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L’Office de poste de La Villette est fermé

20 février 2012

Katia Marty a donné un dernier tour de clé à «son» Office de poste, samedi dernier. A partir d’aujourd’hui, les clients sont priés de se rendre à l’épicerie voisine, qui assure le partenariat. La fin d’une époque, qu’ont tenu à saluer les habitants.

Katia Marty a partagé un dernier verre de l’amitité avec «ses» clients de La Villette, samedi en toute fin de matinée.

«Oui, j’ai reçu beaucoup de lettres et de cadeaux. Des caddies entiers! Ca n’a pas arrêté aujourd’hui et depuis le début de la semaine…» Katia Marty était très émue, samedi, à l’heure de fermer une dernière fois la porte de l’Office de poste de La Villette. Depuis quatre ans, elle l’ouvre, tous les matins, et se réjouit de retrouver «ses» clients. «C’est comme un village, ici, même si on est dans un quartier d’une ville. On peut prendre le temps de répondre comme il faut aux clients. Si une personne âgée a besoin d’un renseignement et que je dois l’aider, je le fais, même si quelqu’un attend derrière. Et les réactions sont toujours positives, cela crée une atmosphère sympathique et les plus jeunes acceptent et, mieux, comprennent, que nous nous occupions des plus âgés. Vous savez, un office de poste a une âme.»

L’heure était bel et bien à l’émotion («Oui, forcément, je suis un peu triste, mais c’est la vie…»), durant toute la matinée de samedi, suite à la décision de la Poste suisse de fermer La Villette et d’ouvrir une agence, en partenariat avec l’épicier voisin. Celui-ci pourra assumer certaines tâches, mais pas l’intégralité de ce qu’assumait Katia Marty et ne pourra, c’est une certitude, pas consacrer autant de temps à ses clients que ne le faisait la postière, appréciée de toutes et de tous.

Un homme, puissante barbe blanche et regard droit, est d’ailleurs arrivé en avance samedi matin, plusieurs minutes avant l’ouverture de l’office. Son but? Etre le premier «dernier client» de Katia Marty à La Villette! Toutes et tous ont eu un mot gentil, une lettre ou un cadeau pour «leur» postière. Ils devront changer leurs habitudes, ce qui ne pose peut-être pas trop de problèmes aux jeunes, mais un peu plus aux personnes âgées.

Tout de même un peu de rancoeur

Un habitant s’énerve un peu dans l’Office, peu après midi, à l’heure de partager le dernier verre de l’amitié: «Je suis en colère contre La Poste! La Villette est un quartier qui se développe, au coeur d’une ville qui grandit! Et on ferme l’office! Et quand il y aura mille habitants en plus dans le quartier, dans quelques années, on l’ouvre à nouveau?»

Katia Marty, vingt ans passés au service de la Poste suisse, ne se veut pas critique. Triste, oui, pour les habitants de La Villette et pour elle, qui aimait beaucoup ce quartier, ce petit village, mais de loin pas aigrie ou revendicatrice. Car, pour elle, commence une nouvelle aventure. La postière ne se retrouve en effet pas au chômage: «Les gens de La Poste ont été très élégants, je tiens à le souligner. Plusieurs cadres sont venus me parler et j’ai eu droit à trois possibilités de reconversion. Une grande, une moyenne et une petite.» Katia a choisi la plus petite, celle qui lui convient le mieux, elle qui aime les ambiances de village. Ce sera donc Les Tuileries, où… de nombreux clients de La Villette ont déjà promis qu’ils allaient la suivre! «C’est vrai, sourit-elle, presque gênée. Si tous les gens qui ont promis de me suivre viennent aux Tuileries, je ne serai pas dépaysée!»

Katia fera aux Tuileries ce qu’elle aimait faire à La Villette: prendre le temps de conseiller, de sourire, d’écouter, peut-être, quelques problèmes et d’essayer de les résoudre. Plus que les services de La Poste, ce sont bien le sourire, l’amabilité et la serviabilité, mais aussi le caractère de «leur» postière qui vont manquer aux habitants de La Villette.