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Double jubilé à l’église catholique de Grandson

26 juin 2014

La Paroisse catholique de Grandson fêtera, dimanche, les 45 ans de son église, conçue par l’architecte yverdonnois Aldo Dolci, et les 65 ans du premier Rectorat Grandson-Concise.

La présidente de la Paroisse Vincenza Ignelzi Mathis et l’architecte Aldo Dolci.

La présidente de la Paroisse Vincenza Ignelzi Mathis et l’architecte Aldo Dolci.

«An de Grâce 1969.» Cette inscription figure au pied du mur près de l’entrée de l’église catholique de Grandson, accrochée dans la pente entre le vieux collège et le château. Afin de marquer les 45 ans de cette construction, et de profiter de la présence de quelques-uns des bâtisseurs, la Paroisse catholique Saint-Jean-Baptiste de Grandson sera en fête dimanche prochain.

Cette commémoration, qui sera suivie de la traditionnelle kermesse, marquera également les 65 ans du premier Rectorat de Grandson-Concise, créé à l’instigation de l’abbé Antoine Vacher.

Deux des maîtres d’œuvre de cette véritable aventure qu’a été la construction de l’église, l’abbé Henri Barby et l’architecte yverdonnois Aldo Dolci, seront de la partie. Ils prendront la parole, avec Bernard Venries, au terme de la messe qui sera présidée par le vicaire épiscopal Marc Donzé, et animée par «La Cécilienne» et l’organiste titulaire Georges Lavignotte.

Un bel engagement

L’architecte yverdonnois Aldo Dolci, auteur du projet, garde un souvenir très précis de ce qui a été une véritable aventure. En effet, avant la construction de ce lieu de culte, les catholiques de la région se retrouvaient dans un appartement de la rue Haute, mis à disposition par une famille de la communauté.

«L’abbé Barby m’a contacté en 1965 ou 1966. Je venais de gagner un concours à Nyon pour la construction du Centre paroissial catholique. Il m’a présenté le terrain et j’ai tout de suite été motivé, même si je voyais le problème qu’allait poser la maison de paroisse située juste au-dessus. Il fallait que la maison et l’église n’entrent pas en lutte», explique Aldo Dolci.

Les membres de la communauté, qui avaient déjà fait un gros effort pour l’acquisition du terrain et de la maison, ont à nouveau été sollicités. «Mes parents étaient ouvriers, ils n’ont pu mettre qu’une petite somme à disposition. D’autres personnes ont fait des dons ou des prêts, qui pour la plupart ont été transformés en dons. Et puis nous avons obtenu des prêts de la Fédération des églises catholiques (FEDEC).

Une fois les deux millions de francs réunis, le chantier a pu démarrer. La construction a pris près de deux ans. Le jour de l’inauguration, les catholiques des quelque 17 communes de la région exprimaient une légitime fierté. Ils pouvaient enfin disposer d’une vraie église.

Le meilleur projet

Aldo Dolci ne cache pas que la proximité du château, mais aussi celle de la villa, lui ont posé des problèmes d’ordre esthétique et technique : «J’avais deux projets. Un plus modeste, et un qui marquait. C’est ce dernier qui a été choisi. J’ai été étonné qu’il ait été accepté tel quel !»

Pour réussir cette œuvre d’art, l’architecte s’est adjoint la collaboration d’Arthur Jobin, Pierre Chevalley (vitraux), Antoine Striberni, et Henri Barbier, «qui a travaillé le bas-relief du baptistère ». L’entreprise Graber a réalisé la splendide charpente en bois.

L’architecte se souvient de l’engagement formidable du personnel de Beati et du chef de chantier, M. Cerutti : «Il y avait une ambiance formidable à laquelle l’abbé Barby a beaucoup contribué. La plupart des ouvriers étaient des saisonniers. Et quand on a décoffré le bas-relief, on avait le coeur qui battait. Il est sorti tel quel et il y a eu des applaudissements.»

Cet édifice fait figure de monument dans la carrière d’Aldo Dolci et c’est avec une fierté paternelle qu’il l’admire chaque fois qu’il passe sur la place du Château. «On peut dire que c’est ma cathédrale», lâche-t-il avec une certaine retenue.


La commémoration de dimanche

Programme de la fête

La fête débutera par une messe solennelle à 10h. Elle sera suivie, à 11h, par les messages de l’abbé Henry Barby, d’Aldo Dolci et de Bernard Venries. Des jeux et des productions de La Croche Coeur suivront l’apéritif et le repas (sur réservation). Dans l’après-midi, le groupe folklorique Orchidée se produira.

La fête prendra fin à 17h par un lâcher de ballons. Une exposition de photos d’hier et d’aujourd’hui, et la projection du CD réalisé par Jacques de Raemy relatant l’histoire du premier rectorat et la construction de l’église figurent au programme.


Bruno Marchand, professeur à l’EPFL

Un ensemble cohérent

Dans un livre consacré à l’architecture du canton de Vaud des années 1920 à 1975, Bruno Marchand, professeur à l’EPFL consacre un chapitre à l’église catholique Saint-Jean-Baptiste de Grandson et à son architecture. Cet expert relève ce qui suit : «L’utilisation systématique du béton pour la construction de l’édifice, du clocher, des escaliers et du mobilier souligne la cohérence de l’ensemble.» Et de poursuivre : «A l’intérieur, le volume pyramidal s’élève avec une prise de lumière principale zénithale offrant une saisissante atmosphère sacrée du lieu. Le plan, constitué de deux triangles accolés, permet une utilisation différenciée de l’espace ouvert, divisible en deux : la nef principale et la chapelle.»

Isidore Raposo