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Yverdon Sport s’offre une nuit magique et renverse Zurich!
Steve Beleck ouvre le score sur cette frappe de la 43e. © Gabriel Lado

Yverdon Sport s’offre une nuit magique et renverse Zurich!

26 octobre 2021

Il existera désormais deux catégories de supporters: ceux qui étaient au stade municipal ce mardi soir pour ce 8es de Coupe de Suisse face à Zurich et qui le raconteront à leurs petits- enfants dans trente ans. Et ceux qui assureront avoir été là, même s’ils n’y étaient pas, tant être absent en cette nuit magique ne peut décemment pas être une anecdote racontable. Oui, ce 26 octobre 2021 restera pour l’éternité comme une date marquante de l’histoire d’Yverdon Sport.

Par où commencer? Par Steve Beleck, inévitablement. L’attaquant camerounais, titularisé en l’absence de Koro Koné (dont la blessure avait été tenue secrète par le staff d’YS) a fait taire d’un coup toutes les critiques ce mardi et prouvé que son mental était tout simplement immense. Arrivé en méforme, en surpoids, après une année blanche passée en deuxième division roumaine, le Lion indomptable a encaissé les moqueries et les critiques. Et, mardi, peu avant la mi-temps, il a marqué un but admirable face au puissant FC Zurich, s’offrant même un salto devant la Südkurve, après une accélération plein axe qui l’a vu aller au bout de lui-même. Quel but, quelle hargne, quelle leçon! Et que dire avec son but de la 95e, au tout début des prolongations, sinon qu’il a fait preuve d’un sang-froid admirable pour l’inscrire? Sa course face à la tribune, après avoir inscrit ce but, était celle d’un homme revanchard, heureux, fier.

Mais il serait fou d’oublier cette séance de tirs au but au bout de la nuit yverdonnoise. Une séance historique, folle, inoubliable! YS l’a emporté en marquant… onze tirs au but et en manquant deux, soit un de moins que Zurich! Voilà donc Yverdon Sport en quarts de finale de la Coupe de Suisse, un exploit monumental, acquis au terme d’un match qui entrera à coup sûr dans la légende du club. S’agit-il d’un des cinq plus beaux matches de l’histoire? D’un des dix? Peu importe au fond, tant la nuit a été magique. Le stade a vibré, comme aux plus belles heures. YS a été héroïque, un mot trop souvent galvaudé, mais qui prend tout son sens ce soir.

Comment ne pas mentionner Marculino Ninte, l’homme qui a manqué son premier tir au but, avant de prendre ses responsabilités et d’aller marquer celui de la victoire, face aux supporters zurichois? Là aussi, il fallait du caractère, et l’ailier portugais en a eu. Et Mirko Salvi, qui a réalisé l’arrêt de la nuit, à la 120e face à Bledian Krasniqi, avant d’aller marquer son tir au but (le vingtième sur vingt-six!) en plein milieu de la cage!

Et puis, il y a le match, bien sûr, avant toute cette folie furieuse. Et lui aussi est à relever, tant YS a été convaincant d’un bout à l’autre, même sous la pression zurichoise, même lorsque le FCZ est revenu deux fois au score, même lorsque tout était contre lui.

Uli Forte, tout heureux de l’ouverture du score de Beleck à la 43e, n’a pas hésité à bousculer son équipe à la pause, dans l’optique bien sûr de surprendre encore plus ce FCZ hésitant. Le coach a ainsi décidé de recentrer Ali Kabacalman, « exilé » à droite, et de faire entrer Marculino Ninte et sa vitesse, ceci dans le but évident de profiter des contres qui, tout le monde l’espérait au stade municipal, allaient inévitablement être rendus possibles par l’envie zurichoise d’égaliser le plus vite possible.

Mais YS a tenu, tenu et encore tenu… jusqu’à la 71e et cette belle frappe tendue de Wilfried Gnonto à mi-distance. Une égalisation logique, car le FCZ pressait tant et plus devant ses formidables supporters (près de 500 membres de la Südkurve avaient fait le déplacement!) et YS ne faisait alors plus que subir. Là est le principal regret, sans doute: alors que Zurich paniquait et commençait à se découvrir, Yverdon n’a jamais pu mener un contre digne de ce nom… et n’a donc eu aucune chance d’inscrire le 2-0. Impossible, dès lors, de se plaindre de l’égalisation.

