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Yverdon Sport contre-attaque
© Michel Duperrex

Yverdon Sport contre-attaque

11 mai 2020 | Edition N°2730

Privé de montée, le leader de Promotion League a choisi de se battre sur tous les terrains pour arriver à ses fins. Il a saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Cela fait une semaine et demie que la décision de l’Association suisse de football de ne pas accorder de promotion en Challenge League à Yverdon Sport est tombée. Quelques jours de réflexion plus tard et après avoir encaissé le choc, rude et inattendu, le club de la Cité thermale a décidé de réagir de manière forte. Pas seulement en criant au scandale dans les médias et auprès des instances du foot suisse, mais en employant tous les moyens possibles de se faire entendre.

La contre-attaque est lancée. «On a saisi le TAS. On va aller jusqu’au bout», lance Mario Di Pietrantonio. Sonné il y a quelques jours, le président yverdonnois a décidé de ne pas rester inactif. Si, sous le coup de l’émotion, il avait laissé entendre qu’il ne voudrait pas aller devant la justice sportive, les témoignages de soutien reçus, notamment celui de la Ville d’Yverdon-les-Bains, et le goût de l’injustice encore vif l’ont convaincu du contraire.

L’hérésie à huit

Le dossier monté la semaine dernière par YS pour défendre ses intérêts l’a été à l’aide d’avocats. Le club aurait trouvé «des failles» à exploiter dans la décision prise par l’ASF. Par ailleurs, il semblerait bien que les Yverdonnois ne seront pas seuls dans leur combat. D’après les informations du patron d’YS, Rapperswil – 2e de Promotion League à la trêve hivernale – va également recourir.

C’est que la Swiss Football League n’a toujours pas abandonné l’idée d’augmenter le nombre d’équipes de Super League à douze la saison prochaine, après que plusieurs clubs ont revu leur position. Amputée de deux formations promues à l’étage supérieur, la Challenge League pourrait alors potentiellement accueillir deux nouveaux clubs. D’où l’intérêt des Saint-Gallois.

Pourtant, dans les discussions actuelles, les clubs de SFL privilégient la formule 12+8. Celle-ci a l’avantage de ne pas modifier les statuts de la SFL, qui compte vingt équipes réparties en deux ligues, et de ne nécessiter que la majorité des voix (onze) pour être adoptée. Au contraire de la formule 12+10 (22 clubs au total), qui contraint d’obtenir deux tiers des suffrages (quatorze) pour être validée.

Sans parler du fait que si le nombre de clubs en SFL augmente, alors il faudra partager le gâteau des droits TV avec plus de monde. Un argument financier qui rebute certains.

Et le sport, dans tout ça?

La situation irrite Mario Di Pietrantonio: «En ce moment, chacun privilégie ses intérêts personnels. Personne ne parle de foot et de formation des jeunes.» Il est évident qu’une ligue à huit clubs n’a ni sens, ni attrait. «On doit déjà être le seul pays du monde à avoir des championnats d’élite à dix équipes. À présent, on veut être le seul à présenter une deuxième division à huit? Ça ne va pas!»

Yverdon Sport a obtenu la licence de jeu pour la Challenge League les deux dernières années, sans réussir à monter sportivement. Cette saison, il devance Rapperswil alors qu’il restait moins d’un tour à disputer à l’arrêt de la compétition. L’équipe est prête à franchir le pas. En ce qui concerne la licence, le dossier est encore meilleur que par le passé avec l’arrivée du nouveau stade, qui répondra à toutes les exigences de la deuxième division. Le club s’est préparé à son retour dans l’élite. «Mais aujourd’hui, ça se passe comme ça: on nous fait investir pour devenir pro, et quand on est là, on nous barre la route. On nous considère comme des amateurs», s’insurge le président yverdonnois, décidé à faire valoir ses arguments par tous les moyens.

Manuel Gremion