«C’est important de soigner les contacts avec les entreprises»
30 octobre 2017Edition N°2112
Les Rasses – Dans le cadre du Forum économique du Balcon du Jura, qui s’est tenu jeudi dernier, le chef de l’Armée, Philippe Rebord, et le patron d’Athletissima, Jacky Delapierre, ont joué le jeu de l’interview.
A l’invitation des organisateurs de l’annuel Forum économique du Balcon du Jura, le chef de l’Armée, Philippe Rebord, et le boss du meeting d’athlétisme de Lausanne, Jacky Delapierre, avaient volontiers fait le déplacement jusqu’au Grand Hôtel des Rasses, jeudi dernier. Les deux conférenciers se sont exprimés devant un parterre de participants attentifs, après s’être prêtés à l’exercice du questions-réponses.
Jacky Delapierre, Philippe Rebord, quelle est l’importance, pour chacun d’entre vous, de venir donner une conférence dans le cadre d’un Forum économique comme celui du Balcon du Jura, ici aux Rasses ?
J. D.: Je fais passablement d’apparitions de ce genre, notamment dans les clubs services. Souvent, j’essaie d’expliquer ce que l’on fait et comment on le fait, histoire de dévoiler un peu l’arrière-boutique d’un événement comme Athletissima. Et ça nous permet de parler de la manifestation dans des régions qui n’y participent pas toujours directement. Finalement, mes interventions donnent aussi une plus grande notoriété à l’événement.
Ph. R.: En tant que chef de l’Armée, il est très important, pour moi, de soigner les contacts avec les entreprises, parce qu’il ne faut pas oublier que, dans une armée de milice, les patrons mettent à disposition leurs collaborateurs. Et si l’on veut que l’obligation de servir et le système d’armée de milice perdurent, on doit travailler main dans la main, et le plus possible, avec le monde professionnel.
Et sinon, à l’Armée, comment cela s’est-il passé pour vous, Jacky Delapierre ?
J. D.: Je me suis arrêté après mon école de recrues. Après, il n’existait pas encore de structure adaptée, et comme j’étais un sportif d’élite, je me suis fait réformer. Ce n’était pas très compatible.
On se souvient qu’à l’époque, Roger Federer avait été réformé pour un problème de dos. Philippe Rebord, comment voyez-vous la place du sport dans l’Armée ?
Ph. R.: C’est un aspect important et le cas de Federer est éclairant. Beaucoup de sportifs d’élite ont subi des blessures sportives majeures. Pour l’assurance militaire, il s’agit de savoir si elle prend le risque d’assurer un sportif d’élite qui a déjà subi une blessure majeure ou pas. Mais depuis 2004, il existe une école de recrues pour les sportifs d’élite, et c’est vraiment ce qui constitue le vivier de la majorité des médailles aux Jeux olympiques et aux championnats du monde, ces six ou sept dernières années.
Depuis plusieurs années, en France ou en Autriche, de nombreux sportifs d’élite sont incorporés pour être soutenus et pour pouvoir profiter de certaines installations. Avez suivi cette tendance ?
Ph. R.: Oui et non. Nous n’avons que six athlètes qui possèdent un contrat de travail comme contractuels. Mais les sportifs d’élite, en Suisse, ont l’avantage de pouvoir effectuer leurs cours de répétition à Macolin. D’autre part, chaque sportif d’élite a également le droit de profiter de cent jours à Macolin, en bénéficiant de la caisse de compensation. Cela permet donc à un sportif blessé de suivre, par exemple, toute sa rééducation et toute sa réhabilitation en physiothérapie à Macolin. De plus, cette période compte comme des jours de service militaire.
Jacky Delapierre, comme patron du grand meeting lausannois Athletissima, comment appréciez vous l’engagement de l’Armée au profit de grandes manifestations sportives en Suisse ?
J. D.: Je trouve qu’il y a de très bonnes synergies. Cela permet de mettre en place des structures qui offrent la possibilité aux meilleurs athlètes du monde de bien se préparer. Si l’événement est d’importance nationale, l’Armée peut prêter main forte. C’est le cas à Athletissima depuis cinq ou six ans ; la protection civile n’arrivant pas tout faire, car l’événement continue de grandir.
Et comment le chef de l’Armée voit-il ces engagements subsidiaires, si importants en termes d’image ? Faut-il les faire perdurer ou pourrait-on les voir disparaître ?
Ph. R.: Je pense que ce serait absurde de les faire disparaître. D’abord, c’est bon pour l’image de l’Armée. Ensuite, l’Armée doit rester au service de la population, et ces grands événements sportifs contribuent aussi au bien-être général et à la qualité de vie de notre population. Et pour être précis, les engagements au profit des événements sportifs ne représentent que 0,5% de la totalité des jours de service annuels. Nous nous trouvons clairement dans une situation où tout le monde est gagnant.