Logo
«Je veux m’imposer chez les mecs»
© FOTOCAR13

«Je veux m’imposer chez les mecs»

11 novembre 2021

A peine la saison de F3 Regional bouclée que Léna Bühler prépare déjà la suivante. La pilote de Valeyres-sous- Montagny espère rouler sur plusieurs fronts.

Léna Bühler, vous venez de terminer votre première saison en Formule 3 Regional. Quel bilan tirez-vous de cette année?

C’est mitigé. Je dis ça par rapport à ce que je pensais faire, à mes résultats. Le fait de m’être cassé la main avant le début de saison n’a pas aidé. Je manquais déjà de roulage à la base et, là, j’ai raté toutes les journées d’essais et la première course. Au final, je n’ai pas connu la progression que j’attendais, j’aurais voulu que ça évolue mieux sur le plan des résultats. Dans le même temps, j’ai beaucoup appris, que ce soit du travail avec mon team ou sur la piste. Ma saison est à la fois décevante et enrichissante.

Vous avez au moins réussi à réunir les finances nécessaires pour rouler.

Une partie oui, mais les trois quarts, je les dois à mon papa. On s’y est pris un peu tard, ça m’a beaucoup occupé l’esprit, et ce n’était pas optimal.

Et comment se présente 2022?

Un objectif est de pouvoir intégrer les W Series, un championnat réservé aux femmes. Cela se fait sur sélection et, là, j’attends des nouvelles. J’aimerais également refaire une saison en F3 Regional, avec la même équipe, R-Ace GP. On a fait du bon travail et l’entente est excellente. On a tissé de grands liens d’amitié. Le patron de l’écurie souhaite me conserver dans l’équipe, il veut promouvoir le fait d’avoir une fille dans le groupe, il trouve que c’est une bonne chose. Et puis, il estime que le travail n’a pas été terminé. C’est vraiment cool de sa part de jouer le jeu. Dès la mi-saison, les progrès ont été évidents, même si cela ne s’est pas transcrit dans les résultats. Enfin, je recherche aussi le budget pour disputer le championnat F3 d’Asie – qui comporte cinq courses sur cinq semaines cet hiver, dès la fin janvier –, pour lequel j’ai besoin de trouver environ 250 000 francs. M’aligner en Asie me permettrait de rouler plus, de bien préparer le reste de l’année. De ne pas partir avec trop de retard. Si je peux disputer les trois championnats, c’est le jackpot.

Et à quoi en êtes-vous de vos recherches de moyens?

C’est en cours. Mon manager s’occupe désormais de ça, car ça prend beaucoup de temps. Je vais toujours y travailler aussi quand même, avec mes sponsors. Dans l’idéal, j’espère pouvoir tout financer. Cela va dépendre des prochaines semaines, car le championnat d’Asie va vite arriver, comme les informations concernant la sélection pour les W Series. Au final, ce que je souhaite, c’est que quelqu’un croie en moi et me donne les moyens d’avoir les mêmes chances que les autres.

Pour en revenir à la piste, sur quels points avez-vous souffert cette année?

Physiquement, notamment. Je pense que j’étais prête au moment où je me suis cassé la main. La pause forcée m’a fait perdre pas mal de muscles dans le bras et, sur certaines pistes, je l’ai ressenti au fil des tours. Il m’a manqué un peu de force, de résistance sur la durée de ces courses.

Et en ce qui concerne le pilotage?

Mon manque de roulage a pesé. il m’a manqué de l’expérience et de la confiance, car je n’avais pas assez roulé. J’ai progressé mais, dans le même temps, les autres aussi. Tout était très serré: à Monza, par exemple, on était 36 pilotes en 1’’60 au tour.

Comment va le moral, après avoir passé la saison en queue de peloton?

Ça a été ma saison la plus dure mentalement. J’ai vécu des moments pas faciles, et cela agit sur la confiance, alors que j’avais tout fait pour que ça marche. Tu te poses des questions. Je l’ai rotée, oui! A présent, cela me fait du bien de me dire qu’on a des projets, même si je reste dans l’inconnu en raison du budget. Tout dépendra de cela. En ce moment, par exemple, je n’ai pas les moyens me permettant de réaliser les tests organisés par mon écurie pour la saison prochaine.

Qu’est-ce qui vous pousse à vouloir rouler dans plusieurs championnats?

C’est que j’en veux plus que seulement les W Series, j’ai plus d’ambitions que de ne rouler qu’avec les femmes. J’aime courir avec les mecs, je veux m’imposer chez eux.

Manuel Gremion