«Fière·x·s, vénère·x·s et pas prête·x·s à se taire»
13 juin 2025 | Texte: Maude BenoitEdition N°3958
La Grève féministe reprend du service. Ce 14 juin, dans toute la Suisse, des actions seront mises en place. Et Yverdon-les-Bains n’est pas en reste.
Le slogan féministe qui fait le titre de cet article devrait résonner cette année encore, car la Grève féministe se tiendra demain, partout en Suisse. Ses objectifs: visibiliser et lutter contre les inégalités et les discriminations dont les femmes sont victimes.
À Yverdon-les-Bains, des actions sont également prévues. Cette année, le traditionnel rallye populaire et intergénérationnel organisé par la Commission consultative Suisses-Immigrés (CCSI), avec le soutien du Service jeunesse et cohésion sociale (JECOS), s’allie à la Grève des femmes. Dans chacun des cinq stands du rallye, une thématique en lien avec les femmes, leur histoire et leurs droits est présentée au moyen de questions et de jeux. Ainsi, sur la place Pestalozzi, on parlera droits des femmes, au parking du Château de cinéma, dans la cour du collège Pestalozzi de célébrités féminines, à la place de l’amitié des femmes et du sport et enfin, à la place du 7-Février, des chemins de femmes.
De plus, la Chorale anarchiste d’Yverdon reprendra des chants féministes au marché, comme un appel à soutenir les revendications des féministes. À ce titre, certaines revendications de la première heure se sont maintenues, alors que d’autres ont émergé au fil du temps.
Le travail comme catalyseur de tension
Cette année, la mobilisation féminine prend place un samedi. N’est-ce pas un non-sens, puisque c’est une journée de congé? Pas tout à fait. De nombreuses professions travaillent ce jour-là et parmi elles, les métiers du care (soins). Dans cette catégorie, on comprend la prise en charge, les soins et une partie des travaux domestiques accomplis pour des tiers, comme des enfants et/ou des adultes qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes, soit à cause d’une incapacité physique ou psychique ou encore car les enfants sont trop jeunes. Ce travail de care peut être rémunéré ou non et est encore majoritairement pris en charge par les femmes. Ainsi, les femmes effectuent près des deux tiers du travail du care non rémunérés selon UNIA, soit 30 heures par semaine en moyenne.
Si les hommes consacrent globalement de plus en plus de temps aux tâches domestiques, leur répartition inégale reste un défi pour les femmes. En résulte souvent la nécessité pour ces femmes de diminuer leur temps de travail rémunéré. Selon l’OFS, les femmes sont trois fois plus nombreuses à travailler à temps partiel que les hommes, ce qui impacte directement leur salaire. Selon les chiffres d’UNIA, l’écart entre le salaire des hommes et celui des femmes est de 17,5%. Un chiffre qui s’explique à 55% par des facteurs liés à la profession, à la branche et l’âge. Les 45% restants sont inexpliqués et reposeraient sur la discrimination liée au sexe. L’inégalité salariale est au cœur des revendications féministes et ce depuis la première édition en 1991.
À noter que le lieu de travail est encore source de harcèlement sexuel pour lequel les féministes demandent la tolérance zéro. S’ajoute encore la demande de développer le système d’accueil de la petite enfance, pour que «les crèches deviennent une évidence au même titre que l’école», comme décrit sur le site officiel de la grève.
Lever la voix contre les salaires bas
Une femme sur cinq est concernée par ce que l’on qualifie de «salaire bas», contre un homme sur dix. Les salaires bas peuvent être caractérisés ainsi: «En 2022, un bas salaire est un salaire brut à plein temps qui est inférieur aux deux tiers de 6170 francs fois 13. Les bas salaires étaient donc des salaires inférieurs à 4113 francs fois 13», selon le rapport sur le salaire des femmes d’UNIA. Des salaires qui ne s’expliquent pas uniquement par le travail à temps partiel, mais par des discriminations structurelles: les professions féminines sont généralement moins bien rémunérées. Ces professions dites féminines sont d’ailleurs souvent celles liées au care, on y revient. La Grève féministe réclame donc de lutter contre les discriminations salariales et d’augmenter les bas salaires.
Différentes luttes
Depuis quelques années, la notion de «convergence des luttes» visant à réunir dans un même mouvement social des luttes différentes s’est fait une place dans les discours féministes. Le racisme, l’homophobie et la transphobie sont également dénoncés. Il s’agit aussi de visibiliser les féminicides: les meurtres de femmes en raison de leur genre, et souvent dans le contexte de violences conjugales, font partie des doléances de la manifestation. Rappelons qu’en Suisse, une femme est assassinée toutes les deux semaines, selon l’OFS.
Cette année, la Grève féministe véhiculera également un message d’alerte envers la montée d’idéaux politiques dans le monde qui font reculer les avancées sociales que les féministes pensaient acquises, comme le droit à l’avortement ou les programmes de diversité, d’égalité et d’inclusion dans les entreprises aux états-Unis. Notons encore que le conflit entre Israël et Gaza, avec une dominance pro-palestinienne, colorera la journée de manifestation.
Infos pratiques
Rallye populaire et intergénérationnel: samedi 14 juin, de 10h à 14h. Gratuit, inscription à la place Pestalozzi.
Chorale anarchiste d’Yverdon: samedi 14 juin, dès 10h, au marché.
Les actions de la Grève féministe en Suisse: www.14juin.ch