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La Région (pub top petite)

Elle a porté secours à l’homme noyé

26 juin 2013

Une personne ayant pris part à la tentative de sauvetage du ressortissant africain décédé tragiquement mardi passé à la plage d’Yverdon-les-Bains témoigne de cette expérience traumatisante.

Le drame qui a coûté la vie au ressortissant africain s’est joué mardi dernier au large de la plage.

Le drame survenu en début de semaine dernière à la plage d’Yverdon-les-Bains, et qui a suscité beaucoup d’interrogations, a été vécu de l’intérieur par Sophie, Rebecca et Yvan (prénoms d’emprunt). Ils ont essayé de porter secours au ressortissant Africain en difficulté dans l’eau, au large de la petite place située à l’entrée de la Grande Cariçaie. En vain.

Arrivée au lac avec ses enfants et ses deux soeurs dans le but d’y passer une fin d’après-midi baignade, Sophie était loin d’imaginer qu’elle allait assister à un drame. Alors que Rebecca et Esther (prénoms d’emprunt) s’occupent de ses enfants au bord de l’eau, la jeune femme est assise sur la plage et jette un coup d’oeil alentour. Elle constate que deux Africains sont dans le lac; l’un revient vers la rive, tandis que l’autre se trouve à une certaine distance au large (la police l’estimait à environ cent mètres dans son communiqué).

«Certains témoins ont dit qu’ils jouaient au ballon. C’est possible, mais honnêtement je n’ai pas vu si c’était le cas», précise la mère de famille. Selon d’autres témoignages, le défunt aurait pénétré dans le lac pour éviter un contrôle de police sur la plage.

Des signes de détresse

Après s’être levée pour se joindre à son groupe, Sophie porte une nouvelle fois son regard en direction du ressortissant africain resté dans l’eau. L’attitude de ce dernier l’interpelle: «Il m’a semblé qu’il faisait des signes de détresse. Je l’ai fait remarquer à l’une de mes soeurs», déclare-t-elle.

Plusieurs autres Africains se trouvent non loin de là, sur la plage. Sophie leur demande si l’individu en question est avec eux, ils lui répondent qu’ils ne le connaissent pas.

Elle se précipite alors vers sa soeur et lui demande de venir lui prêter main forte pour secourir l’homme qui, manifestement, est en train de se noyer.

Yvan, un père de famille témoin de la scène, se jette à l’eau avec elles. «J’ai hurlé aux gens de nous aider mais, au final, nous n’étions que trois personnes à agir», s’indigne la narratrice.

Entretemps, le baigneur en détresse a disparu sous l’eau. L’élément masculin du trio de sauvetage le retrouve grâce aux indications de Sophie et plonge pour sortir sa tête de l’élément liquide. «A ce moment-là, j’ai crié aux gens sur la rive d’appeler les secours», déclare Sophie.

Pas de réaction

Commence le retour en direction de la plage, le secouriste nage devant la victime en tentant de maintenir sa tête hors de l’eau alors que ses deux homologues féminines, placées de part et d’autre du corps, le tirent chacune par un bras.

«Pendant ce temps, nous le secouions à intervalles réguliers et lui disions de se réveiller, sans obtenir de réponse», indique l’aînée des deux soeurs. N’ayant pas leur fond, elles arrivent «à bout de forces» à proximité de la plage, où un homme, puis d’autres personnes, prennent le relais.

Esprit d’équipe

A peine sortie de l’eau, plusieurs témoins se mettent à l’oeuvre pour tenter de ranimer la victime. «Quand on a pratiqué le massage cardiaque, et après les insufflations, il a dégluti, c’est pourquoi nous gardions espoir», indique Sophie. Malgré leurs efforts, l’état de santé de l’homme ne semblait pas s’être amélioré lors la venue de deux collaborateurs de la Brigade du lac. Arrivés peu après, les ambulanciers ont à leur tour pratiqué des massages cardiaques, sans davantage de succès.

«Je tiens à relever l’esprit d’équipe qui a prévalu à cette occasion. De nombreuses personnes se sont relayées, mais un corps étranger était coincé dans sa gorge», affirme Sophie. Elle ajoute que certains témoins ont assimilé cet objet à une «boulette de cocaïne».

Plusieurs versions des faits

D’autre part, des membres du groupe d’Africains auraient pris leurs jambes à leur cou à la vue du déploiement des différentes unités d’intervention.

Si l’on se fie à une hypothèse émise par une autre source, le lac, même proche des rives, n’a pas partout une profondeur égale et la victime aurait très bien pu plonger dans un trou.

«Je tiens à remercier la femme d’Yvan d’avoir appelé les secours et ce dernier de nous avoir aidées, ma soeur et moi. Je souhaite que toutes les personnes ayant assisté à ce drame se rétablissent au plus vite», conclut Sophie.