Yverdon-les-Bains – Un institut de la HEIG-VD travaille avec la start-up suisse Else pour connecter les objets depuis l’espace.
«Le spatial se démocratise de plus en plus», s’enthousiasme Pascal Coeudevez, responsable en développement de projet à l’Institut des technologies de l’information et de la communication (IICT) de la HEIG-VD.
Issu de l’industrie des semi-conducteurs, ce spécialiste et son équipe sont investis dans divers projets. Actuellement, le laboratoire planche, aux côtés de la start-up suisse Else, basée à Ecublens, sur la gestion Internet des objets via l’espace dans le cadre d’un projet dit CTI d’un montant de 1,3 millions de francs (lire encadré).
Hi-tech et low cost
«Grâce au lancement d’une centaine de nanosatellites à orbite basse, soit une altitude d’environ 600 kilomètres, il s’agira de relier des terminaux de communication posés sur une infinité d’objets terrestres isolés du réseau et d’offrir, à chaque passage d’un satellite au dessus d’une station au sol, une liaison pour collecter des données sécurisées. L’idée c’est d’arriver à proposer une liaison spatiale à moins de un dollar», résume Pascal Coeudevez.
Et à qui pourrait bénéficier cette singulière combinaison de la hi-tech et du low-cost ? «Vous pouvez par exemple recueillir des données fournies par des capteurs posés sur la banquise pour mesurer des mouvements. Savoir si des véhicules, des engins de chantier, des machines agricoles sont en action dans des endroits retirés», poursuit-il.
Il ne s’agit pas de collecte de big data, mais plutôt du transferts de petites données relatives à de multiples sources, de la géolocalisation d’un container embarqué à un animal en observation… Les possibilités semblent infinies. Mais, pour que les plans tirés hier sur l’espace deviennent demain des réalités, il faut aujourd’hui mobiliser de substantielles doses d’ingéniosité et de matière grise. En bref, de la compétence.
Lancement en 2018
Grâce au savoir-faire, à l’expérience et au réseau de l’IICT, l’entreprise peut ainsi faire vérifier et tester la fiabilité des composants qui seront soumis aux rayonnements ionisants de l’espace. Ces spécialistes des communications bi-directionnelles à très haute vitesse travaillent également sur les terminaux terrestres qui seront posés sur les objets.
Et pendant qu’à Yverdon-les-Bains, ingénieurs et chercheurs développent des solutions adaptées au cahier des charges de l’entreprise, cette dernière peut se consacrer à d’autres aspects du projet tels, par exemple, la mise au point des nanosatellites (énergie, communication, autonomie, gestion opérationnelle…). Avec en toile de fond des délais à tenir, car «Else a déjà réservé un lancement pour 2018 auprès de la société américaine SpaceX», poursuit Pascal Coeudevez, (lire aussi ci-dessous). Par ailleurs, l’IICT participe aussi à un autre projet piloté par l’Agence spatiale européenne (ESA). Baptisé «ARTES 5», il est relatif à des recherche technologiques en lien avec les satellites commerciaux. L’axe de travail privilégié est ici relatif à la miniaturisation de certains composants.
Ainsi, même devant leurs ordinateurs ou penchés sur des composants électroniques, ils sont plusieurs, à Yverdon-les-Bains, à vivre aussi la tête dans les étoiles.
Voir http://www.heig-vd.ch/rad/iict et www.else.io
Projets CTI
Au niveau fédéral, la Commission pour la technologie et l’innovation (CTI) finance des projets d’entreprise en vue de développer un produit ou une technologie via le réseau des Hautes écoles spécialisées (HES) ou des Ecoles polytechniques fédérales (EPF). L’enveloppe attribuée est mise à disposition de la partie académique, tandis que le partenaire industriel s’engage à apporter 10% du financement et à consacrer des heures de travail pour témoigner de son implication. Ces projets s’étalent sur une période de 18 à 24 mois.
Un institut qui occupe une place à part au sein de la HEIG-VD
Une seule priorité, l’innovation
Installé à Y-Parc et dirigé par le professeur Jürgen Ehrensberger, l’Institut des technologies de l’information et de la communication (IICT) de la HEIG-VD occupe une place à part au sein de l’institution. Il est le plus grand institut de recherche de la HEIG-VD et couvre tous les domaines en informatique et télécommunications, en particulier l’ingénierie logicielle, l’analyse intelligente de données, la sécurité, les réseaux de communication, ainsi que les systèmes de communication avancés. Il a pour principale mission d’aider les entreprises (start-up ou PME) suisses, mais parfois internationales, dans leurs démarches d’innovation. «Le but, c’est de préserver la compétitivité de nos entreprises en leur apportant un ensemble de compétences grâce à notre réseau», note Pascal Coeudevez, responsable des projets de développement. «On a touché au médical, à l’horlogerie, au secteur agricole aussi. Et c’est vraiment enthousiasmant d’être ainsi au service d’entreprises locales et de les accompagner dans leurs projets», se réjouit-il encore. Par son intermédiaire, outre une solution technologique, il est possible d’arriver à l’élaboration du produit quasi-final fort d’un design qui peut aboutir «à un objet quasi prêt à entrer en phase d’industrialisation», conclut-il.