Le Grandsonnois Fabrice Sbarro a sorti un ouvrage destiné aux joueurs, dans lequel il analyse les profils du circuit et donne les clés pour optimiser sa tactique. Le fruit de dix ans de points décortiqués.
Du remiseur cramponné deux mètres derrière sa ligne au serveur-volleyeur, en passant par le puncheur, les profils de jeu des joueurs de tennis sont presque aussi nombreux qu’il y a de pratiquants. Fabrice Sbarro a, lui, décidé de les catégoriser. Un travail de dix ans, basé sur l’observation de plus de 160 joueurs professionnels passés dans le top 100 mondial et sur plus de 100 000 points enregistrés et analysés, qui a permis à l’entraîneur grandsonnois d’affiner son étude, d’élaborer sa méthode et, depuis fin mai, de publier son premier ouvrage: Tennis, quel joueur êtes vous?
Un livre, sorte de manuel ou de cartographie des styles de jeu, qui a le mérite, à la fois, de poser le décor, de proposer une partie participative et de donner des solutions. La course au pourcent peut commencer.
Fabrice Sbarro, d’où vous sont venues l’idée et l’envie de baser votre approche du tennis sur les statistiques?
C’est lors d’un tournoi à l’étranger, où je coachais, que j’ai découvert la prise de notes sur les statistiques au tennis. Cela m’a fait cogiter, je me suis intéressé à ce qui existait déjà et, les jours suivants, j’ai commencé à développer ma propre méthode, pensant qu’il y avait moyen d’aller plus en profondeur.
Dans quel but?
D’un coup, je suivais le match de l’intérieur, je pouvais comprendre dans quelle situation un joueur est bon, dans laquelle il l’est moins. Par conséquent, cela m’a permis de mettre des chiffres sur les actions, d’avoir un argument rationnel à donner après un match. De prouver des faits par les chiffres. J’ai alors compris que je voulais axer mon coaching sur les statistiques – quelque chose dont je ne suis pas mordu, mais qui me permet de trouver des tendances, de créer. Les chiffres servent de cadre, la finalité reste la performance. De la prise de données et de leur analyse sont ressortis des styles de jeu, que j’ai catégorisés.
Au départ, vous aviez défini vingt profils différents de joueurs.
Il existait déjà des études du type, mais elles ne me convainquaient pas totalement. J’ai alors développé mes propres profils, sur lesquels j’ai écrit un premier livre. J’ai contacté des éditeurs. Cela a pris du temps pour convaincre. Finalement, en discutant avec Amphora, on m’a fait comprendre qu’il fallait que je réduise le nombre de styles de jeu (ndlr: il en reste sept), ce qui était une excellente idée pour rendre le tout plus accessible. De l’idée à la concrétisation, tout le processus a pris dix ans.
A qui est destiné le contenu de votre travail?
A des compétiteurs de tous niveaux. A quelqu’un qui joue au moins une fois par semaine et qui a envie de travailler sur soi. C’est un livre de développement.
Plusieurs chapitres sont, d’ailleurs, participatifs et requièrent que le lecteur teste son jeu.
Je n’ai même pas réfléchi à en faire un outil participatif en l’écrivant, c’est comme ça qu’il est sorti. Au final, il s’agit d’un livre de coaching, qui va plus loin qu’une simple étude de styles de jeu. Le lecteur doit se demander qu’en retirer pour devenir meilleur.
Quel type d’investissement cela demande-t-il au joueur?
Si quelqu’un veut bien faire les choses, je pense que cela lui prendra au moins trois mois. Je teste d’ailleurs la méthode sur moi-même et mes élèves, et les prévisions concordent à 75%. Certaines options vont convenir, d’autres pas. Chacun doit faire ses expériences pour choisir les éléments à en retirer. Il faut oser. Je pense que le simple fait de prendre conscience de son identité tennistique permet déjà de progresser. Mais une optimisation totale ne se concrétise pas en deux jours, même si les premiers résultats peuvent tomber assez rapidement. Ce livre doit accompagner le joueur dans son sac.
A quels résultats est-il possible de parvenir?
D’une manière générale, on est tous trop bornés à vouloir jouer de la même manière tout le temps. Or, c’est une mauvaise stratégie. Les chiffres le prouvent. Par exemple, la variation au service va permettre de remporter, en moyenne, trois points de plus par match, des points «gratuits». Lorsqu’un duel est serré, cela peut faire la différence. Un joueur optimisé peut gagner d’un à un classement et demi, sans rien changer de sa technique – il reste le même tennisman –, simplement en jouant de façon plus réfléchie par rapport à la surface, aux caractéristiques de l’adversaire et aux siennes. J’ai récemment organisé un stage d’optimisation à Chamblon, les trois quarts des joueurs ont performé ensuite. La limite se situe toutefois à ce classement et demi de mieux. Le tennis demeure un sport de technique. Cela dit, en testant plusieurs styles de jeu pour trouver ce qui nous convient, cela aide également à progresser.
Où peut-on trouver votre livre?
Il est distribué dans les magasins spécialisés des pays francophones, donc la France, la Belgique, le Canada et la Suisse, bien sûr. J’espère en écouler environ 500, un objectif qui me paraît réalisable. Quelques joueurs de pays environnants m’ont déjà envoyé une photo d’eux avec le bouquin. Mais sa sortie est récente et, pour le moment, je ne sais pas combien d’exemplaires ont été vendus.
Développement dans notre édition papier.