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La fin de l’ère Pfister
Yves Pfister. © Michel Duperrex

La fin de l’ère Pfister

3 avril 2021 | Edition N°2926

Handball – Le président de l’USY Handball tirera sa révérence en juin, après quinze ans à la tête d’un club qui vit de magnifiques années. L’entraîneur Désiré Parfait s’en va aussi.

C’est au sommet, ou presque, qu’Yves Pfister a décidé de se retirer. Président depuis quinze ans, il avait repris le club alors que celui-ci était «en déliquescence». Il le quitte alors que l’USY Handball a retrouvé de sacrées couleurs, avec deux équipes en 1re ligue – les dames ont même évolué trois saisons en LNB – et un nombre de membres qui a plus que doublé au cours de l’ère Pfister.

Le président a annoncé la nouvelle à son comité en janvier. L’entraîneur Désiré Parfait lui a emboîté le pas deux mois plus tard, annonçant lui aussi son départ (lire encadré). Yves Pfister avait déjà pensé quitter son poste en 2020. Compte tenu de l’apparition du coronavirus, il a tiré un an de plus. «Je suis fatigué, je n’ai plus la même motivation et les mêmes satisfactions», explique celui qui, en faisant part tôt de sa décision, a ainsi laissé six mois au comité en place pour se retourner.

Ancien joueur du club, Yves Pfister a même porté la casquette d’entraîneur de temps à autres, durant sa présidence, quand il s’agissait de dépanner, par exemple. Il est entré au comité alors que l’USY Hand vivait des heures noires. Il avait été approché avec son camarade Julien Ballif pour redynamiser le club. Tous deux étaient alors en charge du tournoi de beach handball, qui marchait fort avec une centaine d’équipes. «On avait donné notre accord, mais sous certaines conditions, se souvient-il. On avait notamment exigé que les gens s’engagent.»

La première équipe masculine était alors en danger de relégation en 3e ligue. Il avait fallu faire appel à des anciens lors du match décisif pour le maintien en 2e ligue. «Et chez les dames, le défi était de trouver sept joueuses le week-end pour aller au match, ajoute-t-il. Le club comptait officiellement une centaine de membres, mais seulement une cinquantaine aux entraînements.»

Désormais, c’est tout autre chose. Entre 220 et 230 pratiquants évoluent sous les couleurs yverdonnoises. Le budget, qui avoisine les 230 000 francs, a fait fois cinq. Les équipes fanions militent au sommet de la 1re ligue. «Tout n’est pas parfait, comme partout. Mais le programme kids qu’on a mis en place a permis de bien développer le mouvement juniors, le nombre d’équipes a doublé et les résultats sont bons. Au niveau romand, alors que les autres clubs ont eu tendance à régresser, nous progressons», se réjouit Yves Pfister.

«J’espère que ça continuera ainsi, que les suivants feront encore mieux que nous et qu’on sera vite oubliés.»

Il a fait son temps. Il laisse soin à la prochaine génération de prendre les commandes. Il laisse un club où «il y a tout pour bien faire» et qui, dans le même temps, «est devenu gros, ce qui n’est pas toujours facile à gérer».

Le président regrette le départ de Désiré Parfait, avec qui il a apprécié travailler. «Il faut dire qu’il n’a pas été gâté: deux saisons ne se sont pas terminées en raison du Covid.» Mais il ne se mêlera pas de la nomination du successeur de l’entraîneur. «Je me mets en retrait. Il serait difficile de parler à des candidats alors que je ne serai plus là après le mois de juin. L’entraîneur est une personne clé.»

Yves Pfister ne restera pas dans le comité non plus. Il préfère prendre du recul et devenir spectateur. Il ne reste que quatre têtes au comité. Il va falloir que les membres se remobilisent pour le garnir.

À l’heure des adieux, le président partant préfère mettre en avant le club plutôt que lui-même. «Je m’en vais avec la satisfaction de voir d’où on est partis et où on se trouve. Mais il y a eu de nombreux autres artisans. Je pense notamment à Olivier Simon-Vermot et Julien Ballif, souligne Yves Pfister. À présent, j’espère que ça continuera ainsi, que les suivants feront encore mieux que nous et qu’on sera vite oubliés.»

 

Désiré Parfait fait ses valises la larme à l’œil: «Je me suis fait des amis ici»

Désiré Parfait. @Jorge Fernandez

Coach, qu’est-ce qui a motivé votre décision de quitter l’USY?

C’est le résultat de plusieurs facteurs. Premièrement, le Covid. La situation est compliquée depuis une année, et on ne sait pas jusqu’à quand cela va durer. Il y a ensuite le fait que mon épouse, qui vit à Narbonne, n’a pas obtenu les autorisations pour me rejoindre cinq mois à Yverdon, comme c’était le cas par le passé. Finalement, j’étais attaché au président Didier Pfister, qui s’en va. Mais m’en aller n’est pas une décision que j’ai prise de gaieté de cœur ou en sautant de joie, non. Je repars avec la larme à l’œil. Humainement, c’est dur. Mon expérience à Yverdon s’est bien passée.

Avez-vous déjà trouvé de quoi rebondir?

Oui, je vais devenir manager général du club de Cognac, en France, si le Covid le permet. Mais attention, j’ai d’abord donné ma démission ici puis, ensuite, j’ai pris la décision d’aller à Cognac, et pas l’inverse. D’ailleurs, je tiens encore à remercier le club et les dirigeants de l’USY de m’avoir fait confiance durant ces années. Je me suis fait des amis ici, et c’est pour ça que c’est d’autant plus compliqué de partir. Mais c’est la vie, mon métier est comme ça, et j’ai apporté ce que je pouvais.

Quels souvenirs conservez-vous de votre passage à Yverdon?

Que des bons! Et je pense avoir bien fait mon travail. Je souhaite une bonne continuation au club et j’espère me retrouver dans la salle pour soutenir l’équipe le jour où un match pour la promotion en LNB, que ce soit les filles ou les garçons, aura lieu. Je serai en tout cas le premier supporter!

Vous en allez-vous tout de même avec quelques regrets?

Je pense que cette saison aurait pu être bien différente. On avait les équipes, tant chez les dames que les hommes, pour parvenir à monter. Ça, c’est mon regret. Et si je dois faire une critique, elle concerne l’ensemble du handball romand et de ses structures, qui ne permettent pas de développer la discipline comme il faudrait. Il faut plus se battre ensemble. Enfin, si je peux faire passer un message, c’est à la Municipalité, de donner un coup de pouce au club pour la salle Léon-Michaud. Là, c’est une patinoire. Bientôt, c’est le club de hockey qui va pouvoir venir y jouer.

Manuel Gremion