Logo

Cent cinquante ans de boîtes à musique

20 mars 2015

Sainte-Croix – La manufacture Reuge fête, cette année, un anniversaire respectable. Leçon d’histoire avec son directeur général.

L’actuel directeur général de la manufacture Reuge, Kurt Kupper, se dit atteint du «virus des boîtes à musique». DR

L’actuel directeur général de la manufacture Reuge, Kurt Kupper, se dit atteint du «virus des boîtes à musique».

Une machine à café associée à une boîte à musique, pour commencer la journée sur des notes mélodieuses. Telle est l’une des découvertes proposées lors du Salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie, qui se déroule jusqu’à jeudi prochain à Bâle. Cette nouveauté, concoctée par l’entreprise sédunoise Gotec et Reuge, est une bonne illustration de la politique d’innovation de la manufacture sainte-crix sous l’impulsion de son directeur général Kurt Kupper. «Il faut s’adapter au marché, les niches existent. Lorsque l’on veut se faire un café, encore endormi le matin, le bruit de la machine peut être dérangeant. Il s’agit de rendre la préparation plus agréable, tout en musique», commente celui qui a été nommé à la tête de la société en 2006, alors que le doute régnait sur l’avenir de Reuge. «Mon premier rendez-vous a été avec le syndic, qui m’a demandé si j’avais prévu un plan social pour les employés», se rappelle Kurt Kupper.

Aujourd’hui, la manufacture se porte mieux. Une preuve supplémentaire que son salut réside, entre autres, dans sa capacité à «trouver des idées hors du commun», pour reprendre les propos de son directeur général.

Des fixations de ski

La machine à café - boîte à musique. DR

La machine à café – boîte à musique.

Avant lui, en 1929, lors du krach de Wall Street, Guido Reuge avait pris l’option de la diversification, avec la création des fixations de ski Kandahar, parvenant à sauver du naufrage l’affaire familiale, née en 1865, sous l’impulsion de son grand-père Charles Reuge. «Il possédait un petit établi à Sainte-Croix. Tout comme l’horlogerie, les boîtes à musique avaient particulièrement la cote dans la région. C’était un peu les iPad de l’époque», commente Kurt Kupper, au sujet de ce dernier. En 1886, Albert, le fils de Charles, ouvre un comptoir de boîtes à musiques.

Jusqu’à 250 employés

Une nouvelle usine, siège actuel de la manufacture, voit le jour en 1930 sous la conduite de Guido, à la tête de Reuge pendant plus de 60 ans. Elle emploiera jusqu’à 250 personnes.

Guido Reuge. DR

Guido Reuge.

Le rachat des sociétés spécialisées dans la création d’oiseaux chanteurs Bontems (1960) et Eschle (1977) renforce un autre domaine de compétence de cette entreprise, également conceptrice de montres de poche.

Guido Reuge décède en 1994. Un groupe d’investisseurs privés avait repris la société familiale en 1988. Il en est toujours le propriétaire à ce jour.

L’histoire de la manufacture sainte-crix va s’enrichir prochainement d’une nouvelle ligne, son déménagement dans la zone industrielle du Platon étant programmé lors de cette année anniversaire.

 

Un cadeau prisé à l’est de chez nous

La composition technique des boîtes à musiques -un cylindre et des goupilles ainsi qu’un clavier avec des lames- n’a pas fondalement évolué au fil du temps. La concurrence des gramophones, tourne-disques, cassettes puis MP3 a, en revanche, conféré une importance grandissante à l’ aspect esthétique. D’une très longue durée et ne nécessitant peu d’entretien, les boîtes à musique sont des cadeaux particulièrement prisés en Russie, au Moyen-Orient et en Asie. «Les gouvernements et les grandes sociétés nous permettent de nous en sortir. Nous venons par exemple de vendre une pièce au président de l’Azerbaïdjan», déclare Kurt Kupper. Il précise que le coeur du business pour ces objets est situé dans une gamme de prix allant de 2000 à 10 000 francs.