Le Conseil d’État vaudois a annoncé mercredi la réouverture des cafés et restaurants pour le 10 décembre. Les premières réactions sont mitigées.
Philippe Leuba aime bien que l’on remercie le Conseil d’État pour l’aide qu’il apporte en ces temps de crise, et il risque fort de ne pas être tout à fait content en apprenant que les cafetiers et restaurateurs ne sont pas tous enthousiastes à l’heure de commenter les nouvelles fraîches. Eux qui réclamaient des aides, ainsi qu’une information claire quant à la date de la réouverture de leurs établissements, ont appris hier qu’ils pourraient denouveau accueillir des clients dès le 10 décembre, au lieu du 1er, comme initialement prévu. Vu qu’ils craignaient d’avoir à rester fermés jusqu’à l’année prochaine, certains se disent soulagés, mais tous ne partagent pas le même avis.
Ilir Fikaj est le patron du Kings Bar et du Restaurant de La Place, à Yverdon. Et c’est peu dire qu’il est remonté depuis quelques semaines. «Mes frais fixes, c’est environ 30 000 à 35 000 francs par mois. Attention, je ne parle pas de manque à gagner, je parle de ce que je dois sortir de ma poche pour le loyer, l’électricité, les charges sociales… Donc si vous me posez la question de la date de réouverture, sans même savoir quelles aides vont arriver, je vous réponds spontanément que j’aurais préféré ouvrir le 1er décembre, comme prévu initialement, que devoir attendre jusqu’au 10. Après, on va faire ce qu’on nous dit de faire, on n’a pas le choix.»
Les quatre patronnes yverdonnoises qui se sont associées pour faire bouger les choses ont elles l’impression d’avoir été entendues ces derniers jours. Estelle Hardier (La Promenade), Isabelle Behnke (Le Double R), Sophie Chatelain (Les Uttins) et Barbara Rao (L’Impro), quatre très dynamiques entrepreneuses, se sont en effet retrouvées à la tête d’un mouvement de grogne qui a été largement suivi.
«Elles ont été admirables, franchement. Elles ont assuré!», souligne Ilir Fikaj, convaincu par le combat de ses quatre collègues.
Barbara Rao souligne elle une certaine incohérence dans le message délivré hier par le Conseil d’État. «D’un côté, on nous dit de rouvrir le 10, très bien. Mais de l’autre, tous les messages vont dans le sens d’inciter les gens à rester à la maison… Et nous n’avons encore reçu aucune aide de la part de l’État, elles ne sont pas encore arrivées. Alors, si on peut rouvrir dès le 10, ça veut dire qu’on ne sera plus aidés? Franchement, on a encore des questions», souligne la patronne de L’Impro.