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Yverdonnoises championnes
Laura Balea, Hendrin Adil et Annick Marmy (de g. à dr.), trois des quatre Yverdonnois titrés avec les Redzones.

Yverdonnoises championnes

19 mai 2016 | Edition N°1745

Rugby – LNF – Fruit de l’entente entre les filles du RC Yverdon et celles de Berne, les Redzones ont remporté le premier titre de leur histoire, sous la férule du coach Hendrin Adil, et avec la participation de trois joueuses du club nord-vaudois.

Laura Balea, Hendrin Adil et Annick Marmy (de g. à dr.), trois des quatre Yverdonnois titrés avec les Redzones. © Michel Duperrex

Laura Balea, Hendrin Adil et Annick Marmy (de g. à dr.), trois des quatre Yverdonnois titrés avec les Redzones.

Emmenées par leur vice-capitaine Laura Balea, Annick Marmy et Célia Graf -toutes du RC Yverdon-ont participé activement à la quête du premier titre des Redzones, sous l’oeil bienveillant mais affûté de l’entraîneur Hendrin Adil. C’est sous son aile que le regroupement entre le club yverdonnois et Berne a pris son envol, il y a trois saisons. «Dans ma carrière de joueur (réd: qui a pris fin dès l’âge de 21 ans en raison d’un problème physique), j’ai toujours été entraîné par des coaches compétiteurs, et je prenais du plaisir surtout en compétition. Dès le début avec les Redzones, mon objectif était de remporter le titre, mais il fallait réaliser le travail nécessaire pour y arriver. La vraie question était: quand?», assure le coach.

«L’objectif, en début de saison, c’était le titre. C’était clair pour tout le monde… Peut-être un peu plus pour l’entraîneur que pour nous. Il y croyait sans doute un peu plus que nous, même si on se rendait compte qu’on était en évolution constante ces dernières années. Sur les trois derniers exercices, on avait trois objectifs: premièrement apprendre à évoluer ensemble et développer la cohésion; deuxièmement stabiliser l’effectif; et troisièmement progresser collectivement et également individuellement», rappelle Laura Balea.

Tous ces objectifs ont été atteints. Les Redzones ont, chaque année, grappillé un rang. Troisièmes en 2013- 2014, elles ont été vice-championnes de Suisse l’an dernier, avant de glâner leur premier titre ce printemps. Un aboutissement pour l’entente berno-yverdonnoise, mais aussi, on l’espère, le début d’une ère nouvelle pour le rugby féminin suisse, puisque Lucerne avait remporté les quatre derniers championnats et que, depuis 2006, année du sacre des Amazones Neuchâtel-Yverdon, la formation de Suisse centrale et son homologue zurichoise se sont partagé les honneurs.

Le déclic neuchâtelois

Le déclic de ce revirement s’est sans doute produit l’an dernier, à Neuchâtel (réd: voir ci-dessous). «On avait alors perdu de trois points contre Lucerne, au terme d’un match acharné qui aurait pu basculer à notre avantage. Rageante, cette défaite nous avait toutefois permis de nous rendre compte que nous avions comblé l’écart qui nous séparait, alors, des meilleures.»

Lancée, la machine n’allait dès lors plus s’arrêter. «On a remporté les cinq matches suivants contre nos rivales de Lucerne et de Zurich, les deux autres équipes prétendantes au titre», se réjouit la capitaine. Pourtant, rien n’a été donné aux Redzones. «D’autant plus que la différence de gabarit ne nous avantage pas, par rapport aux rivales alémaniques. On est une équipe de hobbits, rigole Annick Marmy. Mais en rugby à quinze, on peut compenser ce déficit par la technique.»

Un gain qui s’obtient au prix de la sueur, du travail et de l’abnégation. Et quelle félicité de voir tant d’efforts justement récompensés: «Avec ce système d’entente, les filles doivent consentir beaucoup de sacrifices. Elles ont, notamment, de nombreux kilomètres à avaler pour s’entraîner et pour jouer», pose Hendrin Adil. «On doit donner beaucoup de temps et d’engagement. Il faut s’organiser pour l’amour du sport», explique le pilier Laura Balea.

Admiratif devant l’abnégation de ses protégées, Hendrin Adil ne tarit pas d’éloges à leur sujet. «Les filles ont plus tendance à se faire mal pour l’équipe que les messieurs. Si une joueuse est touchée, elle va plus facilement serrer les dents et s’accrocher par solidarité pour ses coéquipières, si la situation l’exige.»

Car les vertus et la mentalité du rugby ne sont pas de vagues préceptes pour les dames de l’Ovalie. Venue au rugby par opportunisme -«J’ai emmenagé dans la région en 2012 et je cherchais à pratiquer un sport collectif afin de connaître du monde. J’aimais bien regarder le rugby et c’est tout naturellement que j’ai commencé à pratiquer ce sport»-, Laura Balea n’a fait que consolider des valeurs qu’elle pratiquait déjà avant d’enfiler short, maillot et crampons: «Les émotions, le bonheur, le partage, le courage, le respect, je pense que je les avais déjà avant de venir au rugby, mais je les ai certainement développés.» Un sentiment partagé par Annick Marmy, ancienne footballeuse venue au rugby grâce à un ami qui pratiquait ce sport: «Honnêtement, je n’y connaissais rien. Je ne savais même pas que le rugby et le football américain étaient deux sports différents. Le rugby n’a pas révolutionné ma manière d’être, mais il m’a sans doute permis d’acquérir plus de confiance en moi, de me surpasser en certaines circonstances», estime celle qui évolue le plus souvent au poste de talonneur.

Redzones, mode d’emploi

L’équipe des Redzones est le fruit d’une entente entre les équipes de Berne et d’Yverdon. Faute d’un vivier de joueuses exponentiel, les formations suisses sont toutes le fruit d’une entente. Seul club à ne pas fonctionner officiellement ainsi, Lucerne n’en est pas moins renforcé par des Bâloises. Yverdon était précédemment lié à Neuchâtel, sous l’appellation Amazones. Il y a trois ans, les Amazones se sont approchées de Berne. Faute d’effectif, Neuchâtel s’est retiré de l’entente à la fin de la saison dernière. Coach-assistant à Neuchâtel chez les messieurs, Hendrin Adil a saisi l’opportunité d’entraîner les Amazones, lorsque celle-ci s’est présentée. Puis, lors de la fusion avec Berne et la création des Redzones, le coach de la capitale, qui souhaitait se retirer depuis un moment, a cédé sa place à Hendrin Adil. Les Redzones s’entraînent deux fois par semaine. Une séance sur quatre a lieu à Yverdon, les trois autres en terre bernoise. Sur les quatre matches à domicile, Yverdon en accueille un par saison. Ce samedi 21 mai à 15h, le terrain des Vuagères sera le théâtre de la rencontre de LNF entre les Redzones et l’entente Mermigans. Les championnes de Suisse recevront leur trophée à cette occasion.

Marc Fragnière