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Cand-Landi ouvre pour la première fois les portes de sa gravière de Sergey ce week-end
Enguerran Petit et Xavier Prudhomme, de l'entreprise Cand-Landi, à la gravière de Sergey. © Michel Duperrex

Cand-Landi ouvre pour la première fois les portes de sa gravière de Sergey ce week-end

23 septembre 2021

Cand-Landi va ouvrir pour la première fois les portes de sa gravière au public, samedi. Des châteaux bâtis à partir de sable aux tours réduites en gravats, tout finit ou commence en poussière.

Il n’y a pas si longtemps, un bâtiment, certes un brin vieillot, trônait fièrement à Yverdon. Imprégné de riches histoires, l’EMS des 4 Marronniers en a vu défiler des destins. Mais le sien s’est terminé en juin dernier, lorsqu’il a été assailli par des engins de démolition. Malgré les attaques qu’il a subies, tout n’a pas disparu, puisque ses pierres, ses briques, ses tuiles, ses ferrailles, bref tout a été récupéré. «Nous avons pu recycler le bâtiment à 100% », assure Enguerran Petit, sous-directeur matériaux chez Cand-Landi.

Où se cachent donc les vestiges de l’immeuble? A la gravière de Sergey, pour la plupart. Car c’est là, au milieu des champs, que les blocs de béton, notamment, termineront leur course, du moins sous cette forme. Car au-delà d’exploiter des gisements alluvionnaires à Baulmes et à Valeyres-sous-Rances, la gravière de Sergey offre une nouvelle vie aux anciens matériaux. Ce sont toutes ses activités annexes que Cand-Landi effectue au quotidien, mais que le grand public ignore, qui seront présentées lors des portes ouvertes, samedi (lire encadré gris).

Avant de renaître dans un projet immobilier futuriste, les pierres de l’EMS yverdonnois vont d’abord être concassées, nettoyées et triées par taille, de 16 à 45 mm maximum. «Aujourd’hui, 20% du béton produit à Sergey est fabriqué à base de granulats 100% recyclés», se félicite Enguerran Petit.

Après avoir été la première à décrocher un certificat «nature et économie», l’entreprise nord-vaudoise se distingue également par son offre. «On est plutôt petits en termes de volume, mais si on compte en nombre de tas, il y en a peu qui ont autant de produits différents sur un seul site, poursuit-il. Si on peut proposer tout ceci aujourd’hui, c’est parce qu’on a pensé, depuis le début, à intégrer une centrale capable de traiter une large gamme de matériaux.» Les employés travaillent sur tous les fronts: ils exploitent les gisements, traitent les «cailloux» qui en sortent, ainsi que les matières issues des chantiers, et stockent tout cela sur un même emplacement, avant de préparer du béton. «Aujourd’hui, on a les outils pour tout recycler, mais cela a un coût. Le fait de tout réunir sur un seul endroit permet de réduire les frais de transports et d’éviter de perdre de l’énergie», reprend le sous-directeur, avant de montrer une pyramide de briques et de tuiles cassées qui finiront, peut-être, par recouvrir des toits plats à végétaliser en ville.

L’EMS des 4 Marronniers renaîtra de sa démolition et les histoires qui ont imprégné ses murs seront éparpillées à travers la région.

 

«Tout le monde utilise nos produits, sans savoir d’où ils viennent»

 

Si la gravière de Sergey a décidé d’ouvrir ses portes, vendredi, à une classe de Grandson, puis samedi au public, c’est à la demande de l’Association vaudoise des graviers et déchets. L’idée est de permettre aux citoyens de découvrir l’envers du décor. «Tout le monde utilise nos produits, mais on ne sait pas toujours d’où ils viennent. C’est donc l’occasion de montrer notre métier», souligne Xavier Prud’homme, directeur général de Cand-Landi. Cette ouverture ne serait-elle pas une opération de communication pour éviter qu’une autre gravière soit prise d’assaut par des zadistes? «On est conscients que notre métier évolue et on participe aussi à le faire avancer dans le bon sens, en réfléchissant à une façon de travailler plus durable», poursuit-il. «L’objectif n’est pas de vivre caché, mais plutôt que les gens se rendent compte des coulisses des constructions, complète Enguerran Petit. Cette journée portes ouvertes permettra de montrer le chemin que prennnent les matériaux avant et après un chantier.»

 

«Nature et économie»

 

La gravière de Sergey, dont 80% de la surface est désormais à l’état naturel, a été certifiée «nature et économie» en 1999. Elle s’engage donc à préserver la biodiversité et à réduire son impact sur l’environnement. Chaque mois, un biologiste vient examiner le site et donne ses recommandations, par exemple, pour protéger les hirondelles et les batraciens qui vivent sur le site. En plus de cela, l’eau de pluie est utilisée pour laver les pierres. En parallèle, Cand-Landi collabore avec des hautes écoles pour développer de nouveaux outils, et notamment pour la valorisation des terres qui, pour l’instant, sont difficilement recyclables.

Christelle Maillard