Logo
Du bois dont les détenus se chauffent
Les conseillers d’Etat Pascal Broulis (à g.) et Béatrice Métraux (au centre à dr.), Sylvie Bula, cheffe du Service pénitentiaire (au centre à g.), ainsi que le chef du Service immeubles, patrimoine et logistique Philippe Pont, ont jeté quelques pelletées de plaquettes pour alimenter la nouvelle chaudière. © Michel Duperrex

Du bois dont les détenus se chauffent

7 novembre 2018
Edition N°2369

La nouvelle centrale de chauffage à distance et des infrastructures techniques assainies ont été inaugurées hier aux Etablissements de la plaine de l’Orbe. Tout a été pensé dans une perspective de «développement durable».

Les installations des Etablissements de la plaine de l’Orbe (EPO) sont vétustes. L’ancienne chaufferie affichait trente ans au compteur. Quant au réseau de données numériques, il datait de la «préhistoire». Désormais, tout a été refait à neuf. Il en a coûté 17 millions de francs aux citoyens.

La nouvelle centrale de chauffage à distance et le réseau de distribution d’électricité ont été inaugurés hier. Ce dernier permet dorénavant d’assurer à la fois les puissances requises par les nouvelles exploitations et une alimentation sécurisée et sans coupure. Le réseau d’eau potable a également été complètement assaini. Enfin, une distribution par un réseau de fibre optique permet désormais une plus grande flexibilité d’exploitation et une sûreté accrue dans la distribution des données. Mais il a fallu du temps pour arriver à cette inauguration.

Un projet initié en 2010

Le premier crédit a été voté en janvier 2010 par le Grand Conseil. Un complément est venu s’ajouter en septembre 2012. Alors que cette étude était à bout touchant, des députés se sont souciés de l’impact écologique. Chauffage aux pellets? Oui, dans un premier temps. Mais la matière première provient pour la plupart de l’étranger. Chauffage aux plaquettes? Oui, mais celles-ci doivent être issues de nos forêts. Plaquettes vertes ou plaquettes sèches? En un mot, le projet a été affiné. Calculette en main, la volumétrie des plaquettes, le coût, le rendement, tout a été repensé. Ce sont les plaquettes vertes qui ont été choisies. Deuxième souci: une grande nappe phréatique se trouve sous le site. Les ingénieurs ont ressorti leurs calculatrices pour arriver à réaliser un bâtiment qui ne la mette pas en péril. «Cette centrale est comme un iceberg. Seul le tiers du bâtiment est visible. Le reste est enfoui dans le sous-sol», a imagé le conseiller d’Etat Pascal Broulis.

Exploitation de nos forêts

«Cette installation répond à des besoins accrus et tient compte des extensions prévues», a précisé Philippe Pont, chef du Service immeubles, patrimoine et logistique. En effet, le Grand Conseil a accepté en septembre dernier un crédit d’étude de 12 millions de francs pour réaliser un nouvel établissement pénitentiaire au Grand Marais. Actuellement, 216 détenus sont incarcérés à Orbe. Ils pourraient être 410 à l’horizon 2025.

Ce chauffage à distance est un exemple en matière d’écologie. Il relie l’ensemble des bâtiments tant pénitentiaires, administratifs, qu’agricoles à travers un réseau de trois kilomètres. Il est alimenté par la centrale de chauffe composée de deux chaudières à bois de 500 et de 1500 kW, d’une installation solaire thermique et d’une chaudière au gaz. Celle-ci permet d’assurer la sécurité de production de chaleur en cas de panne d’une installation à bois. Deux chaudières vapeur ont été créées pour les besoins des EPO, tant pour la cuisine, la buanderie que pour l’atelier de fabrication de manches en bois.

Les 5000 à 6000 m3 de plaquettes forestières nécessaires annuellement proviendront d’une dizaine de domaines cantonaux situés dans un rayon de moins de 30 kilomètres. Cette distance implique une faible dépense d’énergie grise, conforme aux recommandations du plan climat que le Conseil d’Etat développe actuellement. Les arbres, des feuillus, seront déchiquetés en plaquettes sur place et transportés par une entreprise de la région.

Comme s’est plu à relever Pascal Broulis, citant Dostoïevski: «On ne peut juger du degré d’une civilisation qu’en visitant ses prisons.»