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Accusés d’abus sur leurs huit enfants
Pour juger de cette sombre affaire, le Tribunal criminel de la Broye et du Nord vaudois s’est déplacé à Renens. © Duperrex-a

Accusés d’abus sur leurs huit enfants

14 mars 2018
Edition N°2204

Un couple, qui a vécu à Yverdon-les-Bains, est jugé depuis hier. L’homme est accusé d’actes sexuels sur leur progéniture. Sa femme a couvert ses agissements.

«Je nie tout» a déclaré hier le père d’une famille de huit enfants, âgé de 41 ans, devant le Tribunal criminel de la Broye et du Nord vaudois, qui siége pour l’occasion à Renens. Chemise rouge à carreaux noirs, cheveux longs et barbe touffue, l’homme est prévenu d’une dizaine de chefs d’accusation, dont des actes d’ordre sexuel avec ses enfants, de viol, de pornographie, de violation du devoir d’assistance ou d’éducation, d’inceste et de complicité d’inceste. Il est actuellement incarcéré à la prison de la Croisée à Orbe.

Mais dans cette affaire sordide, il n’est pas seul. Sa femme, âgée de 42 ans, se présentait également devant la justice. On lui reproche de s’être rendue complice des agissements de son mari à l’encontre de leurs propres enfants, et ceci pendant de nombreuses années. Elle aurait toutefois également été victime d’actes de violence de la part de son époux, qui l’aurait contrainte à des relations sexuelles.

A l’ouverture de l’audience, hier matin à 9h15, il a fallu près d’une heure au président du tribunal, Donovan Tésaury, pour décider si les débats seraient menés à huis clos ou pas. Un huis clos partiel a finalement été imposé afin d’éviter à deux des enfants, désormais majeurs, d’être confrontés à leurs parents (lire encadré).

Mais l’aînée de la fratrie, une jeune femme enceinte aujourd’hui âgée de 22 ans, a tenu à faire face à son père et à sa mère lors de la seconde partie de l’audience, en début d’après-midi. «Je ressens le besoin de les confronter à ce qu’ils m’ont fait», a-t-elle affirmé, en pleurs. Sa démarche avait aussi pour but de «protéger» ses frères et sœurs.

Agressions nocturnes

«Mes souvenirs remontent à l’époque où on habitait à Yverdon-les-Bains, a raconté la jeune femme, qui avait entre 5 et 8 ans lorsque ses parents ont déménagé dans la Cité thermale. Au début, ça a commencé par des attouchements. Avant que j’aie mes règles, il a tenté de me pénétrer, mais il ne l’a pas fait jusqu’à mes 13 ans.» L’aînée de la famille a par ailleurs souligné que ces épisodes s’étaient déroulés dans sa propre chambre, la nuit. «Il est arrivé que ça se passe ailleurs dans la maison, surtout en l’absence de ma mère.» Vers l’âge de 14 ou de 15 ans, alors qu’elle craignait d’être enceinte, son père lui aurait molesté le bas du ventre avec ses poings, à plusieurs reprises.

L’accusé, qui n’a pas encore été entendu par les juges, conteste les faits que sa fille aînée lui reproche. Lors de son audition, il a déclaré qu’il s’agissait «d’affabulations» car, selon les propos rapportés par le procureur chargé de l’affaire, Christian Maire, la jeune femme aurait recouru «au chantage pour ne pas quitter le domicile familial». Les deux prévenus de cette sombre histoire familiale seront entendus demain.