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«Je ne veux pas me mettre de limites»
@ Michel Duvoisin

«Je ne veux pas me mettre de limites»

20 août 2021

Athlétisme Sourire accroché au visage, comme toujours, Mujinga Kambundji a donné l’entraînement à des jeunes de l’USY enchantés, lundi à Grandson. Une parenthèse sympathique entre les Jeux olympiques et les grands meetings internationaux pour la sprinteuse.

 

Mujinga Kambundji, alors, c’est plus fatiguant d’entraîner des jeunes ou de vous entraîner vous-même?

Pour le corps, mon entraînement est clairement plus fatigant, mais pour la tête, c’est plutôt celui avec les jeunes! J’essaie de regarder chaque athlète et d’aider un peu. Je dois être concentrée sur d’autres choses.

 

C’est stressant de se retrouver comme ça devant des gens qu’on ne connaît pas?

Non, c’est quelque chose que j’ai déjà fait plusieurs fois, et c’est toujours très positif. Les enfants se réjouissent de me voir. Ils sont parfois un peu timides au début, mais avec un peu de temps, cela passe et ce sont toujours des moments très sympas.

 

Comment avez-vous commencé l’athlétisme?

Je devais avoir 7 ans. On a reçu des invitations pour un sprint à l’école, et j’ai participé à la compétition. Ensuite, ma grande sœur s’est inscrite au club (ndlr: le ST Berne), et je l’ai suivie.

 

Vous imaginiez à ce moment-là faire carrière, participer à des Jeux olympiques?

Non, pas du tout. J’en faisais juste pour le plaisir de courir. J’ai toujours aimé prendre part à des compétitions, faire du sport. Ensuite, vers 15 ans, quand j’ai vu qu’il y avait des compétitions internationales pour les jeunes, j’ai eu envie de les faire. Tout s’est fait étape par étape, en même temps que mon niveau augmentait.

 

Qui était votre idole?

Surtout Mireille Gigandet-Donders. C’est elle qui détenait le record de Suisse avant moi. C’était vraiment elle ma grande idole quand j’étais jeune.

 

Et aujourd’hui, vous êtes vous-même l’idole de nombreux jeunes athlètes…

C’est quelque chose de vraiment cool, car je me rappelle de quand j’étais jeune, lorsque je regardais mon idole qui courait. C’est aussi un honneur.

 

Pourquoi avoir choisi le sprint?

C’est simplement la discipline que je préférais et, aussi, là où j’étais la plus forte.

 

Qu’est-ce qui fait que la Suisse est, aujourd’hui, devenue une nation de sprint, en tout cas chez les femmes?

Je pense qu’avant, on ne pensait pas qu’on avait le potentiel de faire partie des meilleurs d’Europe, ou même du monde. Il faut faire le chemin une fois, voir que c’est possible. Le relais a aidé, car le niveau général a augmenté, et tout le monde est devenu un peu plus fort. Il y a beaucoup de jeunes qui suivent, il y a du potentiel encore. Après, il faut le faire. C’est souvent une question de dynamique et, en ce moment, elle est très positive.

 

C’est grâce à quoi cette dynamique?

Les bons résultats. Juste voir les bons résultats des autres, voir que c’est possible de faire des médailles. Ça motive tout le monde.

 

Quel est votre message pour les jeunes lorsque vous venez donner un entraînement?

Que le plus important est qu’ils prennent du plaisir, qu’ils aiment ce qu’ils font. Il faut aussi faire les choses comme il faut et qu’ils osent mettre un peu plus d’importance pour le sport.

 

Vous vous imaginez entraîner, plus tard?

Non, je ne pense pas. Je ne me vois pas trop dans ce rôle.

 

Avez-vous des limites?

Je ne veux pas m’en mettre. Je n’ai jamais imaginé être capable d’aller aussi vite (ndlr: son record est en 10’’95), et j’essaie d’aller chaque année encore un peu plus vite.

 

Pour aller récupérer le record national, désormais détenu par Ajla Del Ponte en 10’’90?

Je veux déjà faire mieux que ces 10’’95. Oui, le but est vraiment d’aller plus vite encore.

 

Ça valait bien une véritable médaille en chocolat

Avoir droit à un entraînement de Mujinga Kambundji, c’est le prix remporté par la famille Deriaz et d’autres membres de l’USY, via un concours vidéo organisé pour aider à sauver l’UBS Kids Cup.

Plusieurs jeunes du club yverdonnois et de Valeyres-sous-Rances ont profité des conseils de la championne, lundi soir à Grandson, sur la piste de Borné-Nau. «Lorsque Mujinga montre un exercice, ça prend une autre dimension», lançait, épatée, Emmanuelle Burkhardt, coach de l’USY. Les jeunes athlètes ont adoré, ont eu droit à des dédicaces, tandis que la Bernoise a, elle, notamment reçu une médaille en chocolat – oui, le club a osé! – confectionnée par Grégory Wyss. A déguster avec humour.

 

Un sprint aux Etats-Unis avant Athletissma

A peine revenue de Tokyo, Mujinga Kambundji reprend l’avion. Ce week-end, elle courra à Eugene aux Etats-Unis, avec plusieurs des meilleures mondiales. Et jeudi prochain, Athletissima est au programme, là aussi avec un plateau fou. Elle poursuivra son parcours en Diamond League à Paris, fin août, puis à Bruxelles, début septembre, et à Zurich, toujours en septembre. Elle bouclera sa saison à Bellinzone le 14 septembre. Est-il aisé de se remettre dedans après les JO, n’y a-t-il pas de décompression? «Non, car dans trois ans, il y a les prochains qui arrivent! Alors non, pas du tout, rétorque la sprinteuse, 6e à Tokyo. Et chaque année, il y a des grands championnats au programme.»

Tim Guillemin