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La gestion du centre sportif a mis des communes sur les gradins
© Michel Duperrex

La gestion du centre sportif a mis des communes sur les gradins

29 octobre 2020

Le centre sportif de Grandson qui vient d’être inauguré est géré par toutes les communes de la région. À trois exceptions près, qui ont estimé que les autorités de la Cité d’Othon n’ont pas tout fait comme il faut.

La fête était belle à Grandson, le week-end du 11 au 13 septembre. En présence du conseiller d’état Philippe Leuba, la Cité d’Othon inaugurait le centre sportif à 17 millions de francs de Borné-Nau, sur les hauts du bourg. L’événement célébrait l’arrivée d’une salle multisports attendue de tous les habitants de la région, élèves en tête. C’est d’ailleurs une société anonyme composée à 100% de communes des environs qui gère l’espace. Modèle de bonne entente régionale donc, le complexe sportif de Borné-Nau? Pas tout à fait…

C’est du moins ce qui ressortait ce lundi de la séance du Conseil communal de Montagny-près-Yverdon. En effet, à l’heure actuelle, trois communes qui sont pourtant membres de l’Association scolaire intercommunale de Grandson et environs (ASIGE), ne font pas partie de la SA propriétaire. Et la situation de Montagny est particulière. Si pour Grandevent et Concise (les deux autres communes qui n’ont pas intégré la SA) c’est le Conseil qui a choisi de ne pas rejoindre l’entreprise, pour Montagny-près-Yverdon, la Municipalité n’a même pas présenté le projet aux conseillers. Lundi, elle a expliqué ce choix. «Le projet était précipité, argue Pierre-Alain Lunardi, municipal du village. En novembre de l’année dernière, Grandson nous a dit qu’il fallait entrer dans la SA d’ici janvier, sinon il n’y aurait plus un franc. On a trouvé cette manière de faire pas correcte, d’autant plus que Grandson avait le temps de nous avertir à l’avance puisque les travaux ont été retardés.»

Du côté grandsonnois, la version diffère. «La Municipalité de Montagny n’a pas cherché à nous contacter pour comprendre le projet. La structure nécessaire au financement était déjà en réflexion deux ans avant le début des travaux.»

Autre point de friction, la structure même de la SA. Si la société est privée, ce sont uniquement des collectivités publiques qui sont derrière et qui assument le cautionnement. En gros, si ça s’effondre, ce sont elles qui passent à la caisse. Un «mélange des genres» pour Montagny, un moyen d’emprunter pour Grandson, le plafond d’endettement de l’ASIGE ne permettant pas de financer le projet.

La méthodologie grandsonnoise est aussi une des principales raisons du refus de Concise et de Grandevent. «C’est l’exemple typique d’un projet où l’on a mis la charrue avant les bœufs, image David Ruetschi, syndic de Grandevent. D’abord on a construit, ensuite on a demandé qui participait. Mais en politique, il faut savoir être patient, avancer par petits pas.» Du temps, c’est justement ce dont ne disposait pas Grandson, après avoir perdu plus d’une année à la suite de fouilles archéologiques ayant dû être menées sur le site. «Nous avons lancé les travaux sur la base du montant assuré par Grandson, soit environ cinq millions de francs, détaille François Payot. On a pris un petit risque, mais nous ne voulions pas perdre davantage de temps pour ce projet nécessaire. Et nous avions beaucoup de signaux qui nous disaient que la plupart des communes de l’ASIGE adhéreraient.»

Une problématique que comprend le syndic de Concise: «Nous avons été mis devant le fait accompli, ce qui n’est jamais apprécié et qui explique notre refus, note Patrick Jaggi. Néanmoins, il faut parfois stresser les communes pour faire avancer des projets. Même si Grandson n’a pas tout fait juste, je pense que les villages de la région doivent se montrer solidaires.» Et de conclure: «De toute façon, on paie cette salle via l’ASIGE.»

La solution viendra peut-être du bout du canton. Lors du prochain Conseil communal de Concise, les élus voteront à nouveau sur l’adhésion à la SA. Les trois communes «dissidentes» ont d’ailleurs encore une année pour réclamer une part dans la société. Et Montagny comme Grandevent ne ferment pas la porte à une éventuelle entrée dans la SA, mais «attendent de voir».