Ce qui n’enlève rien, cela dit, à la performance globale d’YS, qui a fait jeu égal avec les Zurichois en première période, avant de subir, donc, en deuxième. Mais cette équipe, même remaniée, même avec plusieurs cadres absents, a été au niveau de l’affiche et a offert un très beau match de football à la belle affluence de ce mardi soir (1643 spectateurs). Et les prolongations, ainsi que la séance de tirs au  but, irrespirable, sont déjà entrés dans l’histoire.

Et que dire de la prestation de Breston Malula, très solide défenseur de 194 centimètres arrivé de Chiasso cet été (4 titularisations l’an dernier en Challenge League) qui a fait une entrée fracassante dans la cour des grands ce mardi soir, avec pour seule expérience cette saison… vingt-trois minutes en Challenge League! Confronté aux absences de William Le Pogam et de Miguel Rodrigues, Uli Forte a fait le choix de lancer le jeune Congolais plutôt que de reculer Christian Zock ou Silva en défense centrale. Le courage de l’entraîneur d’YS est à relever, ainsi que sa conviction à ses idées profondes: lancer des jeunes quand le temps est venu et qu’ils le méritent, qu’elles que soient les circonstances… et même si cette première titularisation avec YS se fait face à la troisième meilleure équipe de Super League!

Même le carton jaune très injuste reçu à la 52e pour une faute supposée sur Wilfried Gnonto (alors qu’il avait à 100% joué le ballon) n’a pas déstabilisé le défenseur central, auteur d’une prestation absolument remarquable à côté de Sead Hajrovic. Même au bout des prolongations, après 118 minutes d’un labeur admirable, le voilà qui revient encore, à bout de forces, titubant, allant chercher des forces insoupçonnées jusqu’au plus profond de lui-même. M. Dudic, complètement à côté de la plaque, lui administrait un deuxième carton jaune pour une faute tout à fait anodine (après un premier jaune inexistant) et l’expulsait donc à deux minutes du terme, offrant au jeune défenseur une sortie prématurée… sous les ovations de la tribune principale, admirative de son match et qui ne se réjouit que d’une chose: le revoir à l’oeuvre le plus vite possible. Tout comme cet YS épatant.

Quelle soirée, quelle nuit, quel exploit!

YS – Zurich 13-12 tab (1-0, 1-1, 2-2)

Buts 43e Beleck 1-0; 71e Gnonto 1-1; 95e Beleck 2-1; 104e Hornschuh 2-2.

Tirs au but Marchesano manque (non cadré); Beleck 1-0; Kryeziu 1-1; Hajrovic 2-1; Pollero manque (non cadré); Ninte manque (arrêt Kostadinovic); Gnonto 2-2; Silva 3-2; Krasniqi 3-3; Eleouet manque (transversale); Leitner 3-4; Fargues 4-4; Guerrero 4-5; Lusuena 5-5; Hornschuh 5-6; Jaquenoud 6-6; Rohner 6-7; Blum 7-7; Aliti 7-8; Salvi 8-8; Kryeziu 8-9; Beleck 9-9; Leitner 9-10; Hajrovic 10-10; Krasniqi manque (non cadré); Ninte 11-10.

Yverdon Salvi; Blum, Malula, Hajrovic, Gétaz (101e Jaquenoud); Eberhard (46e Ninte), Silva, Zock (101e Fargues); Kabacalman (79e Lusuena), Beleck, Vladi (79e Eleouet).

Entraîneur: Uli Forte

Zurich Kostadinovic; Boranisajevic (67e Rohner), Kryeziu, Hornschuh; Gogia (46e Aliti), Coric (67e Leitner), Doumbia (99e Krasniqi), Guerrero; Marchesano; Ceesay (46e Gnonto), Pollero.

Entraîneur: André Breitenreiter

Notes Stade municipal, 1643 spectateurs. Arbitrage de M. Alessandro Dudic, qui avertit Malula (52e, jeu dur), Silva (112e, jeu dur), Kryeziu (115e, jeu dur). Expulsion de Malula (118e, deuxième avertissement).

Tim Guillemin