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«Je voulais jouer au foot, mais il n’y avait pas d’équipe féminine»

17 octobre 2020

En à peine cinq ans, Louise Truchot est passée de néophyte à espoir de la discipline. Celle qui a fait ses débuts au sein de l’US Yverdon évolue désormais régulièrement au deuxième échelon national avec Zoug II.

Louise Truchot, vous vous êtes exilée en Suisse alémanique l’an dernier alors que vous suiviez un cursus sport-études à Renens et que vous vous entraîniez à Yverdon-les-Bains. Pourquoi avoir choisi de partir à Zoug?

Ma maman a eu une discussion avec le vice-président de l’USY Handball Simon Ubertini et lui a dit que j’avais envie d’aller plus loin, de m’investir au maximum dans le sport. Il a effectué quelques recherches et m’a conseillé de toquer à la porte de Zoug, car l’accent est mis sur la formation, et qu’on y est très bien encadré. Le club met notamment en place des entraînements spécifiques, durant lesquels on travaille la technique individuelle. Il ne s’agit pas juste de jouer.

Vous avez sauté le pas alors que vous n’étiez âgée que de 16 ans. Était-ce une décision difficile à prendre?

Au début, je me suis donné un an pour voir comment ça se passait, donc c’est allé, d’autant plus que je ne me rendais pas compte du niveau qu’il y allait avoir et de ce que cela allait représenter. Je me suis dit que j’étais jeune, qu’il fallait essayer. Mais cet été, je me suis engagée pour quatre années de gymnase à Cham (voir encadré). La décision a été plus compliquée, même si, pour être honnête, je ne réalise pas encore tout à fait ce que cela implique.

Après une saison avec les M18 élite, vous jouez désormais également avec la «deux», en SPL2. On imagine que vos journées sont bien remplies…

Elles sont rythmées, oui. Entre les cours et mes neuf entraînements hebdomadaires, je n’ai pas le temps de faire grand-chose d’autre à côté. Et le week-end, il m’arrive de disputer deux matches à la suite, un avec les M18 élite et un en SPL2. Je n’ai donc pas souvent l’occasion de rentrer à Giez pour voir ma famille. Heureusement, ça se passe très bien avec la famille d’accueil dans laquelle je vis à Zoug.

Vous avez commencé le handball à 12 ans et, cinq ans plus tard, vous évoluez régulièrement au deuxième échelon national. Votre ascension a été particulièrement rapide!

Oui, je joue avec des filles qui ont deux ans de moins que moi et qui font du handball depuis dix ans, alors que ce n’est que ma sixième saison. En plus, j’ai commencé un peu par hasard, en suivant une amie. À la base, je voulais faire du foot, mais il n’y avait pas d’équipe féminine près de chez moi, et je ne voulais pas jouer avec les garçons.

Avez-vous toujours évolué à l’aile?

Non, je jouais arrière à Yverdon. Ce n’est que ma deuxième saison à ce poste, mais je m’y sens mieux. Je n’ai pas un très gros gabarit, et à l’aile, cela dérange moins que je sois petite.

Avez-vous gardé des contacts avec vos anciennes coéquipières?

Certaines sont même venues me voir en match. Elles ont toujours été super chou avec moi, d’autant plus que j’étais la plus jeune quand je jouais avec la «une». Elles m’avaient d’ailleurs bien mis en confiance car, au début, c’était impressionnant. Il y a toujours eu une bonne ambiance, notamment dans le bus lors des longs trajets avant et après les rencontres, où nous mettions de la musique et nous riions beaucoup.

Qu’espérez-vous pour la suite?

Pour l’instant, je suis focalisée sur ces quatre années. Après, si j’ai une possibilité de jouer à haut niveau, ce serait beau. Et encore mieux si cela pouvait être à l’étranger.

 

Des mois de démarches administratives

 

Les qualités sportives et la motivation de Louise Truchot ont bien failli s’avérer insuffisantes pour lui permettre de poursuivre son épopée alémanique. Désireuse de terminer sa formation gymnasiale, la handballeuse a entrepris des démarches intercantonales afin de pouvoir suivre un cursus sport-études à Cham.

«J’ai envoyé ma demande fin 2019, mais je n’ai reçu la réponse qu’en juin. Et celle-ci était négative.» La raison? La commission en charge de son dossier estimait que la Nord-Vaudoise avait la possibilité de terminer sa formation dans son canton.

«Seulement, le sport-études de Renens, où se rendent les handballeurs, n’était pas adapté. Car, d’une part, les trajets entre mon domicile à Giez, le gymnase, et Yverdon-les-Bains où je me serais entraînée, sont longs, et en plus, il n’y a pas d’allègement horaire prévu.»

Louise Truchot a donc fait recours contre la décision. Et elle a fini par obtenir gain de cause, notamment en argumentant que cette saison, elle ne jouerait plus uniquement avec les M18 élite, mais également avec l’équipe de SPL2. «Un niveau auquel je n’aurais pas accès en évoluant avec l’USY Handball. Dès lors, ma demande pour poursuivre mon cursus en Suisse alémanique a été considérée comme justifiée. Mais je n’ai reçu le feu vert qu’une semaine avant la reprise scolaire, c’était stressant. Et honnêtement, je n’en peux plus des démarches administratives.»

La sportive a en outre dû repartir de zéro, puisqu’il s’agit de la première volée sport-études de niveau gymnasial que Cham accueille. Une contrainte qu’elle prend avec philosophie: «C’est compliqué de suivre les cours en allemand, alors ce n’est pas si mal de revoir des choses que j’ai déjà étudiées en français plutôt que de devoir directement comprendre et assimiler de nouvelles connaissances.»

Muriel Ambühl