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Étape décisive pour le parc éolien de Bel Coster

30 octobre 2019 | Edition N°2613

Nord vaudois – Porté par Alpiq et les communes de L’Abergement, Ballaigues et Lignerolle, le plan partiel d’affectation du parc éolien a reçu l’aval du Canton. Les opposants fourbissent leurs armes.

Une nouvelle étape vient d’être franchie concernant les projets éoliens sur les crêtes du Jura. Le Canton de Vaud a donné son approbation au plan partiel d’affectation du parc éolien Bel Coster. Il accepte ainsi le changement d’affectation du sol, en vue de l’implantation de neuf éoliennes. Le projet entre dans une nouvelle phase et va se poursuivre avec la préparation des demandes de permis de construire.

Un avis de consultation publique est paru hier dans la Feuille d’avis officiels. Le texte de la décision finale, accompagné du résumé sommaire de l’Office fédéral de l’environnement, du rapport d’impact sur l’environnement et du plan partiel d’affectation et de son règlement peuvent être consultés jusqu’au 28 novembre dans les greffes des communes respectives.

Des opposants très actifs

Jean-Marc Blanc, secrétaire général de Paysage-Libre Vaud s’attendait à une telle décision. «Nous sommes prêts depuis longtemps. Nous allons recourir auprès de la Cour de droit administratif et public (CDAP). Et je peux déjà vous dire que nous sommes déterminés à porter notre cause jusqu’au Tribunal fédéral», relève le militant. à l’heure où la mixité énergétique apparaît indispensable, on peut se demander pourquoi un tel acharnement. «Ce ne sont pas que des raisons paysagères qui nous motivent. Nous sommes formellement opposés à l’éolien car dire que ces éoliennes pourront assurer l’alimentation électrique de 22 000 ménages est une escroquerie intellectuelle», affirme le secrétaire général. Qui explique: «Le courant alimentera le réseau général et sera donc éparpillé. Par ailleurs, cette production n’est pas contrôlable, car elle est intermittente. Sur une année, ces antennes n’assureront que 20% de la puissance installée. Ce qui n’est pas du tout le cas avec l’énergie solaire, par exemple.»

L’esthétique n’est pas tout

Pour l’opposant, «ceux qui prétendent que le climat justifie la pose d’éoliennes font fausse route. D’autres énergies peuvent couvrir les besoins. Il faut se rendre compte que quand ces mâts tournent, ils produisent trop et le courant est revendu à perte. Et quand ils ne tournent pas, nous devons racheter de l’électricité au plein tarif.» Et de conclure: «Si l’esthétique est essentielle, la qualité de vie des gens qui vivent à proximité est tout aussi importante.»

Les syndics des trois villages ne sont pas étonnés par cette prise de position. «Nous nous y attendions», lancent-ils en chœur. Ce dossier, qui a démarré en 2008, a été plébiscité  par les conseillers communaux des trois villages en mars 2018. Ballaigues l’avait accepté par 22 oui, et 8 non, L’Abergement par 22 oui, 2 non et 1 abstention et Lignerolle par 20 oui et 2 non. Monique Salvi, syndique de L’Abergement regrette que «la volonté populaire soit mise à mal». Olivier Petermann, syndic de Lignerolle, estime «qu’une mixité énergétique est indispensable dans les énergies renouvelables». Philosophe, il relève que «malheureusement, on perd du temps. Lorsque le solaire ne fournit pas, par manque de soleil, l’éolien prend généralement le relais.» Et de préciser: «En Valais, les éoliennes produisent plus que ce qui avait été prévu au départ. Les résultats des tests de vent à Bel Coster sont meilleurs que prévu. C’est encourageant.»

Craintes pour les sources

Reste que le village de Jougne, en France voisine, est très remonté à l’idée d’avoir neuf mâts dressés sous ses fenêtres. Mais au-delà de la question esthétique, les Jougnards craignent que les forages nécessaires à la réalisation des socles en béton qui accueilleront les mâts ne perturbent et modifient le parcours de leurs sources d’eau souterraine. Des contacts ont été établis entre l’état de Vaud et le département du Doubs.

Quant au syndic de Ballaigues, Raphaël Darbellay, il pense que «les opposants continueront à recourir tant que les premiers jugements du Tribunal fédéral (TF) ne seront pas tombés». Actuellement, le projet éolien de Sainte-Croix est pendant au TF. «ça avance très doucement et je pense que je ne verrai pas ce parc éolien. Cette énergie suscite un grand débat. Mais lorsque certains groupes d’opposants me disent qu’ils représentent 800 personnes, je leur réponds que la conseillère d’état Jacqueline de Quattro, qui soutient l’éolien, a été élue par plus de 100 000 personnes! Ces oppositions systématiques par de petits groupes est une atteinte à la démocratie, même si je reconnais qu’ils ont le droit de s’opposer. Quant aux discussions avec la France, j’imagine qu’elles sont terminées, puisque le Canton a accepté le plan partiel d’affectation.»

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Dominique Suter