Logo
La flore se révèle au détour du château
Yverdon, 31 août 2018. Plantes sauvages, Christian Clerc. © Michel Duperrex

La flore se révèle au détour du château

27 septembre 2018 | Edition N°2340

Yverdon-les-Bains  –  Le botaniste Christian Clerc répertorie la flore vaudoise dans un atlas, qui sera publié d’ici à 2020.

Agenouillé à proximité du château d’Yverdon-les-Bains, Christian Clerc observe une tige de souchet qui a poussé par hasard sur l’un des vieux murs de la ville. «C’est une plante originaire d’Amérique du Nord, explique-t-il. Une espèce de ce genre possède des tubercules comestibles et c’est une véritable peste pour les maraîchers du coin. Elle a certainement dû s’échapper d’un jardin.» Plus loin, il aperçoit une cymbalaire des murs. Du bout des doigts, il montre les pétales blancs de cette plante vivace que l’on appelle communément «ruine de Rome» et qui tapisse aussi le parapet.

Pas besoin d’aller dans la forêt pour observer la flore vaudoise. Sur les murs du château médiéval de la ville, Christian Clerc a notamment pu identifier la présence d’un if, qui a poussé sur la tour sud-ouest de l’édifice.© Michel Duperrex

Pas besoin d’aller dans la forêt pour observer la flore vaudoise. Sur les murs du château médiéval de la ville, Christian Clerc a notamment pu identifier la présence d’un if, qui a poussé sur la tour sud-ouest de l’édifice.© Michel Duperrex

Fasciné par la flore, l’homme – il travaille pour l’Association de la Grande Cariçaie – fait partie du Cercle vaudois de botanique et répertorie toutes les plantes indigènes du canton dans un atlas qui sera publié d’ici à 2020 (lire encadré). Comme une dizaine de personnes passionnées, il a d’ailleurs sillonné plusieurs sites pour inventorier les plantes de la région: Bullet, Champvent, Démoret, Onnens, Thierrens et Yvonand. «Il existe tout un florilège de plantes dans le Nord vaudois, confie le botaniste yverdonnois. Et il est intéressant de pouvoir les contempler aussi en ville. Toutefois, on ne va pas s’attarder sur les bacs à fleurs et les géraniums disposés çà et là.» A la rue Pestalozzi, le botaniste, qui tient entre ses mains une vieille édition écornée de l’ouvrage Flore de la Suisse, s’arrête soudain vers la tour sud-ouest de l’édifice médiéval. «C’est étrange, un if a poussé entre les pierres, remarque-t-il. Je ne me l’explique pas.»

Sur les ruines du Castrum

Sur les ruines du Castrum, il existerait plus d’une centaine de variétés de plantes, selon le botaniste. Parmi celles-ci, on trouve la gesse à larges feuilles.

Sur les ruines du Castrum, il existerait plus d’une centaine de variétés de plantes, selon le botaniste. Parmi celles-ci, on trouve la gesse à larges feuilles.  © Michel Duperrex

L’Yverdonnois chemine le long du canal oriental et s’approche du petit parc du Castrum, à la rue des Jordils. «Tenez, voici du thym. Ça sent bon.» Il traverse ensuite la rue des Philosophes et surmonte les anciennes fondations de la forteresse tout en admirant l’étendue de fleurs. De la verveine, de l’épervière aux pétales jaunes, du chiendent, du plantain, de la gesse à larges feuilles, de l’achillée millefeuille et des silènes roses parsèment le pré. «A vue d’œil, on compte une centaine de plantes rien que sur cette surface. On pourrait pourtant passer des heures à les répertorier.»

Inventaire remis à jour

Daté de 1882

En 2013, le Cercle vaudois de botanique a décidé d’actualiser le dernier atlas publié en 1882 par Durand et Pittier, deux jeunes botanistes. L’ouvrage présente une bonne image de la flore du canton avant les grands bouleversements qui ont marqué le XXe siècle. Un comité de sept botanistes passionnés a été constitué pour gérer l’ensemble du projet et plus de 150 bénévoles s’attellent à répertorier la flore indigène. «Pour ce faire, nous avons découpé le territoire selon un maillage de surfaces carrées de 25 km2 chacune qui couvrent tout le canton», explique Christian Clerc, membre du comité. Le but de l’organisation est de mettre à jour les connaissances sur la flore vaudoise, d’intéresser les gens à la botanique. «Nous aimerions également réaliser une comparaison entre notre atlas et celui de 1882», poursuit-il. Selon le botaniste, les échanges commerciaux, l’urbanisation du territoire, la transformation des marais en terres arables, entre autres, ont eu une influence sur l’évolution de la flore dans le canton.

 

Valérie Beauverd