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«Yverdon Sport doit donner un signal fort aux jeunes de la région et du canton»
Serge Duperret. ©Champi

«Yverdon Sport doit donner un signal fort aux jeunes de la région et du canton»

29 mai 2021 | Edition N°2961

Football - Directeur sportif d’Yverdon Sport, Serge Duperret évoque l’avenir, la place qui sera accordée à la jeunesse dans l’effectif en réflexion et l’importance de s’établir sur la durée en Challenge League.

Serge Duperret, quelle est la recette sportive qui a permis à Yverdon Sport de retrouver la Challenge League?
La première des choses, c’est la qualité individuelle des joueurs, la richesse du contingent pour la Promotion League, avec certains éléments qui ont déjà évolué à l’échelon supérieur. Ensuite, c’est un résultat d’ensemble, de l’entraîneur principal à tous les gens du staff, même si la perte d’Amar Boumilat avant la reprise a compliqué les choses durant un moment. L’équipe a su cultiver un excellent esprit, ce qui s’est déjà vu lors du camp de préparation réalisé en Turquie début 2020. Il s’agit d’un vrai groupe. D’ailleurs, contrairement aux saisons précédentes, je n’ai cette fois pas eu la moindre réclamation de joueurs sur les plans administratif, financier ou sportif.

Cette équipe était bâtie pour monter.
C’est aussi le résultat de la bonne entente avec Mario (ndlr: Di Pietrantonio, le président), et de celle avec Jean-Michel Aeby, sans nuage. On a été exigeants, c’est clair, mais aujourd’hui, aucun entraîneur ne peut être seul. Tout le monde a besoin de discuter, d’échanger. C’est un travail d’équipe.

Ne réaliser aucun changement durant la longue pause hivernale était donc la meilleure stratégie?
Mario a gagné son pari sur ce coup! Ça ne voulait pas dire qu’on n’aurait pas de soucis. D’ailleurs, on l’a vu, on a eu plusieurs blessés. Avec la longue absence de Mustafa Sejmenovic et celle d’Adriano De Pierro, on s’est retrouvés à un défenseur central. Le problème a existé mais, heureusement, on a trouvé une bonne solution dans l’axe avec William Le Pogam, qu’on a un peu sacrifié. Cela a permis à Muamer Zeneli de faire une bonne fin de saison en tant que titulaire. Cela dit, toutes les équipes rencontrées étaient à 30% de moins de leur capacité physique maximale. Il faut féliciter les joueurs d’avoir gardé cette cohésion durant une si longue période, car avec la distance, on s’éloigne des gens, on s’éloigne du foot. Au final, on a utilisé tout le monde, toutes nos cartes. Et si je donne une très bonne note à l’équipe, j’en fais de même à tous le staff, également dans les bureaux, qui a bossé autour de l’équipe.

 

«La Challenge League est très difficile, c’est un long chemin.»

 

A présent, comment renforcer l’équipe?
La première chose à savoir, c’est en devenant pros, quels joueurs peuvent continuer? On va s’entraîner les après-midi et deux fois le matin. Il faut discuter, voir comment certains peuvent continuer l’aventure tout en travaillant. Il y a aussi la situation familiale à prendre en considération. De mon expérience, je sais qu’il est très compliqué de s’entraîner à deux vitesses. Sur la longueur, cela devient problématique. En ce qui concerne le staff, il reste du chemin à faire pour devenir pro, pour avoir des gens qui peuvent être là pratiquement toute la semaine, mais on doit passer à l’étape supérieure.

Mais quels postes sont à renforcer, à vos yeux?
L’attaque, le milieu de terrain, la défense centrale. Notre but, aujourd’hui, c’est de conserver le noyau de l’équipe, de garder la dynamique de vent dans la voile. Ensuite, on devra trouver les compléments. On doit aussi introduire le plus possible de joueurs de moins de 21 ans régionaux et des cantons limitrophes. Si on veut durer, il faut qu’on fasse cet effort d’intégrer les jeunes de la formation vaudoise, romande ou même jusqu’à Young Boys et Bâle. On doit faire ce travail. Je sais bien que tout entraîneur aimerait aligner des éléments chevronnés, mais on doit donner cette opportunité aux jeunes, sinon ils partiront. Il faudra aussi que le public soit indulgent. La Challenge League est très difficile, c’est un long chemin.

Il y a cette limite de 21 licences disponibles pour les joueurs de plus de 21 ans à laquelle il faut faire attention en bâtissant le groupe.
Dans l’idéal, il devra nous rester trois ou quatre postes de libres à Noël. Cela signifie qu’il faudra avoir un maximum de 17 joueurs comptant pour une licence, auxquels on ajoute quatre à six M21. On est face à un problème draconien dans les choix que l’on va devoir faire. On se retrouve devant des humains qui ont réalisé tant de choses. Mais si on prolonge tout le monde, alors on aura bouffé notre joker. Le niveau de la Challenge League est très costaud, et on peut vite se retrouver en haut comme en bas. Le plus important est de s’y installer durablement, car monter est très difficile. Dans le même temps, dans le contexte actuel, avec les entreprises qui ont souffert, il faut faire preuve de prudence. Car, ce qu’il y a de pire qu’une relégation pour un club, c’est une faillite. C’est aussi pour ça qu’on a besoin que la «deux» monte et que le travail avec la formation s’intensifie. On devra être le plus intelligent possible.

 

«Si on prolonge tout le monde, on aura bouffé notre joker.»

 

Avez-vous déjà engagé un renfort?
Pas pour le moment. On doit encore se voir ces jours avec le président pour discuter, pour prendre des décisions, en fonction de nos moyens également.

Le directeur sportif du Lausanne-Sport, Souleymane Cissé, a déclaré dans 24heures vouloir prêter des joueurs de Team Vaud aux clubs vaudois de Challenge League.
On a eu des discussions, oui. La porte est grande ouverte. A nous de savoir ce qu’on veut.

Doit-on donc s’attendre à voir quelques jeunes Lausannois arriver?
Je me souviens que, par le passé, des éléments comme Jonas Omlin, Numa Lavanchy, Musa Araz, Nicolas Gétaz, Benjamin Kolloli et bien d’autres ont emprunté ce genre de chemin avant de faire le bonheur de clubs de Super League. Pour moi, on devra trouver le bon amalgame entre quelques joueurs confirmés, avant tout nos anciens qui sont l’âme de la promotion, et des jeunes de qualité, qui ont déjà touché à la Super League.

Vous parlez beaucoup de ces jeunes…
Oui, car dans cette période de covid, il faut leur donner cette chance, qu’ils restent près de leur famille, qu’ils jouent, plutôt que d’aller chercher des mercenaires. Qu’ils aient de l’espoir. Yverdon Sport doit donner un signal fort aux jeunes de la région et du canton.

Manuel Gremion