Sans club depuis l’été, l’Yverdonnois Steeve Louissaint maintient sa forme tout seul et profite de développer ses nombreux projets.
L’élite du basketball suisse a repris le chemin des parquets le dernier week-end de septembre. Et, pour la première fois de sa carrière, sans Steeve Louissaint. L’aîné de la fratrie yverdonnoise se retrouve sans club. Vevey n’a pas prolongé le meneur de 30 ans. Loin de vouloir stopper sa carrière, l’ancien joueur de l’équipe de Suisse – il a fait partie des sélections nationales durant treize années, jusqu’en 2017 – se maintient en forme. En attendant son heure.
Steeve Louissaint, comment vous sentez-vous?
Honnêtement, ça fait bizarre de voir les autres reprendre. Ce n’est pas évident, j’ai envie de jouer. Une telle situation ne m’était jamais arrivée. J’ai été surpris, mais cela fait partie du jeu. Heureusement, je suis bien entouré.
Pour quelle raison n’avez-vous pas pu prolonger votre bail aux Riviera Lakers?
J’imaginais, suite aux premières discussions, que cela se ferait. Mais un mois avant la reprise, les dirigeants m’ont annoncé qu’ils voulaient faire avec des joueurs de la région. Moi, je ne m’étais pas trop activé pendant l’été…
L’argument est d’autant plus surprenant que, même si vous êtes un enfant d’Yverdon-les-Bains, vous vivez désormais à Vevey.
Pour la première fois, je n’habite pas dans un appartement fourni par le club. Je me suis installé à Vevey avec ma femme et mes deux enfants. Par conséquent, cela m’embêterait de ne pas trouver un club à distance raisonnable.
A quel point avez-vous toujours envie de jouer au basketball?
Je me vois encore le faire pendant cinq ans. Je continue à m’entraîner, car j’ai toujours la flamme. J’attends une opportunité. Il y aura des blessés, des mauvais résultats. Selon un dicton, mieux vaut être préparé pour une opportunité sans en avoir, qu’en avoir une et ne pas être prêt. Heureusement, la préparation physique, c’est mon domaine, une passion pour laquelle j’ai commencé à me former il y a plusieurs années. J’ai un diplôme de personal trainer et d’autres spécialisations. Je n’ai aucun problème à me retrouver seul et à me pousser à fond, jusqu’à l’épuisement, chaque jour. J’y prends même du plaisir.
On ne va pas tout de suite vous voir porter le maillot d’Yverdon…
Pas encore. Mais un jour, carrément! Je suis sûr que j’y reviendrai une fois. Le mouvement jeunesse est top et le président, très investi, a amené un nouvel élan. Je garde d’ailleurs toujours contact avec le club et je vais passer à quelques entraînements pour les jeunes.
Pensez-vous tout de même à la fin de votre carrière?
Je prépare l’avenir, me rendant bien compte que le basket suisse est un milieu essentiellement semi-professionnel, et que c’est toujours plus difficile. Ce qui n’est pas une critique, mais un constat. Mon épouse me répète que rien n’arrive par hasard. Si j’avais eu un club en ce moment, je n’aurais pas pu partir dix jours dans un club de NBA (ndlr: lire encadré), ni pu développer autant mes projets.
Qu’entendez-vous par-là?
Je m’occupe de la préparation d’athlètes, dont celle estivale de Thabo Sefolosha. Je me charge aussi de monsieur et madame tout-le-monde un peu partout en Suisse romande. Et il n’y a pas que ça: j’ai aussi pour mission d’introduire la plate-forme Isophit (ndlr: appareil pour la musculation et la perte de poids) en Suisse. Cela prend bien. On a installé des machines – avec lesquelles je donne des cours – à Vevey, Lausanne, Genève et Yverdon-les-Bains. Enfin, il y a le concept «gym poussette», pour la remise en forme des mamans et papas avec leurs enfants jusqu’à 3 ans, que je continue à développer dans plusieurs villes, dont Yverdon-les-Bains.
Dans «un autre monde» avec les stars de NBA
Steeve Louissaint a nagé en plein rêve durant dix jours. Courant septembre, il s’est rendu à Salt Lake City, aux Etats-Unis, vivant de l’intérieur la préparation d’Utah Jazz, l’équipe de NBA où évolue le Veveysan Thabo Sefolosha.
C’est lors de la visite estivale en Suisse du responsable de la préparation physique du club yankee que l’Yverdonnois a pu négocier son séjour outre-Atlantique. «Il a trouvé que je faisais du bon travail avec Thabo, sourit Steeve Louissaint, encore dans les nuages. J’ai pu suivre la préparation de l’équipe, découvrir les infrastructures et les méthodes d’entraînement, tout. J’étais comme une éponge. J’ai dû poser un milliard de questions.»
Le Nord-Vaudois a non seulement observé, mais il a également pu participer en fin de stage, faisant lui-même travailler les joueurs du Jazz. «La NBA, c’est un autre monde. L’équipe compte sur cinq physios. Le matin, on te sert un smoothie adapté au type d’effort réalisé. C’est incomparable», lance celui qui a pu échanger avec le nutritionniste, le cuisinier et le préparateur physique du club. Des entrevues dont il a tiré des vidéos, publiées sur sa chaîne Youtube et partagées par Swiss Basketball.