel Sauteur, chef de projet aux Ateliers CFF, devant des locomotives

«Depuis le mois de mai de l’année dernière, onze des treize premiers véhicules qui emprunteront le tunnel de base sont passés entre les mains de nos collaborateurs», relève Michel Sauteur, chef de projet au sein des Ateliers. Grimpant des escaliers de fortune et pénetrant à l’intérieur d’une des cabines des locomotives, il pointe un bouton rouge: «Un signal lumineux et sonore se déclenche si une source suspecte de chaleur ou de fumée est détectée quelque part dans le train. Il adviendra alors au conducteur de poser un diagnostic et de prendre une décision en conséquence.» Se faufilant à l’intérieur du moteur, Michel Sauteur s’empare d’un tuyau: «C’est un aspirateur à fumée; il fait aussi partie des nouvelles installations.»

Une rame en feu à 150km/h

Outre les locomotives, les trains IncerCity (ICN) ont également été équipés de tout un faisceau de mesures. Des capteurs de fumée ont été installés dans les compartiments et le nombre d’extincteurs a été largement revu à la hausse. Des portes coupe-feu ont aussi remplacé les portes traditionnelles. «Si un feu se déclenche et que la température dépasse les 70 degrés, elles se ferment automatiquement, empêchant le feu de remonter le train. Si le conducteur ne parvient pas à rejoindre une sortie de secours rapidemment, un ICN pourrait traverser le tunnel à plus de 150 km/h avec une rame en feu», conclut Michel Sauteur.

Un tunnel historique

Le 1er juin prochain, les caméras du monde entier seront braquées sur la Suisse centrale, à Erstfeld (Uri), pour l’inauguration du tunnel de base du Saint-Gothard; une pièce maîtresse du corridor européen Rhin-Alpes. Les superlatifs ne manquent pas pour caractériser cet ouvrage monumental, véritable prouesse d’ingénierie. Avec ses deux galeries de 57 kilomètres, il sera le plus long du monde. Quelque 13 millions de mètres cubes ont été extraits du massif du Saint-Gothard, soit plus de cinq fois le volume de la pyramide de Chéops, en Egypte.

Les trains pourront circuler à une vitesse maximale de 250 km/h. Il faudra compter entre 16 et 17 minutes pour traverser le massif, et 2h40 pour rallier Zurich à Milan. La mise en service effective est agendée au 11 décembre prochain.

Le système anti-incendie en chiffres

En complément du dispositif installé à l’intérieur des véhicules, un câble anti-incendie a aussi été posé sous les locomotives. © Simon Gabioud

En complément du dispositif installé à l’intérieur des véhicules, un câble anti-incendie a aussi été posé sous les locomotives.

23 000, soit, en mètres, la longueur de câbles nécessaire.

2000, comme la somme des autocollants de sécurité, pour l’information client en cas d’évènement.

1650 détecteurs au total.

216 portes coupe feux automatisées.

300 extincteurs.

30 000, comme le nombre d’heures de travail entre début 2015 et mi-2016.

Simon Gabioud