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Yverdon mène sa stratégie énergétique tambour battant
La zone de distribution de la centrale de chauffage à bois du CAD Santal.

Yverdon mène sa stratégie énergétique tambour battant

30 août 2024 | Textes: Jérôme Christen | Photos: Gabriel Lado
Edition N°3778

La société Y-CAD à Yverdon-les-Bains développe tambour battant son réseau de chauffage à distance basé actuellement sur trois ressources : le gaz naturel, l’énergie dégagée par la station d’épuration et le bois énergie. Tandis que ce dernier est en pleine expansion, la Cité thermale travaille à un projet de géothermie profonde. L’objectif est de quadrupler le réseau d’ici 2050 et de ne consommer à terme que des ressources situationnelles et renouvelables.

Une nouvelle étape a été franchie en mars dernier avec la mise en service d’une des chaudières de la centrale de chauffage à bois dite du CAD Santal à Y-Parc dont la première pierre avait été posée en novembre 2022. Ce réseau est au début de son exploitation et tourne pour le moment à un régime estival, soit à puissance modérée.

Il est amené à prendre de l’ampleur puisque des travaux d’extension du réseau sont en cours dans le secteur avenue Kiener, avenue Général-Guisan, rue de la Paix en vue d’une mise en service en octobre ou novembre, avec une traversée de la Thièle par un forage dirigé. Après la mise en service d’une deuxième chaudière beaucoup plus puissante pour alimenter ce réseau, la centrale passera de 800 kilowatts à 3800 kilowatts permettant non seulement d’augmenter le périmètre de desserte mais aussi de subvenir aux besoins hivernaux à un moment où tous les chauffages s’enclenchent.

Quadrupler le nombre de ménages

Le nombre de ménages alimentés par Y-CAD prendra progressivement l’ascenseur. Il est déjà passé de 72 ménages en 2022 à 455 à la fin de cette année. Il devrait quasiment doubler l’année prochaine et quadrupler d’ici 2050. Mais l’objectif ne se limite pas à l’extension du réseau, il s’agit également d’augmenter la part situationnelle (ressources sur le site même) et renouvelable, soit des plaquettes de bois et bientôt du bois usagé. Ce développement permettra de diminuer progressivement le recours au gaz de la centrale Lotus qui alimente les Établissements hospitaliers du Nord vaudois, le Centre thermal et le Grand Hôtel des Bains.

Géothermie profonde

Y-CAD n’entend pourtant pas s’arrêter là. L’entreprise détenue à 79,9 % par la Commune d’Yverdon et à 21,1% par les Services industriels genevois a obtenu de la Commune d’Yverdon un prêt sans intérêt pour développer un projet de géothermie profonde. En 2021, l’État de Vaud lui a délivré une autorisation de prospecter en vue de l’exploitation de ressources géothermiques.

«La première étape de recherche en surface consistera à faire l’acquisition sismique de données dans le sous-sol pour pouvoir faire une cartographie et mieux qualifier le potentiel», explique Pierre-Alain Kreutschy, directeur général d’Y-CAD. L’Office fédéral de l’énergie vient d’ailleurs de valider la demande de subventionnement. Y-CAD a par ailleurs créé un consortium avec deux autres acteurs du territoire, MalmEnergie Naturelle SA et Orllati Real Estate SA qui disposent également d’un permis de recherche : «Le but est d’avoir une approche coordonnée. Au lieu de travailler chacun sur un périmètre restreint, les trois bénéficiaires des permis travailleront conjointement sur un seul grand périmètre fusionné.

Exploitation à l’horizon 2030

Benoist Guillard, municipal en charge des Énergies, précise que «le but n’est pas d’alimenter les turbines d’une centrale électrique – qui nécessite de l’eau à plus de 100 degrés – comme cela a été envisagé à Lavey-les-Bains. Pour créer de la chaleur avec de l’eau du sous-sol, il en faut certes en grande quantité si possible à 50 degrés, mais on peut même se contenter d’en utiliser à 30-35 degrés. Si les ressources sont bien qualifiées, nous prévoyons le début de la phase d’exploitation vers 2030. »

Le gaz comme solution de secours

Pierre-Alain Kreutschy conclut en résumant le principe de la démarche : « Nous mettons en place l’infrastructure pour transporter la chaleur et parallèlement travaillons à la recherche des ressources situationnelles potentiellement intégrables plus tard. En faisant l’inverse, nous aurions des temps d’attente trop longs. Dans l’intervalle, nous pouvons compter sur le gaz et le bois énergie. L’objectif est qu’à l’horizon 2030, nous utilisions le gaz uniquement pour répondre à des pointes de consommation ou comme solution de secours.