Les CFF annonçaient lundi à leurs employés que les développements prévus aux Ateliers d’Yverdon-les-Bains ne suivraient pas la voie initialement dessinée. Ce qui laissait présager une mauvaise nouvelle pour le site de la Cité thermale. Aujourd’hui, Alain Barbey, directeur régional de l’entreprise de transport, confirme ce pressentiment dans une interview exclusive.
Alain Barbey, confirmez-vous avoir envoyé une circulaire au personnel des CFF pour faire un point de situation sur vos projets?
Oui, nous avons toujours été très transparents avec notre personnel pour éviter qu’il y ait des rumeurs qui circulent.
A la lecture de cette communication écrite, il apparaît que cela sent le roussi pour les Ateliers CFF d’Yverdon. A-t-on raison de supposer cela?
En fait, c’est globalement une bonne nouvelle parce que ce que l’on a tenu à dire c’est que les CFF ambitionnent vraiment de donner à la Suisse romande et au canton de Vaud les moyens d’entretenir une flotte plus importante et complexe que prévu. Et la halte historique ne permet pas de mettre en place les ambitions que l’on a.
Oui, mais cela veut aussi dire que le site yverdonnois est voué à disparaître ou du moins, à terme, vous allez vider ces halles?
Effectivement, on va arrêter à Yverdon-les-Bains, mais je ne pense pas que le site sera vide, car il est quand même au centre-ville et placé à un endroit stratégique. Il faut qu’on discute encore avec la Ville et le Canton, avec qui on collabore depuis le début, pour la suite. Tant que le projet définitif n’est pas acté, je ne peux pas vous assurer de ce qu’il va se passer avec ces ateliers. On débute seulement les réflexions pour 2028-2030. On va faire des investissements pour maintenir l’activité dans les ateliers actuels, donc tout n’est pas stoppé mais cela ne se fera pas dans le niveau de ce qui était prévu au départ.
Ce changement remet-il en question la création d’un grand atelier dans le Canton de Vaud? En d’autres termes, risque-t-on de voir le projet yverdonnois rapatrié outre-Sarine?
Non, nous souhaitons rester en Suisse romande. La question d’un nouveau site industriel dans le canton de Vaud, pour répondre aux besoins à moyen et long termes de l’entretien des trains CFF (pour une mise en service espérée à l’horizon 2028-2030), est actuellement au stade exploratoire. Aucune décision ne sera prise avant le printemps 2021.
Yverdon tient à maintenir les 650 emplois actuels
Du côté de la Municipalité de la Cité thermale, l’annonce des CFF préoccupe. «L’objectif de la Ville d’Yverdon-les-Bains est évidemment de maintenir les emplois sur le site, voire même pourquoi pas de les développer, assure le syndic Jean-Daniel Carrard. Il y a une volonté ferme chez nous de trouver des solutions qui conviennent aux CFF, qui ont besoin d’espace. Le site d’Yverdon n’est pas assez grand pour ce qu’ils imaginent pour la suite, mais cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’une décision brute, sans possibilité de discuter. On veut, on doit et on va valoriser ce savoir-faire des Ateliers CFF à Yverdon. Il s’agit d’une institution, qui emploie 650 personnes et qui a toute sa place et sa vocation à Yverdon.» L’Exécutif ne perd donc pas espoir de trouver un terrain d’entente avec l’ancienne régie fédérale, bien que la pilule a du mal à passer. «Ils ont décidé d’une orientation différente par rapport à ce qui avait été décidé en 2018, sous une autre direction, et il ne m’appartient pas de discuter de la stratégie des CFF. Par contre, on peut et on doit les aider à trouver les solutions chez nous, avec nous», conclut le syndic.