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Il pédale à la recherche du bonheur

23 janvier 2019 | Edition N°2420

Vallorbe –  Guillaume Berney se livre sur son périple à travers le continent asiatique, en quête de découvertes.

Sa carrière semi-professionnelle de saut à ski derrière lui et son certificat d’ingénieur en poche, Guillaume Berney, 26 ans, cherchait un nouveau défi à relever et un moyen de ne pas rester derrière un écran. «J’avais besoin de sortir du moule, de découvrir le monde et d’autres façons de penser et de vivre, ainsi que de trouver quelles étaient mes valeurs et ce que je voulais faire de mon existence», explique le Vallorbier, qui a décidé de tout plaquer en été 2017 et d’entreprendre un voyage à vélo pour rejoindre l’Asie.

Une ribambelle de pays

Première escale: l’Inde. «C’est le premier pays que je voulais absolument visiter», confie Guillaume Berney. Après avoir parcouru ces terres durant quatre mois et demi et avalé quelque 7000 km, il n’a pas été déçu du périple et du pays qu’il décrit comme «intense, imprévisible, généreux et épicé, et doté d’une culture ancienne et complexe». Il en a d’ailleurs gardé quelques anecdotes, comme la fois où il a été invité à un mariage, évènement donnant lieu à des festivités surdimensionnées, selon lui: «La soirée bien arrosée s’est terminée au poste de police, où les gendarmes nous ont finalement laissé rentrer en voiture, alors que le chauffeur ne voyait même plus ses mains!»

Guillaume Berney a fait de rencontres qu'il n'est pas près d'oublier, comme ici en Iran. ©Edoardo Bernascone

Guillaume Berney a fait de rencontres qu’il n’est pas près d’oublier, comme ici en Iran. ©Edoardo Bernascone

L’aventurier a ensuite poursuivi son exploration en direction du Népal, où il a passé trois mois, puis  a traversé le Tibet, avant de rejoindre la Chine en train. «L’oppression gouvernementale sur les minorités et leur manque de liberté m’ont choqué. Mais j’ai été surpris par le niveau de développement des infrastructures, l’Occident est déjà dépassé dans bien des domaines», témoigne-t-il.

L’an dernier, le Vallorbier a passé par le Kazakhstan, le Kirghizistan puis l’Ouzbékistan: «C’est un pays aux paysages monotones qui laisse un goût fade après tant de beaux instants auprès de la nature. L’hospitalité des autochtones était si bonne et démesurée qu’elle m’a rebuté. J’ai eu l’impression de faire une overdose de voyage, admet-il. Je me lassais de l’attention que je suscitais sur mon vélo, je voulais juste être libre et passer inaperçu.» Car le mental en prend un coup lors d’un tel périple, avoue le routard. «On vit des moments extrêmement riches en émotions qui fatiguent parfois. Déprimer quelques jours n’est pas rare, mais on se rend très vite à nouveau compte de la chance qu’on a d’être ici et on redevient heureux comme un gamin.»

Après avoir rejoint le Turkménistan, Guillaume Berney a été pris de douleurs à un genou, qui l’ont forcé à s’arrêter en Iran. L’occasion pour lui d’explorer le pays autrement… en transports publics. Il a dernièrement pu réenfourcher son vélo et continuer sa route en direction du désert iranien mais en binôme cette fois-ci, avec une Chinoise et son chien. C’est là qu’ils ont passé la fin de l’année: «L’Iran étant une république islamique, les fêtes chrétiennes n’y sont pas célébrées. En revanche, ils fêtent Yalda, la nuit la plus longue de l’année. Nous nous sommes retrouvés dans une famille d’un petit village pour cette soirée particulière alliant musiques traditionnelles, danses et grands repas.»

Retour au bercail

Fort de toutes ces belles expériences, le jeune homme de 26 ans pense maintenant au retour. Pour cela, il compte passer par l’Irak, la Turquie et les Balkans. Car cette aventure n’est pas éternelle et il le sait: «Rentrer, honnêtement, est un mot qui me donne des frissons.» Ayant des jours de service militaire à faire et un compte en banque à réapprovisionner, le baroudeur sera «de retour au bercail» vers la fin de l’été. «Certes, je me réjouis énormément de revoir mes proches et nos paysages, mais j’appréhende la confrontation entre ma transformation et le fait de reprendre une vie sédentaire.»

 

Guillaume Berney partage son périple sur sa page Facebook «Guillaume à vélo».

Lara Liard